Beaucoup de bacon en vue pour Les 3 p’tits cochons

Par nathalie-deraspe

Les 3 p’tits cochons: première au Cinéma Pine

Audacieux, ce premier long métrage de Patrick Huard. Et fort de ses expériences, ce jeune loup de la réalisation a vraiment de quoi faire beaucoup de bacon avec ses trois p’tits cochons.

Y’a pas à dire, les gars se remettent en question. Deux ans pile après Horloge biologique, (le film est sorti le 5 août, jour de la première adéloise au Pine des 3 p’tits cochons), au tour de Patrick Huard de scruter le couple québécois, promettant du coup une nouvelle ronde de discussions sur l’oreiller. «Les 3 p’tits cochons, c’est une comédie de mœurs comme on n’en fait plus beaucoup, confesse le talentueux Patrick Huard. C’est plus européen comme style, quoique mes références soient davantage nord-américaines.»

Scénarisé en collaboration avec Pierre Lamothe et Claude Lalonde et produit par Pierre Gendron, (Un zoo la nuit, Jésus de Montréal, Le dernier tunnel), le premier long métrage de Huard est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît à première vue. Des nombreuses parties de jambes (ou de pattes de cochons) en l’air où les gars se mettent le pénis (et non le doigt) dans l’engrenage, résulte une version abrégée et crue de Gars 101 ou Les gars pour les nuls. «Je voulais que ça ressemble à la vie, explique l’insatiable Huard. Je disais de ne pas jouer la joke, que le comique allait venir tout seul.» Et il vient. Mais comme dans du bon Chaplin, le comique n’arrive jamais seul et surtout, jamais pour rien. Si certains dialogues sont carrément pissants («Tu vas laisser ta femme, tes enfants…» ce à quoi réplique le plus jeune «cochon» «Veux-tu laisser faire les détails!») ou instructifs («Masturbe-toi avec ta main gauche, tu vas penser que c’est une fille: c’est pas la bonne main pis c’est pas le bon beat»), le film a le mérite de mesurer avec aplomb le coût de l’infidélité. À ses détracteurs qui voudraient le confiner à une seule case dans la catégorie «Artistes», Huard réplique qu’il a toujours aimé jongler avec plusieurs balles. «J’étais un ti-cul de Rosemont qui aimait faire de l’impro et on m’écoeure encore parce que j’ai dit que je rêvais de gagner un Oscar. Pour moi, un artiste doit se battre pour la libre expression. C’est le but de l’art. Est-ce qu’entre artistes on va commencer à se mettre dans des cases, questionne-t-il. Moi, s’il faut que je me batte pour qu’un jour une femme voilée ait le goût de faire un film érotique, je vais le faire.» Touché par «l’humanité des personnages», Patrick Huard s’est mérité un dix sur dix en tant que réalisateur de la part de Guillaume Lemay-Thivierge, qui campe le cadet des trois p’tits cochons. Pourquoi celui-ci s’est-il attardé au couple? «L’amour, tu peux pas laisser ça sur le cruise control et penser que ça va marcher pendant 20 ans», laisse-t-il tomber en guise de réponse. Et ce premier film a tout pour en­gen­drer un dialogue homme-femme constructif.

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