La fin d’un périple: Ugo Monticone et Julie Corbeil encore gavés d’images de l’Inde

Par Éric-Olivier Dallard

Après quatre mois à se faufiler dans une mer bigarrée d’un milliard d’habitants, partagés dans Accès, l’écrivain Ugo Monticone et la réalisatrice Julie Corbeil lèvent un pan sur l’envers du décor.

Il faut à peine quelques minutes d’entretien pour constater que le making of de Bhârata – L’inde en deux dimensions est tout aussi captivant que la série de documentaires elle-même. Les amoureux et complices (ils se sont fiancés deux semaines avant de rentrer) ont eu beau cumuler quantité de voyages qu’ils n’en furent pas moins décontenancés devant ce pays aux milles dieux. Cette fois, le défi était double : cumuler les idées en vue d’un roman et procéder au tournage de 13 émissions.
«L’inde, confie Ugo, c’est la surstimulation des sens. Les gens sont hypercolorés, la nourriture est très épicée, la chaleur est intense. C’est comme si tu venais au monde la première fois.» Mais venir au monde, c’est parfois douloureux. À peine quelques jours après sa sortie de l’avion, l’écrivain avait du mal à conjuguer cet explosion de saveurs et d’odeurs. Durant deux mois, le pauvre a dû se battre avec des indigestions à répétition. Heureusement, celui-ci a pu faire une escapade d’une quinzaine de jours en Europe, histoire de se refaire une flore intestinale et de savourer le prix d’un concours visant à souligner son engagement social. «Le plus rigolo, c’est que j’ai rencontré un Québécois qui avait un choc culturel en France. Il n’osait plus sortir de sa chambre!»

Bye Bye intimité

Pour Julie, le fait d’être constamment entourée d’une foule de curieux finissait par être exigeant. Et tout comme des proches l’avait prévenue en septembre, elle s’est fait souvent tâter les fesses parce qu’elle était blanche. Jamais toutefois, celle-ci ne s’est sentie en danger ou menacée par des voleurs. «Le karma régit la vie des Indiens, explique-t-elle. Ces gens ont comme une naïveté qui les empêche de vous faire du mal.»

Elle et son conjoint ont d’ailleurs été étonnés de constater à quel point musulmans, chrétiens et hindous peuvent discuter calmement entre eux. « C’est loin de refléter ce qu’on entend dans les bulletins télévisés», note Julie. «Dans la rue c’est la même chose, renchérit Ugo. Les familles sont d’une extrême pauvreté mais partagent tout de même avec les autres.»

En cherchant un hôtel, le couple a frappé à la porte d’un Indien exceptionnel qui, par le biais du micro-crédit, aidait les femmes de son village natal à devenir autonomes économiquement. À Bombay, ceux-ci se sont retrouvés figurants dans un film de Bollywood (l’industrie cinématographique indiennne). En ballade sur le Gange, un yogi installé dans des postures rocambolesques, leur a livré une entrevue. Quoiqu’ils aient assisté à une cérémonie de crémation, aucune image n’a pu être rapportée de cette journée éprouvante. Aussi impressionnant soit-il, le brûlage des corps sur les rives sacrées de l’Inde demeure un cérémonial interdit de diffusion. «C’est bouleversant de voir des bras et des jambes brûler, mais tout ça est fait dans une telle dignité qu’on a juste envie de se recueillir» confie Ugo.

Même après avoir baigné dans un bruit constant, s’être fait harceler par des gens les croyant plus riches qu’ils n’étaient, d’avoir perdu leur bulle d’intimité, Julie et Ugo ont encore du mal à oublier la multitude de sourires et de paysages tout aussi frappants les uns que les autres. S’il est un mot pour résumer cette épopée, c’est intense. «Je m’ennuie de ne pas découvrir quelque chose de nouveau chaque jour », laisse échapper Ugo. «J’aimerais explorer davantage le pays». lance Julie. D’ici leur prochain départ, ces abonnés d’exil inciteront les jeunes des Laurentides à aller au bout d’eux-mêmes pour qu’un jour, ils puissent découvrir à leur tour le bout du monde. Depuis mercredi, Bhârata – L’Inde en deux dimensions est diffusée au Canal Vox, la télé communautaire des Basses-Laurentides et sera rediffusée en boucle plusieurs fois par semaine. (Pour informations, bharata-en-2-dimensions.blogspot.com ou juliecorbeil@hotmail.com)

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