Criminalité dans la Vallée: la tempête du siècle?
(Il y a deux semaines Accès annonçait la préparation d’un dossier de longue haleine sur «La criminalité dans les Laurentides»; ces quelques lignes mentionnées dans notre édition du 15 février nous ont rapidement valu de nombreux témoignages. Comme si parfois les astres étaient bien étrangement alignés, cette semaine s’est déroulé un vol qualifié spectaculaire au pied du mont Avila. Quand la fiction rejoint tristement la réalité, bien tristement: une chronique du rédacteur en chef d’Accès.)
«Une fusillade, pendant une semaine de relâche scolaire, c’est une petite mort de l’Enfance. L’écho de nos montagnes devrait s’en souvenir.
Une arme qui parle, c’est beaucoup de choses qui se taisent.
Le silence qui suit est assourdissant. Comme un petit deuil de ces choses-là. L’intelligence. L’humanité.» – E.-Ol. Dallard
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En ce début de soirée d’un mardi à la douceur printanière, c’est Martin, le chum de l’éditrice Mary-Josée, qui le premier nous a contacté.
Quand il nous a appelé, il venait donc d’entendre les premiers coups de feu alors qu’il promenait le chien Mavrik.
Quand il nous a appelé, il venait d’entendre les premiers coups de feu; il venait surtout d’appeler «à la maison» pour prévenir Julien, le fils de l’éditrice Mary-Josée; Julien a fermé les portes de la résidence à clé; apeuré, il a attendu. Et a entendu.
Une fusillade, au cœur de la Vallée de Saint-Sauveur, au bas des pentes de la station de ski Mont Avila; une fusillade au cœur aussi d’une semaine de relâche scolaire… Par une chance inouïe, la station était fermée en raison de mauvaises conditions de ski. Ils étaient quatre, à bord d’une Jeep de quatre portes de modèle récent. Ils ont intercepté vers 16h45 un fourgon blindé de la compagnie Garda, spécialisée en sécurité et en transfert d’argent, avec ses deux agents qui procédaient au ramassage de fonds. Ils auraient utilisé notamment des armes mitrailleuses. Il y a eu échange de coups de feu. «Ça tirait de partout», ont dit plusieurs témoins. Il y a eu un blessé de chaque côté. Les suspects ont réussi à s’enfuir, mais les mains vides. Comme le chante Mes Aïeux, plutôt que de «holduper la caissière», il ne vous vient pas à l’idée de bouquiner sur la simplicité volontaire?!
Les «incidents» dramatiques à saveur criminelle semblent se multiplier depuis un moment dans la Vallée; ils n’ont rien de bien rassurants: commercialisation du vol de signaux télévisuels; drames conjugaux; suicides; tentatives d’incendie criminels sur des commerces bien établis, saisies de drogue, etc…
Pourtant, moi qui ai habité Québec, Ottawa, Montréal, je n’ai jamais connu de lieu où, comme ici dans les Laurentides, l’on se batte autant pour préserver un environnement de qualité. Les citoyens se mobilisent spontanément et avec efficacité dès qu’est menacée la quiétude des «monts et merveilles» qui nous entourent…
Mais la meilleure volonté du monde n’empêche pas la Folie.
Une fusillade, pendant une semaine de relâche scolaire, c’est une petite mort de l’Enfance. L’écho de nos montagnes devrait s’en souvenir.
Une arme qui parle, c’est beaucoup de choses qui se taisent.
Le silence qui suit est assourdissant, comme un petit deuil de ces choses-là justement. L’intelligence. L’humanité.