Changer de culture, c’est politique : Réflexion sur le transport collectif des Laurentides

Par Rédaction

Par Philippe Leclerc

La domination culturelle de l’automobile dans les Laurentides

Arrivé il y a 10 ans dans la région, le Montréalais que j’étais a vécu un choc culturel. À Montréal, le transport collectif est une évidence. Bus, métro, tout est pensé pour qu’on puisse se déplacer sans voiture. Mais ici, dans les Laurentides, c’est l’automobile qui règne en maître. Pourquoi cette différence si marquée ?

Ici, la voiture est plus qu’un simple moyen de transport. C’est un mode de vie. Les trottoirs manquent dans de nombreux secteurs, envoyant un message clair : « Piétons, cyclistes, tassez-vous ! » Les pistes cyclables, comme celles reliées au P’tit Train du Nord, sont souvent tronquées. Et l’hiver rend le transport actif encore plus difficile. Tout semble indiquer que le territoire est façonné pour les voitures.

Une vision désuète du transport actif

Pendant longtemps, le transport dans les Laurentides a été pensé en fonction de Montréal. Pourtant, avec une population vieillissante, les besoins locaux en mobilité augmentent. Mais nous continuons à vivre avec un réseau de transport collectif inadéquat.

Les carrefours giratoires, installés dans plusieurs villes des Laurentides, sont souvent vantés pour leur sécurité routière. Cependant, ils posent un défi pour les piétons et les cyclistes, notamment les aînés. Leur conception et le flux constant de voitures compliquent la traversée, surtout pour ceux qui ont plus de mal à juger les écarts de circulation.

Des exemples inspirants

Au Québec, la Ville de Québec a lancé sa Vision de la mobilité active 2023-2027, incluant l’expansion des corridors Vélo-Cité. Ces pistes cyclables, conçues pour être sécurisées et accessibles en toutes saisons, favorisent l’intermodalité avec le transport en commun. Candiac a également développé un plan de mobilité durable avec 40 km de pistes cyclables et de sentiers, montrant qu’il est possible de favoriser la mobilité active même dans de plus petites villes​.

À l’international, Copenhague et Amsterdam sont des exemples à suivre. Copenhague a fait des pistes cyclables une priorité, transformant le vélo en principal moyen de transport. Amsterdam, en limitant la voiture dans son centre-ville, favorise les déplacements à vélo et à pied. Ces villes montrent que la mobilité active est possible avec une planification bien pensée.

Une gestion inefficace et fragmentée

Dans les Laurentides, la gestion du transport collectif est un casse-tête. Dans une chronique précédente, Le transport dispersé du Nord, je soulignais l’inefficacité de notre système éclaté. Chaque sous-région de notre grande région des Laurentides gère son propre réseau, sans coordination, entraînant des doublons et des pertes de ressources. Saint-Jérôme peine à s’affirmer, et les municipalités des Basses-Laurentides sont coincées dans la bureaucratie de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

Plus au nord, la situation est encore plus complexe : quatre entités gèrent les services de cinq MRC sans véritable coopération. Pourquoi ne pas regrouper nos efforts ? Il est temps de coordonner les forces de Saint-Jérôme à Mont-Tremblant pour créer un réseau de transport adapté à nos besoins.

Le changement doit être politique

La croissance des Laurentides amène inévitablement plus de voitures sur nos routes. Sans un plan global de transport collectif, nous renforçons notre dépendance à l’automobile. Malheureusement, de (trop) nombreux Laurentiens doivent encore se rendre à Laval ou Montréal pour des rendez-vous médicaux, des trajets souvent mal desservis par le transport collectif. Cela ne fait qu’accentuer la dépendance à la voiture.

Il est temps d’agir. Ce n’est pas seulement une question de congestion routière, mais de créer une région inclusive où chacun, quel que soit son âge, peut se déplacer facilement. Le changement de culture passe par des décisions politiques audacieuses, des infrastructures modernes et une vision claire et coordonnée de la mobilité durable.

P.S. : Dans une prochaine chronique, je reviendrai sur la question du transport adapté et son offre dans la région.

2 commentaires

  1. bien d’accord.. Ma fille habite rivière rouge et si sa voiture ne fonctionne pas elle doit se fier sur d’autre pour aller faire son épicerie ou y aller en vélo l’été.. pas fort.. C’est une ville a développer. pas grand chose pour les citoyens la

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