Accès à Cannes !

Par jacqueline-brodie

Deux films en or

La correspondante d’Accès au Festival de Cannes, Jacqueline Brodie, reprend du service. Au menu au cours des prochaines semaines: toute l’effervescence de cet événement cinématographique planétaire et les meilleurs films critiqués en primeur que vous pourrez voir au cours de l’année sur nos écrans. Ça tourne…

Filmophagie quand tu nous tiens! Du 12 au 23 mai, la mythique Croisette, réparée dans l’urgence après l’assaut violent d’un coup de mer, s’est refait une beauté pour célébrer le 63e anniversaire du Festival. Onze jours douze nuits dans le tourbillon des fêtes et le fla-fla des stars pour les uns. Onze jours dans les salles obscures, ballottés au gré des émotions projetées sur les écrans pour les autres.

Un regret. Aucun film canadien en compétition. Pas même un tout petit court métrage. Qu’est notre ONF devenu, qui traditionnellement nous affichait avec un de ses bijoux d’animation?

Tandis que se poursuit chez nous, entre nos cinéastes et les institutions qui les financent, l’épineux débat sur le cinéma d’auteur versus un cinéma commercial, deux films de deux jeunes créateurs sont notre unique représentation à ce 63e Festival. Merci à leurs auteurs, à ceux qui osent. Au brillant Québécois de 21 ans, Xavier Dolan, dont le second long métrage Les Amours Imaginaires est invité en sélection officielle, section Un Certain Regard, en compagnie de l’icône Jean-Luc Godard et du sublime chantre du cinéma portugais Manoel de Oliveira (102 ans), bravo! Merci au jeune Noah Pink de Halifax, réalisateur de Zed Crew sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs. Au président du Jury de la Cinéfondation et des courts métrages, le Torontois Atom Egoyan, cinéaste-culte, dont le talent a su imposer au monde la vision singulière de son fascinant univers pirandellien, toute notre admiration. Longue vie au cinéma d’auteur!

Convives d’honneur du grand banquet filmophage, dix-huit longs métrages sont en lice pour la Palme d’Or. L’Europe domine le peloton avec 7 films.

Parmi eux, Mike Leigh, le britannique palmé en 1996 pour Secrets And Lies propose Another Year et un trio français est très attendu: le vétéran Bertrand Tavernier (Prix de la mise en scène 1984 pour Un Dimanche à la campagne) avec La Princesse de Montpensier; Xavier Beauvois (Prix du Jury 1996 pour N’Oublie pas que tu vas mourir) qui présente Des Hommes et des Dieux tandis que l’acteur réalisateur Mathieu Almaric entre dans le select club avec Tournée. Sélection prometteuse à laquelle se greffe Hors-la-loi, un hybride signé Rachid Bouchareb présenté par l’Algérie. Résolument politiquement incorrect, le réalisateur français d’origine algérienne, eut on s’en souvient, un impact politique considérable avec son percutant Indigènes, consacré à Cannes 2007 par un prix attribué collectivement à ses cinq acteurs. Suite à Indigènes, Hors la loi, a déjà suscité l’ire de certains élus représentants de la très droite aile politique française. C’est que, dit-on, ce Hors-la-loi invité prend des libertés avec l’Histoire. À voir!

En attendant Woody

L’Asie est au rendez-vous avec cinq films tandis que les États-Unis présentent Fair Game de Doug Liman, novice dans la joute cannoise; le Mexicain Alejandro Gonzales Iñarritu (Babel) revient avec Biutiful. Le Tchad est de la fête avec Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse, de Mahamat Saleh Haroun. La Russie et l’Iran ont chacun leur coureur et pas des moindres: Soleil trompeur 2 de Nikita Mikhalkov et Copie conforme de Abbas Kiarostami, deux habitués. Séduisant panorama auquel s’ajoutent, Hors compétition, les derniers-nés de trois illustrissimes invités: Woody Allen, Stephen Frears et Oliver Stone.

Affaires d’art

Pour les idéalistes préférant ignorer que l’art, en particulier le 7e, peut valoir son pesant d’or, une excursion sur l’autre versant du Festival, Le Marché du Film, est recommandée: près de 10 000 participants et 4 000 sociétés. Ici le film est aussi un produit. Partie intégrante du Marché, le Village International qui rassemble des centaines d’exposants, chacun battant pavillon national, vous a un petit air de foire en dépit de ses très sérieuses activités. Suivez le guide. Unifolié en poupe, le Pavillon du Canada offre à nos festivaliers services pratiques et expertise. Plus de 70 sociétés y sont enregistrées cette année. Un peu plus loin, le fleurdelisé annonce le Québec qui, sous l’égide de la SODEC, fournit aussi des services professionnels et regroupe une trentaine de sociétés. Deux ruches bourdonnantes d’activités auxquelles nous souhaitons tout le succès du monde.

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