Éditorial : Prenez le temps de courir

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

Déjà les cimes des arbres jaunissent ou rougissent. Vous ne l’avez peut-être pas vu (ou vous ne voulez pas le voir). Avec le retour à l’école et la fin des vacances estivales, beaucoup ont le réflexe de baisser la tête et de foncer à travers les mille et unes petites tâches du quotidien. Mais si vous levez un peu la tête, vous verrez que les feuilles prennent des teintes éclatantes, et que les sommets de nos montagnes se transforment chaque jour un peu plus en peintures impressionnistes. Par contre, les Couleurs ne durent pas longtemps. C’est donc le temps d’en profiter et d’aller courir… dehors !

Regarder chaque pas

Lorsque je me promène en sentier, j’aime prendre mon temps. Je m’arrête devant un beau rocher, je touche l’écorce d’un arbre, je photographie un champignon mignon, ou je respire l’odeur riche du sous-bois. Souvent, la tête en l’air, je me fais dépasser par des joggeurs. À toute vitesse, ils enjambent les racines et les pierres avec adresse, sans jamais ralentir. Et je me demande comment ils font pour ne pas trébucher et s’arrêter net.

Ma collègue Marie-Catherine m’a expliqué. Le plaisir, pour ces coureurs, c’est justement ce mouvement continu, et surtout l’attention qu’il nécessite. Complètement absorbés par l’activité, ils regardent chaque pas qu’ils font, où ils vont poser leur pied, puis le prochain obstacle à venir. Cette attention soutenue, doublée à l’activité physique, crée un état méditatif, absorbant. Pas de souci, pas de factures à payer ou de rendez-vous qu’on pourrait oublier : n’existent que le prochain pas et le moment présent.

Courir pour son plaisir

Ainsi, ce n’est pas parce qu’on est pressé ou occupé qu’on ne prend pas le temps. Parfois, au contraire, c’est le signe qu’on est au bon endroit, au bon moment. C’est un peu ce qu’explique Philippe Vermette, lorsqu’il raconte sa course de 20 heures et de 101 km dans les montagnes Chic-Chocs en Gaspésie. Comme le rapporte Marie-Catherine dans son article, c’est dans cette épreuve colossale qu’il trouve de la magie et de la beauté, au beau milieu de la nuit et de la forêt.

C’est aussi ce que me disait Danielle Soucy, à propos de l’histoire des Sommets. Les membres des familles Hébert et Dufour ne s’arrêtent jamais parce que, précisément, ils font ce qui les passionnent. C’est le ski qui les anime et les fait vivre. Et Alexandre Archambault, que j’ai rencontré la semaine dernière, me parlait de ses projets avec ce même feu sacré, qui l’occupe jour après jour.

Jouer

Mais pour vivre pleinement, pas besoin d’un grand projet insurmontable, ni d’un défi démesuré. Il suffit de jouer. De sortir dehors et de s’amuser.

Et l’automne est la saison parfaite pour ça. L’air est frais et la brise est douce. La forêt multicolore est le terrain de jeu parfait. La rentrée est aussi une occasion de recommencer, de changer, de se transformer, comme le font les feuilles avec tant d’éclat.

Donc, prenez le temps d’aller courir. Concentrez-vous sur chaque pas, l’un après l’autre, et laissez le reste disparaître. Ou prenez le temps de vous arrêter. Pour effleurer la mousse d’un rocher, cueillir une feuille orange qui vient de tomber devant vous, ou sentir l’odeur de la terre.

Bref, prenez le temps. Il n’y a pas d’autre moment que maintenant. Et dans notre cahier Vivez le Nord, nous vous montrons comment faire. Bonne lecture !

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