Au travail!
Par Mimi Legault
La chronique à Mimi
par Mimi legault
Ma mère, un jour, décréta que, sur ses quatre filles, l’une d’elles deviendrait infirmière. Elle aurait bien aimé une religieuse, mais ça, c’est une autre histoire.
Je fus l’heureuse élue. Mais moi, je n’avais aucune aptitude pour cette profession. Tenace, elle me dénicha un emploi d’été à l’hôpital de notre région. Les piqûres, le sang, les pilules, pas vraiment ma tasse de thé. Je fis alors en sorte de le prouver. Aux repas, je présentais le mauvais cabaret aux patients, j’arrivais en retard, je mangeais les poudings destinés à ceux qui avaient des ulcères d’estomac. Bref, à peine dix jours plus tard, on me flanquait à la porte au grand dam de mon père qui siégeait sur le CA de l’hôpital et de ma mère qui se demandait ce qu’elle avait fait au bon Dieu pour avoir des enfants aussi rebelles.
Il m’arrive d’y repenser; je me congratule alors d’avoir refusé de travailler pendant 35 ans dans une sphère que j’abhorrais. Et vous? Aimez-vous votre travail?
Nous n’avons pas tous la chance et la liberté de faire un choix. Des fois, ça paraît. Surtout pour ceux et celles qui travaillent avec le public. Que ce soit à l’épicerie ou à la banque, il arrive que la caissière me regarde comme une catastrophe ou qu’elle libère sa bile en me présentant un sourire qui tient avec des épingles à linge. Je garde bien fermé mon mâche-patates, leur histoire ne me regarde pas. Que voulez-vous, il y en a qui sont allergiques au travail comme d’autres le sont aux arachides. Je me dis que lorsqu’on fait des choses par obligation, quel que soit l’effort qu’on y consacre, on a presque toujours l’impression de traîner un boulet. On devrait peut-être s’efforcer d’aimer ce que l’on fait à défaut de faire ce que l’on aime. Et pourtant, je ne rêve pas d’entendre des phrases roses comme : j’aime tellement mon patron que je travaillerais bénévolement ou je refuse cette promotion si elle doit rendre mes collègues jaloux. Quand même!
J’ai lu qu’en 1978, les Canadiens avaient volé pour huit milliards de dollars durant leurs heures de travail. Imaginez aujourd’hui! On nomme ça le vol de temps. Des exemples? Il en pleut : retards, bavardage entre employés, congés de maladie injustifiés, heures de repas prolongées, rêvasseries, jeux sur Internet, Facebook, Twitter et j’en passe. Il n’y a pas que nos gouvernants qui nous volent!
Autre chose qui hérisse le poil de mes mollets : l’idée qu’on se fait de la retraite. La majorité des gens en rêvent, mais une fois atteinte, plusieurs désenchantent croyant à tort que le paradis, c’était du sable blanc, une margarita à la main et des gougounes. La preuve est que plusieurs retournent sur le marché du travail préférant quelques heures remplies plutôt que de se tourner les pouces.
L’inaction conduit souvent à l’ennui et à la dépression. La solution résiderait-elle dans la semaine de quatre jours? Reste à savoir si elle nous permettrait de nous remettre d’une fin de semaine de trois jours…
Dans ma jeunesse, on disait qu’il n’y avait pas de sots métiers. Peut-être, mais il y a ceux qu’on laisse aux autres.
Il n’existe aucun travail honteux, ce qui est minable, c’est le jugement de ceux qui se croient supérieurs. Petite devinette pour vous : si on faisait disparaître en même temps les éboueurs et les journalistes, lequel vous manquerait le plus? De tout temps, les secrétaires ont joué le second rôle et, pourtant, aucun patron ne pourrait s’en passer.
Petite anecdote : le président d’une grande entreprise s’adresse aux cannibales qu’il vient d’embaucher : « Vous faites maintenant partie de l’équipe. N’allez surtout rien gâcher en mangeant l’un de vos collègues ». Malgré leur promesse, le directeur leur dit, un mois plus tard, « Nous sommes tous satisfaits de votre travail. Néanmoins, l’une de nos secrétaires a disparu. Savez-vous ce qui lui est arrivé? ». Les cannibales secouent la tête. Une fois le patron sorti, le chef de la tribu fustige : « Imbéciles! Ça fait trois semaines que nous mangeons des directeurs et personne ne s’en est aperçu. Lequel d’entre vous a été assez idiot pour bouffer une secrétaire? ».
Voilà ma façon de saluer bien bas toutes les secrétaires, car sans vous…
mimilego@cgocable.ca