#OuvrezLesYeux
jctremblayinc@gmail.com
Charité bien ordonnée commence par soi-même. Cette maxime signifie entre autres, qu’il faut s’occuper de ses propres travers avant de critiquer ceux des autres. C’est tout le contraire auquel nous avons assisté lors des récents dérapages hypermédiatisés à l’égard des dénonciations d’abus sexuels. À travers cette quête sensationnelle de la vérité et du jugement dernier, c’est assez clair que bien du monde ont détourné le regard quand le miroir s’est présenté.
Ça commence par nos enfants
Malgré mon opinion très mitigée sur l’utilisation des tribunaux populaires, je considère qu’il faut impérativement condamner et dénoncer l’abus et la violence, sous toutes ses formes – c’est l’exemple à donner à nos enfants. Cependant, avant de jouer aux juges et aux jurés, il faudrait peut-être (aussi) se questionner à savoir pourquoi de tels gestes ont encore cours dans notre société. Je pose donc la question à 100 piastres : est-ce que notre jeunesse, c’est-à-dire les prochaines générations d’adultes, verra mourir les mouvements de sensibilisation aux agressions sexuelles du genre #MoiAussi, car elle aura été bien outillée et convaincue de ne rien laisser passer en matière d’abus lié à l’intimité ?
Ne devrait-on pas apprendre systématiquement à nos enfants les définitions de l’estime et du respect, afin qu’ils arrivent par eux-mêmes à distinguer ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas ? Quant à moi, la connaissance de soi, la pensée critique et le jugement sont des matières qui devraient être formellement enseignées à la maison et dans les écoles, dès les premières années.
À l’abri des parents
« Yo ta yeul, je va aller baiser ta mère, chill », dit à un autre, ce pleutre chevalier du verbe, âgé de 13 ans, dans le fil de conversation d’un réseau social, sous les commentaires d’appuis et les émojis solidaires de gars du même âge. Il en a remis, encore, et encore, comme il l’a fait à répétition depuis des mois maintenant. L’autre garçon en question a fini par craquer, et en larmes il s’est effondré, pensant à sa maman qu’il chérit et veut protéger.
Après avoir trouvé sur les réseaux sociaux de l’information publique sur la famille de celui qui a l’habitude du langage abusif et grossier, l’intimidé a essuyé ses larmes, pris son courage et s’est mis à composer : « Je considère tes propos choquants et inacceptables, j’apprécierais que tu les retires et que tu t’excuses. Je me demande ce que les femmes de ta famille diraient en voyant ton message » Il a même pris soin de nommer quelques prénoms. Quelques secondes plus tard, l’autre s’est excusé et a retiré ses propos.
Comportements inquiétants, et répandus
« Si on était dans une chambre, tu aimerais : 1) qu’on se colle 2) qu’on s’embrasse 3) qu’on baise », peut-on lire sur la « story » du compte public d’une fille qui vient d’avoir 14 ans. Des garçons ont réagi à ce sondage avec des propos que je ne peux répéter ici. Ça se passe régulièrement, de manière virtuelle, chez vous, au parc ou chez le voisin, lorsqu’on est occupés à jouer aux adultes, ou à décompresser en raison de nos vies qui nous incitent à courir sans fin.
Force est d’admettre, on est loin des sentiments de culpabilité qui nous habitaient lorsque l’on tombait sur les pages de brassières et de culottes du catalogue Sears. Le problème c’est qu’on est en train de fermer les yeux sur les activités furtives de toute une génération, qui joue le jeu de l’hypersexualité, souvent non consentante, banalisant les commentaires à connotation sexuelle. Si on laisse passer (par ignorance ou insouciance) des propos tel qu’illustrés plus haut, quel respect le garçon aura-t-il pour les femmes rendu à ses 18 ans ? Et la fille, dans quel genre de relation se retrouvera-t-elle plus tard si elle n’est pas immédiatement sensibilisée ?
Il faut ouvrir les yeux, arrêter d’être outrés par les ragots de la TV et commencer par s’occuper des comportements dangereux qui nous passent directement sous le nez, à même notre douillet foyer.