Bleu, blanc, rouge… de honte?!
C’est bien mon éditrice, là, dans le bureau en face du mien!: tellement «Denise Bombardier» certaines fois… tellement «génération silencieuse d’autrefois» et Miss Gucci d’autres fois, comme cette semaine par exemple: l’importance de l’image (et dans ce cas-ci, au sens littéral puisque l’on discute de photographie)!
Ainsi donc le fait que la nouvelle première dame de France, la brûlante Bruni, la berçante Carla, prenne des pauses de ses «fonctions (non encore) officielles» en prenant des poses alanguies devant l’objectif (et, éventuellement, sur l’écran de mon ordinateur) pose problème… Bien, bien…
Agréable, d’abord, justement la pose de la dame, dans une ambiance «David Hamilton». Si l’on pense à son parcours en plus, elle qui a su faire sauter avec lumière les verrous de son éducation bourgeoise (oui, la princesse fut élevée dans un château), passant de mannequin simple «porte-manteau» à auteure-compositrice respectée, avec un retour par croqueuse d’hommes, franchement, je trouve qu’elle sert plutôt l’image d’une République progressiste et affranchie… Liberté-Égalité- Fraternité, sans le désordre.
Une belle Marianne, et très XXIe siècle, quoi.
Mais revenons: l’image, donc. Pas un peu «vieux jeu», tout ça, le «respect de la fonction», faire honneur à la démocratie, préserver les valeurs (lesquelles?)…
Pas un peu «retour en arrière du féminisme» ce diktat de l’épouse «digne», qui ne doit pas jeter une ombre malsaine sur son «digne» mari et sa «digne» carrière politique et prolifique? Devenir «femme de l’Homme politique» implique que l’on doive éventuellement abandonner une partie de ce que l’on est? Et l’on est en 2008! (on ne parle pas de liens avec le monde criminalisé, ici… on parle de photographie gentiment coquine!) Une fois de plus, en vertu de quelle vertu, basé sur quel barème… bon Dieu?!
Où commence-t-on à porter tort au respect de la fonction? Le PM en conférence de presse, chemise au vent, fraîchement amidonnée… mais sans cravate sous les caméras… Ça manque de «respect à la fonction», ça? La Première dame ménagère et au fourneau, ça fait plus digne?
Non, ce qui fait la dignité d’une fonction politique, c’est la façon dont on s’en sert, dans le cadre du mandat qu’elle appelle: décisions, réactions, choix (toujours dans le cadre du mandat que la population nous a confié). Les électeurs ne sont pas idiots: ils élisent pour une vision, son application, sa mise en œuvre. C’est tout.
Les déboires de Margaret Trudeau avec les Rolling Stones ont-ils jeté fait du règne de PET un «règne indigne» (et si l’on considère que ce règne fut indigne, Margaret n’en fut certainement pas la cause)? Le monde politique canadien en a-t-il été marqué au fer rouge?
Elle est bien jolie, tout comme toi d’ailleurs, Jopi, ta réflexion, les mots sont bien choisis, les concepts claquent au vent, fiers étendards de la «Liberté majuscule» comme tu l’écris.
De l’audace, bordel!
Sarko, avec Carla, il a eu de l’audace, mais sans plus. Rien pour appeler sa mère, invoquer les Cieux, déchirer sa chemise, hurler à la lune.
Et puis l’audace, c’est la raison pour laquelle le peuple français l’a élu: il en fallait pour accomplir ses réforme, saisir à bras le corps une France sclérosée (l’immigration, la sécurité, les syndicats, les 35 heures…) Son audace, c’est la raison première pour laquelle il a été porté au pouvoir.
À ce que je comprends, il serait maintenant au purgatoire pour cette même audace, appliquée simplement à une «question de peau»?! Que Carla, sa flamme, s’expose et c’est lui qui brûle? Il en devient d’office une «tête brûlée » potentielle? Quel étrange raisonnement…
Ce n’est pas Carla qui met en péril nos «Libertés majuscules», c’est ce type réflexion très exactement, qui fait passer la forme avant le fond – pire: qui fait passer la forme POUR le fond; qui donne une importance démesurée, de premier-plan en fait – à ce qui n’est qu’artifice. Le véritable risque pour la démocratie il est là. Bien plus que dans la jolie photo d’une belle femme.