Ça va bien aller
Par Rédaction
Au moment où j’écris mon article, concernant la Covid-19, nous n’avons pas encore dépassé le fameux pic dont on parle tant dans l’actualité. En d’autres mots, on est encore en plein dedans. Avant tout, je vous narre une histoire vécue juste avant l’arrivée de cette épidémie. Cet automne, j’avais rendez-vous avec une dermato pour lui montrer une tache foncée sur ma jambe. Pour moi, il ne s’agissait que d’une simple formalité. Avec un petit machin carré qui ressemble à une caméra, elle scrute cette fameuse tache et m’annonce que j’ai un mélanome. Ah bon, que je pense. Devant mon air indifférent, elle me répète le mot : mé-la-no-me. C’est cancéreux, probablement malin, me dit-elle sans ménagement.
Je dois vous dire en touchant du bois, que j’ai toujours eu une santé de fer. Jamais malade ou si peu. Ma vie s’est arrêtée drett là. Cancer malin. Elle me dit que c’est parce que je n’ai pas été assez prudente dans ma jeunesse. Vous êtes allée au soleil? Je lui réponds qu’à 17 ans, j’ai été life guard durant une couple d’années. Vous auriez dû vous mettre une crème spéciale, me reproche-t-elle. Non mais elle me niaise! Clisse, dans ces années-là, on se mettait quasiment de l’huile à moteur pour bronzer! Elle me fait une biopsie sur place.
Cette journée-là, il pleuvait, fin de journée maussade à mon image. Je devais quitter pour des vacances au soleil. Tout tombait à l’eau, c’était le cas de le dire. Le soir, j’ai appelé ma sœur qui travaille dans le milieu de la santé. Au téléphone, je lui crie que j’ai le cancer et qu’on va me couper la jambe. Elle connaît mes exagérations légendaires. D’abord, c’est un cancer de peau pas un cancer des os, qu’elle me dit tout doucement. Elle me propose de me coucher tôt, prends ton verre de vin et ajoute un cachet pour dormir, rappelle-moi demain.
J’attends l’appel d’un hôpital montréalais pour l’opération. Ça s’appelle la chirurgie de Mohs. N’allez pas chercher, je vous explique ça très clairement dans des mots très pratico pratiques. Pensez à une patate, prenez un éplucheur et allez-y. Sauf que sur l’humain, le médecin prend l’espèce d’éplucheur, il enlève une couche de peau. Puis labo. Une autre couche, puis labo jusqu’à temps qu’il ne reste plus de mélanome. Des heures de plaisir. Le 11 mars dernier était la date fatidique. On m’annonce qu’auparavant, le médecin désire me rencontrer.
Me voilà dans son bureau accompagnée par Douce Moitié. Nous n’en menons pas large. Nerveuse? Mettez-en. Le médecin me reçoit, détendu. Je l’envie, tiens. Alors, j’entends ses mots : d’abord, on ne vous opérera pas aujourd’hui. En fait, vous n’avez pas de cancer, c’est un pré-mélanome non envahissant. La biopsie a tout enlevé.
Il me semble que c’est un rêve, je regarde Douce Moitié qui sourit.
C’est vrai docteur? Je suis encore en santé? Lui aussi, il sourit. Je voudrais l’embrasser mais il n’arrête pas de tousser et comme on est au tout début que ce qui deviendra une pandémie, je me garde une petite gêne…
Pourquoi je vous raconte tout ça? Pour vous dire que si vous êtes comme moi encabané monsieur, madame et toi aussi l’ado, et que vous êtes en santé et que ce maudit virus ne vous a pas attaqué (e), dites ou criez alléluia, trois fois! Merci la vie! On ne devrait jamais attendre d’être forcé par la maladie pour s’arrêter et réfléchir à ce qui compte vraiment dans la vie. Cet été, sur une terrasse ensoleillée, avec un arc-en-ciel dans les yeux, vous lèverez votre verre à la santé en disant que oui, maintenant, ça va bien aller…