KRISTOF BRANDL
Par Thomas Gallenne
Pop, le Cheval? Kristof qui? Brandl! J’ai entendu parler de lui et de son premier court métrage comme on entend parler d’une rumeur, d’une découverte exceptionnelle… Et quand on apprend l’âge de l’auteur, son parcours et son processus de création, on reste tout simplement bluffé par la maturité qui se dégage de l’œuvre, le traitement esthétique, la structure narrative, la trame sonore… Un diamant brut dont le talent n’est pas passé inaperçu. Ça promet!
Kristof, de quelle planète sors-tu?
Je suis né il y a 19 ans à Boisbriand et j’ai passé mon enfance entre Saint-Sauveur et Saint-Jérôme. Après des années de pratique sportive (soccer, hockey, golf), j’ai tout arrêté et du jour au lendemain, j’ai investi dans du matériel photo et vidéo, alors que je n’avais aucun intérêt pour le cinéma.
As-tu une formation particulière en art visuel?
J’ai quitté la maison à 16 ans pour aller étudier au Cégep de Jonquière en cinéma. Après quelque mois, j’avais l’impression de perdre mon temps et j’ai décidé de tout lâcher. Mais comme je n’avais pas l’âge d’aller à l’université, j’ai opté pour une école privée en effets visuels à Montréal. Nous devions faire un court métrage qui contenait un certain nombre d’effets spéciaux. Je pense que cette école cherchait à copier les films hollywoodiens, à coup d’explosions et de fusillades. Au bout de quelques mois, j’ai cessé de suivre le projet d’école sans aviser mes professeurs, pour faire ce que j’aimais vraiment. En fin d’année, je leur ai remis mon film Pop Le Cheval et je fus probablement le seul étudiant à ne pas recevoir son diplôme. Mon film devait manquer de météorites et de rayons laser. (sourire)
Comment conçois-tu tes
courts-métrages?
En tournage, j’aime avoir une idée en tête, une ligne directrice mais rien de précis. Juste des photos qui m’inspirent et que je garde en mémoire. Si c’est trop prévu et que je ne réussis pas à faire les plans que je veux, je serais déçu du projet. En improvisant, j’ai beaucoup plus de surprises et surtout des images que je n’aurais jamais imaginées. J’essaie de travailler avec mes amis qui ne sont pas acteurs. Ils ne se plaignent jamais et c’est toujours de belles journées. Je ne fais aucune répétition: je leur dis ce que je veux et je les laisse aller, en espérant capturer de bonnes images.
Quelles sont tes inspirations?
J’ai beaucoup regardé de clips-vidéos… Je ne pourrais même pas te dire combien j’en écoute par jour. J’aime particulièrement les projets européens, en particulier des pays nordiques.
Quel matériel utilises-tu?
Sur le tournage de Pop Le Cheval, j’ai utilisé une caméra numérique Canon 60D, avec de simples objectifs 35, 50 et 100mm Canon. Maintenant je n’utilise que des caméras cinéma (Red Epic/Scarlet, Sony FS 700, etc.). Je n’utilise presque jamais de micro ni de son pour mes projets. Lorsque je suis sur un projet très créatif, j’adore faire le montage moi-même. J’utilise un simple Mac chez moi. William, mon frère cadet (16 ans), participe à mes projets en créant la musique et les effets sonores.
Tes œuvres t’ont-elles fait connaître de l’industrie?
Mon film a circulé sur internet et il m’a fait rencontrer beaucoup de boîtes à Montréal. En clip, en publicité, etc. Je travaille avec une nouvelle boîte de clips qui sera bientôt lancée: Roméo et Fils. J’ai la chance d’être entouré de très bons réalisateurs ainsi que de producteurs avec qui j’apprends énormément. Côté pub, Yan Giroux (Alt Productions) est un peu comme mon mentor; il est toujours prêt à m’aider. J’ai été invité à quelques festivals, notamment à Tous Écrans de Genève. Pop Le Cheval a également été sélectionné pour être sur le DVD des meilleurs courts-métrages canadiens par Téléfilm Canada.
Parles-moi de ta collaboration avec Adam Cohen?
Adam a vu mon film sur internet et m’a contacté quelques fois de Los Angeles afin d’organiser des tests vidéo à Montréal. Quelques mois plus tard, il m’a engagé pour faire un documentaire de 90 minutes sur ses tournées en Europe et à L.A., des séquences d’enregistrements d’albums, des entrevues, etc. Certaines de ses images seront utilisées pour ses clips.
Quels conseils donnerais-tu à d’autres jeunes qui voudraient faire comme toi?
Je leur dirais d’essayer d’apprendre le plus possible par eux-mêmes, de ne pas attendre que quelqu’un te donne une chance. De faire le plus de projets créatifs possible et par le fait même, de créer tes propres chances. Hey! Les jeunes… arrêtez de dépenser votre argent dans les bars et autres conneries et dépensez-le dans des projets qui vous mèneront plus loin. (sourire)