Chronique Omalley
Par marylin-deguire
L’après-ski, c’est out !
J’ai débarqué à Anchorage, Alaska, à la fin mars afin de maximiser l’exposition au soleil et la quantité de neige. C’était sur ma bucket list de skieur depuis ma fixation sur la poudreuse. Je rejoignais des amis au Mont Alyeska, histoire de se faire les jambes une journée avant de débuter le trip d’hors-piste. Mes premiers virages furent peu nombreux étant donné la météo et les conditions de glisse solidement glaciales. L’exposition au soleil, différente du Québec, force la montagne à n’ouvrir les pistes qu’à compter de 10 h 30 le matin.
Imaginez le topo : nous sommes rentrés casser la croûte vers 12 h 30. Le chalet du haut nous offrait deux options : à gauche la cafétéria et, vers la droite, le resto quatre diamants s’annonçant un brin snobinard. J’ai senti mes amis festifs accentuer le carving de mon corps vers le resto des sept glaciers et pour cause : c’était précisément le jour de mon anniversaire.
Le maître d’hôtel – excusez pardon – car ce genre de place n’est pas du tout dans mes habitudes, encore moins en survêtement de ski, nous a déniché, à ses dires par chance, une table de choix avec vue en plongée sur la montagne bien glacée. Déjà en nous installant, nous nous sentions intrus dans cette faune où nous contrastions de toute évidence.
Alors que nous consultions le menu plutôt alléchant, je me rappelle vaguement du potage de pétoncle, bacon fumé, pickle de champignon et crumble de parmesan, la suite, moins. Michel a lancé officiellement le lunch, ou plutôt l’après-midi complet, en commandant un magnum de champagne au garçon en nœud papillon.
C’est bien connu que le champagne réchauffe? Non pas les pieds, chers lecteurs, car ceux-ci étaient bel et bien déchaussés, mais plutôt le moral!
Après les calmars frits, il semble que le magnum de champagne ait été remplacé par un autre magnum, cette fois de couleur rouge.
Inutile de vous dire que le rythme soutenu des discussions, rires, anecdotes et alcool nous a permis d’amadouer le garçon de table afin d’établir avec lui un pacte : permission accordée de sonner la cloche tyrolienne, à condition d’offrir la tournée de shooters à tous les clients du resto. C’est ainsi que Porcelet, sous son sobriquet d’usage, a lancé les hostilités avec classe en frappant la cloche avec vigueur. Laurent en a remis en se permettant de gueuler à tout le resto : « Vous avez soif? ». Et puis de tirer la corde, en sautant pour l’atteindre.
Prétextant le besoin de visiter le petit coin, je m’effaçai en direction de la cloche sans attirer l’attention. Mon objectif étant de surprendre à ma manière en agrippant l’objet de nos vices de façon remarquée! Vous devinez la scène? Une anecdote que ma garde rapprochée radote encore et encore, et une facture d’anniversaire non pas salée, mais presque indigeste!
Moi qui respire sous l’adage de conjuguer sa vie en compilant le maximum de folies, celle-ci reste gravée en ma mémoire.
Et la photo ornera probablement la cheminée de la maison de retraite.
L’alaskaaaaaah!
Je me rappelle plusieurs paysages photographiquement surréalistes, aussi le caribou des neiges rencontré en pleine montagne.
Côté ski, j’avais en tête des couloirs étroits et des corniches escarpées vues maintes fois dans la ski porn que je me joue régulièrement en trame de fond alors que je cuisine paisiblement à la maison.
Il y en a finalement eu très peu, puisque nous étions aux crochets de dame Nature qui se montrait peu courtoise à l’envolée du petit hélico qui nous transportait entre les pics enneigés et la vision brumeuse des Rocheuses. L’Alaska fut un défi de taille pour qui doit travailler son concept de patience, car les virages de qualité furent peu nombreux, et le temps d’attente, interminable.
Pour ceux qui raffolent de l’après-ski, essayez le lunch-étiré, en misant sur un endroit au bas de la montagne plutôt qu’au haut, parce que comme moi, peut-être vous réveillerez-vous le lendemain avec des skis inconnus dans votre casier, sans toutefois vous rappeler de les avoir chaussés pour redescendre à l’hôtel.