10$ pour couper 15 arbres matures à Saint-Sauveur
Par nathalie-deraspe
Des citoyens de Saint-Sauveur sont aux abois. On a rasé tous les arbres d’un terrain sans que la municipalité ne lève le petit doigt.
Pire: la Ville n’a exigé que 10$ pour la coupe à blanc.
Les arbres étaient exceptionnels, mûrs. Leur diamètre faisait en moyenne de 15 à 24 pouces. Ce n’était pas de ces petits fouets rabougris qu’on retrouve ici et là autour des nouvelles constructions. Mais voilà. Le propriétaire du terrain en question s’apprête à bâtir. Il faut faire de la place. «Je veux bien, clame un voisin. Mais il n’était pas obligé de tout couper!, s’indigne-t-il. Comment se fait-il que la Ville ne lui ait pas donné de directives? Il a même rasé les arbres qu’il y avait en bordure du chemin. C’est ridicule.»
Le terrain de 100 par 100 est situé sur la rue Lafleur. Plusieurs ont déjà constaté les dégâts. À la municipalité, on soutient que tout est dans les règles. «À regarder la maison qu’il va se construire-là, le propriétaire n’avait pas tellement le choix de tout couper», tente d’expliquer le directeur général de Saint-Sauveur, Jean Beaulieu.
Les anciennes méthodes
priment…
Un nombre grandissant d’arboriculteurs est d’avis qu’il existe de meilleures façons de faire pour éviter de telles situations. Mais l’éducation reste à faire. Les anciennes méthodes priment. On prône l’efficacité et la rapidité, ce qui conduit inévitablement à une réduction de coûts. Mais l’ingénieur forestier Yvan Croteau, président du Réseau québécois des groupes écologistes, soutient que les arbres en milieu urbain peuvent représenter jusqu’à 25% de la valeur totale de la propriété. «La Ville est souveraine sur les gestions des arbres, tient-il à rappeler. Mais c’est surtout du point de vue éthique, que ça passe mal.»
L’opération a coûté quelques fractions de plus que 66 cents de l’arbre. Mais le département d’urbanisme a exigé 150$ pour émettre le permis de construction. N’y aurait-il pas des règles à revoir? «On demande à revégétaliser autour de 20% du terrain une fois les travaux finis, se défend Jean Beaulieu. Le propriétaire devra planter un arbre à chaque 8 mètres de frontage.»
Mais pour le voisinage, la situation demeure révoltante. À deux pas de là, un résidant a dû patienter 6 mois pour avoir la permission de couper un pin qui gênait son entrée de maison.