Santé!
Chronique d’un X
C’est seulement la deuxième semaine de « retour à la normale », et j’ai le sentiment que l’effet anesthésiant du médicament appelé « temps des Fêtes » s’est estompé très rapidement. Des passagers envolés, des feux affamés, une monarchie qui réclame sa liberté, une équipe sportive qui peine à gagner, une tempête du siècle qui n’est jamais vraiment arrivée, bref… il s’en est passé depuis vos résolutions et vos vœux de bonne année !
Trinquer, porter un toast, lever son verre ou encore boire à la santé de quelqu’un comme on l’a quasiment tous fait récemment est un geste qui remonterait à l’époque de l’Antiquité.
On le faisait alors pour honorer les Dieux et boire à la santé des mortels, mais aujourd’hui, c’est devenu une coutume banalisée, un mot que l’on prononce sans trop y penser. La santé se définit comme « un état de complet bien-être physique, psychologique et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », d’après l’Organisation mondiale de la santé. Mais selon moi, je crois qu’on la prend pour acquis, cette délicate et essentielle visée, cette éternelle négligée, celle qui cogne discrètement à notre porte à chaque instant, par peur d’être oubliée.
Quand la vie te rappelle tes priorités
Avant même de traverser le Bye Bye traditionnellement mitigé, j’ai eu l’occasion de renouer avec le mot santé. En effet… c’est à l’approche des festivités que le système immunitaire de mon entourage (à commencer par le mien) s’est retrouvé sur le carreau, les batteries à zéro, épuisé d’une année où les roues ont couru sans relâche après leurs chapeaux. Une année dans laquelle j’ai multiplié les conférences, où j’ai entretenu différents publics, dont des professionnels de la santé, sur l’importance du « prendre soin de soi » – ironie du sort, en seulement quelques jours je me suis effondré et j’ai eu l’impression de devenir un cordonnier mal chaussé, un arroseur arrosé, un hockeyeur qui a patiné la tête baissée… mais merci à la vie qui sur le droit chemin, m’a ramené.
Elle m’a ramené une fois de plus quand j’ai constaté que Noël n’allait pas être le même cette année, car il y avait de la maladie dans la belle-famille adoré — c’est le gros C qui s’était invité dans la sauce pour tenter de la gâcher. Soudainement quand je me suis comparé… je me suis vite consolé. La fatigue et la petite « gripette » n’étaient pas si mal comparativement à la situation d’un homme dont le corps tolère très mal les effets d’immunothérapie, et qui par conséquent ne peut plus adéquatement s’alimenter. Un grand-père souffrant qui a passé Noël et le Nouvel An à l’hôpital cloué dans un lit, avec sa femme dévouée qui lui a (heureusement) tenu compagnie, afin que son moral ne sombre pas dans un fatal oubli, au risque d’entraîner son corps avec lui.
En ce début d’année, j’ai ainsi recalibré une fois de plus mes priorités, remercié la vie, ses messages et ses nombreuses opportunités. J’en ai profité pour revisiter les mémoires du passé, et faire revivre les disparus qui ont « transitionnés » vers d’autres cieux depuis un bout de temps. L’espace d’un temps, j’ai revu mes parents et d’autres anges gardiens de leur vivant et j’avais de nouveau 10 ans. J’ai souvenir encore d’une gamine époque où je jouais au hockey dans les rues de quartier d’un Prévost en dormance, jusqu’à ce que noirceur s’en suive, en imitant Patrick (clin d’œil) Roy ou Pierre (le chat) Lambert, pendant que ma mère me criait pour la huitième fois de bien vouloir rentrer pour souper. Les grandes fêtes de famille, les soupers entre amis, les discussions animées d’hier à aujourd’hui, le passé nous rappelle de bien vouloir nous occuper du présent, car il n’a qu’un seul temps : maintenant.
Nous avons tous besoin de contraste pour apprécier ce qui est, c’est donc rempli de gratitude et de compassion que je débute cette décennie. Comme dit le proverbe provenant d’un peuple qui actuellement a besoin de paix plus que jamais, « la préservation de la santé vaut mieux qu’une cuirasse ». C’est en pesant mes mots que je vous offre mes meilleurs vœux de « santé », que chaque moment de 2020 soit pleinement apprécié.