Musée Zénon-Alary : Garder le patrimoine vivant
Il y a près d’un an, le musée Zénon-Alary à Sainte-Adèle rouvrait ses portes. Mais son avenir était encore précaire, raconte sa directrice, Christine Comeau. « Il fallait sécuriser le bâtiment. Ça, c’était urgent. Et les finances, ça faisait peur aussi. » Visite d’un lieu patrimonial qui reprend vie.
Mme Comeau m’accueille au musée. Celui-ci présente une nouvelle exposition, L’Arche de Zénon, avec des oeuvres de 16 artistes locaux et invités. À côté, dans la grande salle communautaire, des bénévoles préparent le bazar du samedi. Au deuxième étage, des artistes occupent des ateliers fraîchement rénovés. « Notre autre objectif, c’était de rassembler les gens et que le lieu devienne vivant », explique Mme Comeau.
Réparer
Le bâtiment a été construit autour de 1930, raconte la directrice. Un incendie a mené à sa reconstruction, autour de 1950. C’était d’abord une école de garçons, puis l’hôtel de ville de Mont-Rolland. Mais lorsque Mme Comeau devient directrice, le bâtiment est en vente. En décembre 2021, le toit coule et un dégât d’eau a sinistré des locaux. « J’étais d’accord. Je n’étais pas là pour sauver le bâtiment. »
Mais aucun acheteur ne se manifeste. Mme Comeau évalue donc les options. Avec des levées de fonds et en se concentrant sur le plus urgent, on parvient à réparer une portion du toit et à faire des travaux de plomberie. « C’était toutes des choses nécessaires, si on voulait louer les ateliers. Ç’a été fait en novembre et en décembre. Les nouveaux locataires sont arrivés en décembre et en janvier. »
Créer en communauté
La directrice me montre des photos d’un local sinistré, où des toiles et des seaux recueillaient l’eau. « C’était tout arraché, partout. » Aujourd’hui, c’est un salon de tatouage, partagé par Karine, de Créations Steinblume, et Ann-Gi. Le local est chaleureusement aménagé et décoré, avec un tapis, des cadres, une petite cuisine, une vieille télé meuble, etc. Pour Karine, les standards de propreté étaient aussi très importants, étant donné son travail.
« Karine et Ann-Gi avaient un atelier ensemble, il y a très longtemps », raconte Mme Comeau. « En fait, Ann-Gi m’a appris à tatouer à Saint-Sauveur », indique Karine. « Après on a fait chacune nos choses. Et on est revenues, parce qu’on avait besoin toutes les deux d’un local. Avec celui-ci, ça tombait bien. Et on est vraiment heureuses, avec le paysage et tout. »
Les grandes fenêtres des anciennes salles de classe offrent beaucoup de lumière naturelle, et une vue imprenable sur les montagnes. Chacun des quatre ateliers est partagé par deux artistes. « Tout est loué. Il reste une moitié de local, qui sera disponible pour le 1er juin », se réjouit Mme Comeau.
Partager
La salle communautaire, au premier étage, a aussi repris vie. « On a des cours de yoga et de danse. Il y a une prof de peinture chaque semaine. Un club de Scrabble se rencontre ici. »
Les bénévoles du bazar ont également beaucoup de travail cette semaine. « Je crois que tout le monde fait son ménage du printemps. Donc ça déborde ! », croit Mme Comeau. Chaque samedi, on peut trouver des vêtements, de la vaisselle, des petits électroménagers, des livres, des CD, des DVD, des jouets, etc. « Vraiment, toutes sortes de petits trésors vintages sont là. C’est une activité de financement. »
Depuis l’année dernière, les revenus du bazar ont doublé, voire presque triplé lors de certaines semaines, se réjouit la directrice. « On a commencé à avoir plus de visibilité, avec le bouche-à-oreille et les médias sociaux. Et je pense qu’il y a un effet boule de neige. » Cette source de revenus additionnelle permet aussi de réduire le stress sur les finances de l’organisme.
Tisser des liens
Dans le couloir du deuxième étage, il y a encore un trou dans le plafond. « Il reste encore du travail à faire », admet Mme Comeau. « Tranquillement, on va y arriver. » Mais après un an d’efforts, l’avenir de la fondation Zénon-Alary et de son bâtiment sont beaucoup plus stables et sécurisés.
Surtout, des liens commencent à se tisser à l’intérieur du bâtiment. « Les gens viennent faire un tour au bazar, et voient les portes ouvertes. Ils passent dans le musée et ils découvrent quelque chose. Ils ne s’attendaient pas à trouver des sculptures. Ils sont impressionnés », raconte la directrice.
Selon elle, garder le bâtiment vivant est une excellente manière d’honorer la mémoire de Zénon Alary et de mettre en valeur ses sculptures animalières. « Quand je regardais ses oeuvres, j’ai vu un artiste d’exception, qui allait chercher un souffle de vie dans une matière : le bois. Je voyais dans ses oeuvres son regard plein de tendresse sur le monde, sur la vie. Je me reconnaissais dans ses valeurs : accessible et ouvert à tous. »
Exposition L’Arche de Zénon
Quoi : Des oeuvres de 12 artistes locaux et invités, sur le thème du déluge, de l’eau et des animaux, sont présentées aux côtés des oeuvres du sculpteur Zénon Alary.
Quand : Du mercredi au samedi, de 10 h à 17 h, jusqu’au 15 juillet.
Où : 1425 rue Claude-Grégoire, Sainte-Adèle.