L’homme qui a mis Morin-Heights sur la carte ne vit pas dans le passé

Par Jean-Patrice Desjardins

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André Perry est toujours actif dans le milieu de la musique et développe présentement de nouvelles technologies de musique en haute définition. Photo : Courtoisie

 

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André Perry avec Sting, alors membre du groupe The Police, à côté de la fameuse machine à café que les artistes appréciaient beaucoup. Photo : Courtoisie

Laurentides rock’n’roll

C’est probablement un peu prétentieux de dire qu’André Perry a « mis Morin-Heights sur la carte ». Le village, constitué en 1855, a beaucoup d’histoire et possède ses attraits touristiques. Mais inscrire les mots Morin et Heights dans un moteur de recherche Internet vous mènera immanquablement vers Le Studio, bâti par André Perry en 1974. L’institution musicale appartient maintenant au passé, mais demeure le symbole central de la genèse, dans les Laurentides, d’un genre musical appelé rock’n’roll.

Nous avons rencontré André Perry chez lui à Saint-Sauveur. L’homme qui a transporté son studio d’enregistrement de Montréal dans les années 1970 après avoir enregistré quelques grandes chansons (Give Peace a chance de John Lennon) et quelques grands disques (Jaune de Jean-Pierre Ferland) ne vit cependant pas dans le passé. Mais il partage toujours sa vie avec sa conjointe et partenaire en affaires, Yaël Brandeis.
Les murs de son bureau, plutôt une salle d’écoute, sont ornés de quelques disques d’or de l’époque du Studio : Trois albums du groupe Rush, Saturday night fever des Bee Gees, Tonight de David Bowie, Boy in the Box de Corey Hart. « Le Studio, je suis fatigué d’en parler. Je vis dans le futur, je fonce », lance celui qui fêtera bientôt 80 ans!
Deux colonnes de son entourent un ordinateur dans lequel il commande la lecture d’enregistrements, nouveaux et anciens, retravaillés avec la technologie 2XHD, un projet qu’il mène avec son ami ingénieur de son René Laflamme. « Avec la musique pop et le disque compact, on a compressé la musique. Avec cette nouvelle technologie, on fait revivre la musique d’une autre façon. On atteint une cinquième génération dans les niveaux de résolution », explique André Perry. Il y a cette sensation que la musique te rentre au cœur. On ne parle plus de technique. L’analogue est meilleur que le numérique. C’est back to the future! », ajoute-t-il émotivement.
André Perry nous passe un enregistrement de Bill Evans d’une définition désarmante pour l’oreille. On se ferme les yeux et les musiciens semblent se trouver dans la pièce. Puis débute une réactualisation étonnante d’enregistrements de Ginette Reno des années 1970 avec grand orchestre.
Enfin, le morceau qui tue : « Tom Sawyer », chanson d’ouverture de l’album Moving Picture du groupe Rush. Je vous jure, j’ai l’impression d’avoir entendu des notes inédites dans cette pièce pourtant écoutée des milliers de fois.

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Un son Morin-Heights?

André Perry n’est pas convaincu qu’il y a un son typique à Morin-Heights, village des Laurentides. S’il y a installé son studio il y a 40 ans, c’était une « coïncidence », car il y possédait déjà un chalet.
Mais il comprend que Le Studio avait ses attraits. « Cat Stevens y a enregistré trois albums. Il cherchait un environnement où les gens respectaient les artistes. Il se louait une maison et trouvait une certaine tranquillité. Certains, comme Sting, en profitaient pour faire du ski. Avant Le Studio, il n’existait pas dans le show-business un endroit pour enregistrer où les musiciens se sentaient comme chez eux et n’étaient pas dérangés par des groupies. »
C’était l’âge d’or du rock, alors que les compagnies de disque investissaient des centaines de milliers de dollars dans un album. « Nous étions un palier plus haut que les autres studios pour l’équipement sonore, mais surtout pour la façon dont nous recevions les artistes, affirme Perry, qui avait conçu son studio avec de larges vitrines, pour que l’ingénieur de son et les musiciens soient en rapprochement. Le Studio n’était pas associé à un son particulier. J’étais partisan du principe qu’on devait s’adapter aux artistes. Ça leur plaisait beaucoup. On était avant-gardistes. On travaillait pour faire en sorte qu’il y ait une énergie dans cette pièce où quelque chose allait être créé. C’est ce que j’appelle les cinq minutes de magie », affirme Perry.
Le principe même du studio en résidence est tombé en désuétude au tournant du siècle et, après avoir été racheté par l’Équipe Spectra en 1991, Le Studio a été fermé au début des années 2000 et est laissé à l’abandon, faute d’acheteur.
« La musique est toujours là, comme l’œuvre d’un cinéaste. Mais de constater qu’on est connus à l’international, ça me renverse », conclut André Perry.

3 commentaires

  1. Une veille amie des annees 60 qui tient a te filiciter pour ton honneur du Gouverneur General
    ce Vendredi 30 juin 2017.
    so proud of you Andre,
    Bernice Mgnault.

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