Ça sonne faux
Par Journal Accès
Trouvez pas que, de nos jours, bien des choses nous apparaissent artificielles, synthétiques, sans saveur? La chose me frappe d’autant que les exemples pleuvent sur plein de sujets différents. La semaine dernière, j’ai capté le moment où l’équipe Couillard est descendue de son trône pour venir signifier aux sinistrés son appui moral (et davantage, nous l’espérons) face aux inondations. J’observais le chef libéral, ça tirait dans les coutures de son faciès, comme une fausse indignation de sa part. Le chef haiiiiit ça descendre dans la rue : il avait l’air de leur dire : écoutez, je prends la peine de venir vous visiter moi-même en personne, mais ne me décevez pas aux prochaines élections. Justin Trudeau est également allé avec deux de ses enfants rencontrer ceux qui vivaient ce drame. Vous ne le saviez pas? Il l’a fait sans tambour ni trompette. Ça me plaît bien.
Quand il est question du faux, les téléréalités ne donnent pas leur place non plus. Elles assouvissent un monde déjà virtuel pour leur offrir la possibilité de faire du voyeurisme en toute légalité. Les couples font semblant de s’aimer, de pleurer, de s’embrasser, des émissions-Kleenex qui engourdissent le quotidien de l’auditeur vissé pour la plupart du temps sur son écran.
Quant à l’amitié sur Facebook, elle arrive grande gagnante, côté « fabriqué des choses ». J’ai entendu une ado crier de joie l’autre jour : elle était rendue à 783 amis! Yé. Mais dis-moi, petite, les connais-tu un par un? Avez-vous gardé les cochons ensemble? Lorsque tu pleures, viennent-ils cogner à ta porte?
Je venais de traverser un dur moment, j’écoutais distraitement la télé. Je tombe sur une publicité de bière. Le groupe hurlait de rire : ils avaient l’air tellement heureux avec leur sourire Colgate que les larmes me sont montées aux yeux. C’était festif. Des problèmes? Aucun n’en portait la trace. C’est fiston qui m’a ramenée sur terre en me disant qu’eux aussi devaient avoir la larme à l’œil derrière l’écran parce que pour deux minutes de pub, ces jeunes avaient dû passer sûrement une journée à recommencer le scénario. Voyez? Le faux a bonne presse et se taille facilement une place presque n’importe où.
Prenez l’exemple de la mode. Ce goût des autres, cette épidémie provoquée où chacun doit ressembler à l’autre. Bêêê, oui.
Il y a quelques années, je m’étais présentée à une garden-party en gougounes. Une amie, trop près placée du bol à punch, était venue me dire que ce genre de sandales était démodé. Quétaine, avait-elle rajouté. Sauf que l’année suivante, la mode des gougounes a refait surface. Devinez ce que cette même personne portait à ses pieds…
Presque tout sonne faux, les gens comme les événements. C’est juste que l’on s’habitue. Les agences de rencontres débordent de gens aussi parfaits les uns que les autres. Les fées et les princes charmants cognent à votre porte et même si le faux déteint sur le vrai, on veut rêver.
Finalement, nombreux sont les gens aujourd’hui qui n’aiment pas qu’on leur parle avec franchise parce que la vérité leur déplaît ou les dérange. Ils préfèrent le mensonge qui apaise finalement leurs angoisses. Vrai ou faux?
***Poème pour les nuls qui pourrait s’intituler : Mon pays ce n’est pas un pays, c’est la pluie
Oh toi printemps de mai si beau
Pourquoi mouille-t-il à siaux?
Désastre d’Oka à Rigaud
Et même jusqu’à Gatineau
Que deviennent nos ti-zoiseaux?
Il y a l’armée à Trudeau
Coiteux, Couillard en botterlots
Change vite ta météo
On se promène en bateau
L’eau dépasse les patios
Allez, fous le camp El Noño
Cède ta place à l’été chaud