Des cycles, des rencontres, des découvertes… et des déclics
Par diane-baignee
Comme une randonnée dans la nature
Chronique défi, bien vieillir par Diane Baignée
Madame Oprah Winfrey, animatrice et productrice américaine, a fait connaître une expression dont les fondements proviennent de la pensée de gratitude. Elle qualifie un éclat de pure conscience de aha moment, un moment de déclic. Qu’est-ce que c’est donc ça? Au fait, ça ressemble à un moment d’éveil qui se produit en un claquement de doigts. Un nouveau sens donné à quelque chose qui nous semblait acquis.
Une sorte d’intuition soudaine ou réponse inédite à un questionnement.
Récemment, en gravissant l’une de nos belles montagnes laurentiennes, une sensation particulière m’a saisie par en dedans. Un sentiment qui prenait sa source au fin fond du territoire occupant l’esprit : « Comme je suis privilégiée! », me dis-je, clopin-clopant, un regard à gauche, un regard à droite, et surtout devant. Le cœur bien rempli, j’avance avec cette impression d’apesanteur. Cet environnement où le rire, la joie et les échanges se répandent à profusion et font écho à la scène forestière.
Je suis au beau milieu d’un groupe, au fond des bois. À la file indienne, des aînés, retraités, semi-retraités ou « dé-retraités* », s’offrent l’un à l’autre un ou deux brins de causette. Et ça ricane, tous dissipés comme des enfants heureux d’être en récréation. Les arbres se sont sûrement bien bidonnés à notre passage…. jusqu’à les faire rougir parfois.
Ce sont des gens tous différents. Une vingtaine, une trentaine et plus, selon l’air du temps. Depuis un an, je partage avec eux ce goût inné de la nature. On se salue, on s’exclame, dans d’heureuses retrouvailles ou rendez-vous des habitués. Et c’est parti, on monte!
Au sommet des randonnées se trouve autre chose que la randonnée à proprement parler. Bien sûr qu’il est agréable de se gorger de couleurs et d’odeurs. Et quoi de mieux, de surcroît, que de brûler quelques calories? Génial! En plus, l’activité est bonne pour la santé (physique et mentale). Mais là n’est pas le point de mes propos.
Aux prises avec le syndrome du bonheur ensemble
Assise quelques kilomètres plus tard, c’est la pause-santé. Un panorama d’un sommet quelconque, toujours apaisant, partout. Quel privilège! Dans un moment de contemplation, une prise de conscience plus forte que d’habitude, c’est le déclic : j’ai compris. Au-delà de la randonnée, un halo entoure le groupe. Cette énergie insuffle un bonheur partagé. Regarder un même point de vue, échanger, s’accepter l’un l’autre, là sur sa trajectoire de vie… ma foi, c’est à la limite du thérapeutique!
Et on repart pour la descente. On rit encore. On jase de tout et de rien. Parfois s’installent des silences. C’est comme ça.
On change le monde ou plutôt, on souhaiterait qu’il change. Sur les chemins, des conversations font du bien, et plus tard, on se livre et on crée des liens. Tout est facile et sans problème. Sur cette piste et toutes les autres que j’ai découvertes, une richesse indéfectible laisse ses traces à la manière du Petit Poucet. Des empreintes de bonheur se déposent partout sur les sentiers.
Ensuite, rendus à destination, on se salue, on remercie le guide. On se quitte le cœur nourri à fond. C’est ça le bonheur. C’est un médicament avec les meilleurs des effets secondaires. Nous voilà atteints du « syndrome du bonheur ensemble ».
Pour vivre longtemps, il est conseillé de bien manger et dormir, et de faire un peu d’exercice tous les jours. Or, de saines relations sociales sont d’autant plus essentielles pour l’équilibre et pour bien vieillir. Elles adoucissent l’âme et agissent comme un facteur de protection.
Chaque relation laisse sa trace
Mais, ailleurs que sur ces montagnes, en bottine, des gens croisent notre vie. Ils arrivent, s’installent pour un moment ou nous virent les talons. Des liens se créent. D’autres sont en plein essor ou se transforment. Certains de ces compagnons s’éteignent doucement ou quittent subitement la route, à cause de conflits ou de décès, ou juste parce que nous évoluons différemment. Cependant, toute relation vécue porte en elle son fruit, un sens. Aucune n’est futile!
Chacun laisse sa trace. Pensons-y! Une parole, un geste, une expérience bonne ou mauvaise, tout est question d’apprentissages. On fait sa glace en patinant. Au recul, même les événements les plus dévastateurs de notre vie nous communiquent quelque chose. Avons-nous pris le temps d’en saisir le sens?
C’est un choix.
Et quand vous aurez besoin d’un moment de réflexion, pourquoi ne pas faire un tour dans cette nature, juste à nos portes? Un arrêt pour méditer, réfléchir, contempler ou s’offrir une pause pour l’esprit. Ça purifie les neurones et apaise les pensées hyperactives… et ça ne coûte presque rien.
Et si vous entendez des jacassements, au loin… c’est probablement la gang du club qui sème sa bonne humeur sur son passage.
* « dé-retraités » : mot créé pour signifier le retour sur le marché du travail (à temps partiel ou à temps plein) d’une personne ayant été retraitée durant une période importante. Sujet d’une prochaine chronique.
Diane Baignée est travailleuse sociale en pratique privée.
Pour commentaires ou
questions, vous pouvez la joindre à diane.baignee@gmail.com
1 commentaire
Merci, Diane, d’avoir si bien décrit et résumé toutes les sensations que la marche nous inspire.
Une membre du Club,
Claude Paquin