Éducation sexuelle 101
Chronique d’un X
Jean-Claude Tremblay
La sexualité est discutée ouvertement dans les cours d’école et fait même partie des sujets tapés dans le moteur de recherche Google, par des enfants de votre quartier. Oui, on est rendus là : bienvenue dans un monde où tout n’est qu’à un clic de souris. Et sachez que, peu importe les mécanismes et la surveillance que vous mettrez en place, il y aura toujours des trous dans votre chaste filet.
Il faut se le dire, on est bien loin du catalogue Sears et de sa section brassières, à laquelle les petits gars étaient innocemment attirés. Aujourd’hui, Sears n’est plus et la naïveté non plus. Au moment où j’ai eu cette réflexion, le sujet des cours d’éducation sexuelle a éclaté et occupe, depuis, sa part de lion dans les médias.
D’abord, rappelons les faits. 2016 (et avant) : le gouvernement marche sur des œufs, et le ministre de l’Éducation dit du bout des lèvres que « c’est peut-être important de commencer le début d’une réflexion quelconque sur le sujet de l’éducation de la sexualité qui possiblement est potentiellement prêt a probablement être ramené dans le curriculum scolaire… peut-être » – fin de la citation, à peine exagérée! 2017 : le chef d’État québécois coupait l’herbe sous le pied de son propre ministre, et d’un ton conciliant déclarait : « Les cours d’éducation sexuelle seront obligatoires dès septembre 2018 ».
Laissez-moi humblement tenter d’apporter un peu de nuance sur cet épineux sujet. D’abord, aux ayatollahs de la chasteté, peu importe vos confessions, sachez que c’est votre droit d’être concernés et je trouve vos doléances totalement légitimes. Aux autorités en place : vous devez faire preuve de souplesse, sans tomber dans un accommodement déraisonnable, en virant le monde à l’envers pour des motifs religieux. Quant à moi, ce controversé dossier relève de la santé publique, et non d’un quelconque ouvrage biblique.
Je vais mettre carte sur table : je ne suis pas enthousiasmé à l’idée que l’on parle sexualité avec des enfants, spécialement au primaire. Pour moi, ça brise prématurément l’innocence, une que je m’efforce à protéger, tant comme parent que comme citoyen responsable. Eh bien, il est trop tard : ils entendent déjà des obscénités au quotidien. J’ai donc réalisé que si on ne prenait pas le dossier en mains, tous les « amis » avec un accès WiFi le feraient à notre place.
Avec la récente vague de dénonciations d’agressions sexuelles, nommément avec le phénomène #moiaussi, avec l’hypersexualisation et la banalisation de ce qui, jadis, était considéré sacré, n’avons-nous pas le devoir d’éduquer afin de prévenir et de protéger? L’éducation, chers amis, demeurera toujours pour moi le meilleur système d’autodéfense.
Certains argueront que c’est le rôle unique des parents. OK, je comprends, et il y a de ça. Mais qu’en est-il de ceux qui ne trouvent pas ça important? Ou encore des autres parents de bonne foi, qui n’ont aucune idée de comment aborder le sujet avec leurs enfants? Chose certaine, et certains groupes l’ont déjà souligné, c’est que l’on doit absolument s’assurer que les intervenants soient formés, et habilités à transmettre ce type de connaissances. Je peux vous nommer quelques enseignants qui excellent dans leur matière, mais qui, de leurs propres aveux, ne sont pas du tout à l’aise à enseigner la sexualité. Il faut donc en tenir compte et respecter les intérêts et limites de chacun.
Qui plus est, je trouve pour le moins questionnable l’approche de « glisser » un sujet aussi délicat que la sexualité, entre deux leçons de grammaires : ça ne fait aucune espèce de sens, et c’est pourtant grosso modo ce que votre gouvernement s’apprête à faire.
Sensibiliser et former l’ensemble du personnel scolaire est utile et pertinent en 2018. Mais quand on demande à un spécialiste d’enseigner la musique, et à un autre de traiter de psychoéducation, pourquoi alors ne pas faire intervenir des ressources spécialisées, pour soulager le fardeau de nos enseignants, eux qui sont déjà surchargés? Je suis d’accord sur le fond et l’importance d’agir, mais je vais me garder une sérieuse réserve sur les moyens prônés par l’État pour y parvenir.
Il faut se rendre à l’évidence et prendre acte de tout ce non-sens. Le gouvernement doit faire preuve de plus de transparence.
Ne laissons pas les apprentissages dans l’autobus, la cour d’école, et l’iPod devenir figure d’autorité et de moralité.
Peu importe qui s’approprie le rôle et à qui on voudrait bien le confier, le but ultime n’est-il pas de transmettre à nos jeunes l’idéologie d’un rapport sain avec la sexualité? Il faut bien y penser.
1 commentaire
À Saint-Sauveur, école de la Vallée, c’est l’infirmière du CLSC qui est venue donné le cours. Ma fille m’a dit, c’était malaisant, Maman! Mais, bonne chose, à la fin de la session d’un durée x, les gars et les filles séparément ont pu poser leurs questions à l’infirmière…
Et puis, notre médecin de famille en fait un bout à chaque fois.
Pas évident tout ça!
Merci pour la réflexion…