(Photo : Nordy - Davy Lopez)
Annie Roy, cofondatrice de l'ATSA, se décrit comme une artiste et citoyenne amoureuse de la nature.

Annie Roy, une citoyenne engagée pour la protection du territoire

Par Ève Ménard - Initiative de journalisme local

Annie Roy a déposé un projet d’aire protégée de 15,5 km2 à Saint-Adolphe-d’Howard, en collaboration avec Éco-corridors laurentiens et le comité consultatif en environnement de la Municipalité.

Celle qui se décrit comme une artiste et une citoyenne amoureuse de la nature est l’une des nombreuses personnes s’étant impliquées dans le processus d’appel à projets du gouvernement. On discute avec elle de son parcours et de son rapport à l’art et à l’environnement, qui l’ont conduite jusqu’à cette démarche de conservation du territoire.

Le besoin de nature

Le travail d’Annie Roy est imprégné d’une conscience environnementale qui l’habite depuis longtemps. D’abord danseuse contemporaine, l’artiste cofonde en 1997 l’organisme ATSA, Quand l’art passe à l’action avec son amoureux, feu Pierre Allard. L’organisme crée et diffuse des œuvres et des installations qui sensibilisent la population à différentes causes, dont la cause environnementale. Mais d’où provient cette sensibilité envers la nature, qui l’amène aujourd’hui à poser des gestes concrets pour la protéger ?

Dans son enfance, Annie Roy grandit à Montréal. Mais chaque fin de semaine – et c’est « non négociable » – sa famille part au chalet à Nominingue. Là-bas, Annie Roy développe une connexion profonde avec la nature. Son enfance et son imaginaire sont marqués de pêche aux écrevisses et de courses en forêt. « Le besoin de nature, le besoin de quitter la ville est fondamental pour moi et maintenant, je ne peux pas vivre sans », dit-elle.

Aujourd’hui, l’artiste cueille les champignons, connaît bien les essences d’arbres et vante tous les bienfaits que la nature produit sur la santé mentale, physique et spirituelle des êtres humains. « La découverte de notre territoire, l’ancrage dans notre forêt laurentienne, c’est notre ADN de Québécois. On n’a pas le droit de la laisser se dégrader ou de ne pas protéger des grands pans du territoire. Ça fait partie de nous autres. Ce n’est pas juste une ressource, ce n’est pas juste une économie, c’est l’ADN de notre culture, de notre peuple », insiste l’artiste.

Après Nominingue, les parents d’Annie Roy choisissent de se rapprocher de Montréal. Pendant 15 ans, la famille aura un chalet, cette fois à Saint-Adolphe-d’Howard. En 2018, le cofondatrice d’ATSA décide d’acheter à son tour un chalet dans cette municipalité des Laurentides. Elle affirme que de retourner à Saint-Adolphe, c’était « une question d’attachement » à son enfance.

S’inspirer de l’art pour protéger l’environnement

Depuis 2022, Annie Roy mène le projet La Montagnarde, une résidence de création, de ressourcement et de découverte en pleine nature, tout près de son chalet. Des œuvres que des artistes en résidence y ont réalisées ornent maintenant le sentier art-nature, qui a accueilli son premier événement en septembre dernier. À cet endroit, la forêt et l’art ne font qu’un. Avec ce volet de l’organisme ATSA, la citoyenne souhaite créer des moments de communion avec la nature. Elle veut faire découvrir la forêt aux gens, autant les plus jeunes que les plus vieux, et l’importance de la valoriser. « Quand on s’y attache à cette forêt, on la protège mieux », affirme Annie Roy.

La Montagnarde, à Saint-Adolphe-d’Howard, offre une résidence artistique en nature (Archives – Courtoisie)

L’art occupe d’ailleurs une place significative dans sa capacité à agir pour la sensibilisation et la protection de l’environnement. Dans sa vie, c’est l’art qui lui a donné les notions de pouvoir et de responsabilité, qui se traduisent depuis dans son engagement concret en faveur du territoire. « Je pense que l’art est un merveilleux outil pour contrer la peur. Parce que tu as une page blanche devant toi, et un peu plus tard, tu as fait quelque chose de tes mains. Quand tu construis petit à petit, l’art te permet de prendre de la confiance en toi. Et petit à petit, peut-être que tu peux te dire : maintenant, je me sens assez solide pour déposer un projet d’aire protégée de 15,5 km2 », illustre l’artiste.

Un premier pas

Annie Roy n’aurait pas pu faire autrement que de répondre à l’appel à projets d’aires protégées. Il s’agissait d’une occasion à ne pas manquer, dit-elle. « Il faut absolument préserver le territoire dans un pourcentage substantiel pour être certain que ça va résister à notre développement et aux changements climatiques, que ça va avoir la chance de vivre de sa propre voix. La nature a une voix, et on n’arrête pas de lui fermer la bouche. Il faut la laisser s’exprimer. On a ce pouvoir-là parce qu’on est ses plus grands prédateurs. On a ce pouvoir-là de dire: “Ok, ce pourcentage-là, je la laisse en paix”. C’est le plus beau geste comme humain qu’on peut faire à la planète en ce moment. »

Mais l’artiste rappelle que cette action n’est que le début de quelque chose de plus grand. « Même si tous les projets sont acceptés, on reste dans moins de 30 % de conservation », rappelle Annie Roy au sujet de la cible du gouvernement. « Il ne faut pas penser qu’au Québec, parce qu’on a des grands territoires, que ce territoire-là est protégé. Le 30 %, il ne faut pas que ce soit juste dans le nord du Québec. Il faut que ce soit dans des régions du sud et dans des zones où il y a beaucoup d’activités humaines. Parce que c’est important pour la faune et la flore qui est là, mais aussi pour les humains qui sont là, d’avoir accès à une faune et à une flore protégées ».

2 commentaires

  1. « Citoyenne engagée », deux mots presque pléonastiques selon le Grec ancien, tant on devrait tous, comme cette Annie Roy, dépasser notre seul rôle d’habiter un territoire.

    Bravo pour votre inspiration et ce, malgré – ou grâce? – aux épreuves qui ont jalonné votre vie.

  2. C’est un projet inspirant et qui va bénéficier à toute une communauté. Annie Roy a bien raison de dire que la forêt est beaucoup plus qu’une exploitation forestière. C’est un lieu de ressourcement, de recueillement et d’émerveillement dont notre monde actuel a bien besoin. J’appuie entièrement ce projet.

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