Carpe Diem…Toujours
Décidément, c’est un peu de notre été que nous volent parfois les publicitaires.
Déjà les annonces commencent à tourner en boucle sur la… «rentrée scolaire», c’est un comble! Sacs à dos, matériel informatique, mode automnale, etc… Au mois d’août, pourtant, l’été est à son zénith, non?! Nul besoin de nous rappeler qu’il n’est pas éternel…
Une page de vie: quand j’étais enfant, au pensionnat Saint-Louis-de-Gonzague dans la Vieille Capitale, j’ai été, durant tout mon primaire, ce que l’on appellerait aujourd’hui une «victime d’intimidation», la tête de Turc de toute l’école… Plus jeune que les autres élèves, j’avais en plus deux tares impardonnables: j’étais une «minorité audible» à l’accent français, et le «chouchou» de mes enseignantes. Bref: tout me désignait comme la victime de service.
C’est donc dire si mes étés étaient appréciés, loin de mes tortionnaires! Mes parents, profs universitaires aux longues vacances estivales, avaient fait l’acquisition d’une fermette, quelque part entre Québec et Montréal, où nous avons passé quelques étés, entre deux voyages en Europe. Vous dire si ma sœur et moi avons été heureux sur ces terres! Les semaines et les mois s’écoulaient «sous le soleil exactement», comme dirait l’autre. Nous profitions de chaque instant, sans nous soucier du temps qui passait et nous ramènerait inexorablement aux portes de nos institutions
scolaires beaucoup trop tôt. Nul besoin
de cultiver une quelconque «aptitude au bonheur», nous saisissions l’instant, bien ancrés dans le présent, sans nous projeter au-delà. Puis un jour j’ai compris que l’arrivée des colchiques, ces fleurs du mois d’août qui sonnent le glas de l’été, annonçaient le retour en classe de septembre, et que je devrais bientôt troquer mes champs aimés pour la cour de récré («Colchiques dans les prés / C’est la fin de l’été», comme le dit la chansonnette). Dès ce jour, mes mois d’août furent assombris: je savais que le pire était à venir. Les colchiques étaient comme une publicité d’articles pour la rentrée scolaire balancée sur les ondes-radio en plein mois d’août: ils me sortaient de l’instant, pour me rappeler seulement la suite-des-choses…
Tentons, voulez-vous, de vivre ce mois d’août qui débute avec le regard d’un enfant qui ne connaît pas encore la signification des colchiques mais en admire simplement la beauté, ce regard du moment présent qui n’appréhende pas la suite des choses; laissons-nous dorer au soleil, tout simplement, et notre esprit vagabonder… Donnons sans fin dans ce cliché rassurant: c’est un peu la recette du bonheur. Enfin, puisse cette édition d’eXtra vous y aider: flânez dans nos cafés de villages (avec notre
section Tourisme), profitez de nos festivals (avec notre section Sortir)… et cultivez
votre jardin (avec notre section Vivre).
Le Bonheur est un mois d’août!