Faut qu’on parle
Chronique d’un X
Les gars, faut qu’on parle. Je suis mal à l’aise, je sais plus quoi penser… on aura beau chanter « la gang c’est la gang », mais il y a des jours où je suis vraiment pas fier d’être un « boys ». Il n’y a plus une semaine qui passe sans qu’on entende parler d’un homme qui a pété les plombs et qui a infligé sa peine à autrui, le tout, avec une violence toujours plus inouïe. On a beau s’outrer et ne pas être responsable de tous les malades mentaux, mais ultimement c’est de nous dont on parle, les hommes, et on ne peut pas se mettre la tête dans le sable – j’ai honte car nous sommes, et j’en suis.
Quasiment 30 coups de couteau distribués parce que le mec refusait d’accepter que la relation avec son ancienne blonde était terminée. Deux enfants dans l’histoire. « Impulsif et non prémédité », a dit la défense. Calvaire, comment font-ils pour dormir la nuit, quand moi juste à y penser, j’ai les émotions en charpie ?
Presque un copier-coller dans le cas qui a récemment connu son dénouement dans une cour de justice près de chez nous. Un homme a décidé qu’un couteau allait pallier à son refus d’accepter la rupture avec son ex-conjointe – il lui a sauvagement pris la vie avant de prendre celle d’un autre, et d’utiliser un enfant comme bouclier humain quand les policiers l’ont finalement coincé. J’ai encore des frissons et de la difficulté avec l’image générée par ma trouble pensée.
Puis récemment, c’est Élise, 5 ans, et son frère Hugo, 7 ans, qui ont été les victimes directes d’un homme qui encore une fois, vivait mal la rupture avec sa conjointe. J’ai peine à écrire ce segment tellement je suis troublé par la scène de crime que tout le monde se refuse à imaginer, par peur de perdre connaissance devant une si grande cruauté. Ma vie, j’ai envie de pleurer.
Je le sais… ce n’est pas le fun à lire, on veut mettre ça en dessous du tapis ces histoires-là, celles qui se discutent pas vraiment autour d’une machine à café parce qu’elles donnent la nausée. Ce n’est pas exactement le fun à écrire non plus, mais il faut briser le silence. Les gars….Comment ça se fait qu’on n’est pas capable de communiquer notre détresse et demander de l’aide, bientôt en 2020 ? Est-ce qu’il va falloir ramener les tavernes et promouvoir les confessionnaux pour que l’on puisse avoir un vecteur pour s’exprimer sans peur d’être jugés ?
Je vous lance un cri du cœur bien masculin et un appel à la solidarité : il faut se réveiller et se responsabiliser. Je le fais aujourd’hui pour les confrères majeurs et vaccinés, mais aussi pour tous les garçons qui deviendront un jour des hommes. J’ai envie que nos fillettes et femmes en devenir grandissent dans un environnement sans violence, un où elles n’auront jamais à craindre la brutalité d’un homme. J’ai envie que nos garçons apprennent à exprimer leurs émotions autrement qu’avec des cris, des taloches, un couteau ou ultimement, une corde.
Refouler ses émotions au lieu de les verbaliser d’une quelconque façon est une bombe à retardement, une qui peut nous exploser à la gueule tout en faisant une horde de victimes collatérales, à tout instant. Verbaliser peut vouloir dire coucher ses émotions sur papier (écrire), faire du sport, cuisiner, se défouler sur un sac à frapper, appeler un ami ou visiter un CLSC, toutes les raisons sont bonnes pour stimuler la soupape susceptible d’empêcher le Presto de sauter.
Je vais le dire avec émotivité : il n’y a pas honte à consulter, ou demander de l’aide parce qu’en dedans, on est « pognés ». Le courage, le vrai, c’est d’accepter nos peurs et d’exposer sans pudeur nos vulnérabilités.
Aujourd’hui, je communique mes maux – mon cœur et mes pensées vont aux survivants de ces crimes aussi sordides que déroutants pour l’âme, et pour toutes les autres victimes qui ne font pas les manchettes. Les gars… font qu’on parle.
Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à communiquer avec :
Ligne québécoise de prévention du suicide au 1 866 -APPELLE (277-3553) ou au www.aqps.info
SOS violence conjugale 1 800 363-9010 ou www.scf.gouv.qc.ca/index.php?id=61
3 commentaires
Merci de prendre position et d’avoir donné la référence de SOS 🙂
Merci à vous d’exister 😉
Merci 🙂