Bertrand Nepveu : Un visionnaire québécois derrière le Apple Vision Pro
Apple a récemment dévoilé sa toute nouvelle technologie : Vision Pro, le premier ordinateur spatial d’Apple. Derrière cette technologie « révolutionnaire qui place les contenus numériques dans le monde réel de façon naturelle », se cache le casque Totem, inventé par Vrvana, compagnie fondée par Bertrand Nepveu. Entrevue exclusive.
C’est en 2017 que le géant Apple a acheté pour 40 M$ l’entreprise de quelque 15 employés de Bertrand Nepveu. Celui qui a passé ses week-ends d’enfance dans les Laurentides et qui a été moniteur de ski au Chantecler à Sainte-Adèle est maintenant dans plusieurs médias depuis la sortie du Apple Vision Pro en mai dernier.
Son père, Jean-Pierre Nepveu, a d’ailleurs été maire de l’Estérel pendant 12 ans. Bertrand continue pour sa part de fréquenter les Laurentides, alors qu’il a un chalet à Val-Morin. « J’ai toujours adoré les Laurentides. On passait nos étés là, nos week-ends. On a aussi toujours été de grands skieurs », dit-il.
Après avoir fait un baccalauréat en génie informatique à l’Université de Sherbrooke, il a complété un MBA à l’Université de Montréal. Puis, il a fondé sa compagnie Vrvana en 2005, avec laquelle il a développé un casque de réalité virtuelle et augmentée, Totem.
« J’ai toujours été passionné par les nouvelles technologies. Jeune, je jouais à des jeux vidéos et j’étais un grand fan des films de James Bond ! Les gadgets m’ont toujours fasciné : pouvoir faire des choses extraordinaires avec des devices électroniques », raconte-t-il.
La rencontre avec Apple
Le développement de technologie se faisant surtout en Californie, Bertrand s’y rendait chaque mois à l’époque de Vrvana. « Je savais que si je voulais avoir une chance de réussir, je devais être où il y a de l’action. » Au fil des années, il a rencontré plusieurs personnes chez Apple qui lui disaient de venir les voir lorsqu’il avait de nouvelles avancées avec Vrvana. C’est ainsi qu’Apple les a approchés pour les acheter.
« Ce n’était pas mon plan originel. Mais je voyais que pour pouvoir amener ça où je voulais dans ma tête, Apple serait la meilleure et la seule compagnie qui pourrait le faire. […] Pour moi, c’était la compagnie qui pouvait en faire une expérience incroyable – prendre notre casque et l’amener à un autre niveau avec la culture Apple », rapporte Bertrand.
Ainsi, lui et neuf autres personnes de la compagnie ont déménagé en Californie pour travailler avec Apple et développer cette technologie. Bertrand y est resté pendant trois ans et est revenu pour que son fils continue sa scolarité au Québec. Il a également parti un bureau d’Apple à Montréal.
« Quand tu es une petite compagnie, tu peux prendre une décision en une journée et tu es maitre de ton destin. Alors que dans une grande compagnie, tu as plus de ressources, mais les décisions sont plus longues et réfléchies. Pour l’innovation, je dirais que c’est plus facile dans une petite compagnie, car tu peux faire plein d’essais et d’erreurs rapidement. Dans une plus grosse, on n’aime pas les erreurs ! Mais au bout du compte, ça fait des produits beaucoup plus robustes », soutient-il.
Faire avancer la technologie
Pour Bertrand Nepveu, le montant de la vente n’a pas d’importance. « Je n’ai pas fait ça pour l’argent, mais pour changer le monde. Je croyais que cette technologie allait amener des opportunités incroyables autant dans le système d’éducation qu’au travail. » Ce qu’il voulait avant tout, c’est que son « bébé » atteigne son plein potentiel. « Je savais qu’il était entre bonnes mains et que je pouvais partir en paix ! », indique-t-il. Six ans plus tard, il est bien content de son développement.
Après son expérience avec Apple, il a décidé de se concentrer davantage à aider les « starts-up à Montréal qui avaient besoin d’un peu d’amour », dit-il. « Je trouvais que j’avais plus d’impact en faisant cela. Puis avec mon expérience, je trouvais que c’était une meilleure façon de contribuer à l’économie du Québec, plutôt que de continuer à travailler pour Apple. »
Le monde du 2D transformé
L’entrepreneur voit l’arrivée du Vision Pro comme celle du Macintosh dans les années 1980. Même si le prix est assez élevé à l’heure actuelle (3 500 $US), ce nouveau gadget encouragera les autres développeurs à faire des versions plus accessibles, mais de moins bonne qualité. « Ça va inspirer les gens. Ils vont prendre les meilleures choses du Vision Pro et vont l’intégrer dans leur version moins chère. Tu pourras avoir accès à des technologies similaires, pour un prix beaucoup moindre », indique Bertrand. Il croit que toute l’industrie en bénéficiera.
Est-ce que l’expérience est aussi incroyable que le démontre Apple ? « Je n’ai pas essayé la dernière version, mais toutes les personnes qui ont fait l’expérience à qui j’ai parlé, c’est encore plus impressionnant que dans la vidéo ! » Selon Bertrand, le fait que les gens pourront aller essayer les lunettes en magasin va les convaincre de les acheter.
« Comme toute nouvelle technologie, il faut apprendre à l’utiliser à bon escient. Il y aura une courbe d’apprentissage. »