La Rolland: à vendre… vraiment?!

Par Éric-Olivier Dallard

Accès avait tiré la sonnette d’alarme il y a presque deux ans, avec un dossier signé par le journaliste d’enquête André Bérard: malgré son immense potentiel – dont je suis toujours intimement convaincu – La Rolland était en train de couler. L’administration munci-pale de l’époque avait minimisé la situation. Pourtant, les chiffres que nous révélons aujourd’hui font frémir; notre Une d’il y a deux ans était titrée: «L’autre visage de La Rolland»; vraiment, pratiquons-nous chez Accès un journalisme sensationnaliste… ou bien la vérité déplaît-elle à certains intervenants? Aujourd’hui le préfet Charles Garnier, qui s’est intéressé au dossier, me déclare qu’il faudrait que La Rolland soit vendue à des intérêts privés… ou alors «que l’on mette la clé dans la porte». Et s’il existait d’autres avenues pour sauver ce patrimoine à l’immense potentiel et le conserver pour la collectivité…

Accès avait tiré la sonnette d’alarme il y a presque deux ans: malgré son immense potentiel – dont je suis toujours intimement convaincu – La Rolland, le seul lieu des Laurentides dédié aux entreprises de développement du secteur des nouveaux médias, était en train de couler. En fait, nous aurions même pu parler déjà de fiasco à tous les niveaux. L’administration municipale de l’époque avait minimisé la situation, annoncé en grandes pompes l’arrivée imminente de nouveaux locataires, précipité des changements au sein du Conseil d’administration, etc…

Je me souviens d’avoir croisé le maire d’alors, Jean-Paul Cardinal, dans le stationnement de l’endroit, peu de temps après que nous ayons sorti notre dossier, c’était à l’occasion d’une conférence de presse qui donnait la Fondation des arts des Laurentides – un organisme aux réalisations et à l’implication remarquables soit dit en passant – afin de rendre publique, conjointement avec la Municipalité de Sainte-Adèle, la nouvelle que celle-ci avait accepté de loger le regroupement Horizons artistiques dans des locaux de l’édifice, le tout gracieusement. Donc M. Cardinal m’interpelle dans le terrain de stationnement: me montrant le nombre de véhicules (peut-être une centaine), il me dit que nous n’avions qu’à voir toutes ces voitures de travailleurs pour constater que La Rolland se porte bien, contrairement à ce que notre enquête avait révélé… (À ce propos, prenez note que je la connais par cœur la ritournelle débile que l’on nous sort dans ces cas-là, ces cas où nos dossiers dénoncent des gestions douteuses ou des situations «administratives» coûteuses pour les citoyens – coûteuses souvent à plusieurs niveaux : économique, environnemental, patrimonial…: «Accès tombe dans le sensationnalisme»… Obser-vez bien: la chansonnette est reprise ad nauseam par… les «principaux intéressés» de ces dossiers, ou encore leur entourage! Beau refrain de désespérés… allez, tous en cœur! Quand le Titanic coule, ce qu’il faut entonner ce n’est pas plutôt Plus près de toi mon Dieu?!… Nous avions donc fait, avec ce premier dossier sur La Rolland, «du sensationnalisme». Ben oui, ce doit être ça…) Une centaine de véhicules, un jour de semaine, stationnés à La Rolland, cela démontre que la situation n’est pas si pire, M. Cardinal? En fait, il devrait y en avoir cinq fois plus. Charles Garnier, le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut, qui s’est intéressé au dossier, me déclare – à moi, le «rédacteur en chef sensationnaliste»!… – qu’il faudrait maintenant que La Rolland soit vendue à des intérêts privés, ou alors «que l’on mette la clé dans la porte». Vous savez, lecteurs, M. Garnier je le considère comme un «vieux sage», qui navigue avec intelligence (et avec élégance aussi) sur les eaux politiques laurentiennes (et même nationales d’ailleurs); un «vieux sage» qui sait composer avec les innombrables touches du clavier municipal; qui ne craint rien ni les ours quand il en croise en forêt, ni les combats de boxe que représente parfois l’arène politique. Pourtant, là, peut-être tire-t-il un trait trop vite… On parle de La Rolland, à la fois un patrimoine et un avenir; il s’agit quand même de l’unique édifice à vocation «nouveaux médias» des Laurentides, bordel! Avez-vous lu l’enquête de La Presse, parue la semaine dernière? Ce type d’édifice, calqué un peu sur l’idée de la Cité du multimédia de Montréal, est en demande partout au Québec… Partout des entreprises web, créations de jeux vidéo, mise en place de réseaux, etc. cherchent des lieux semblables, et s’y regroupent. Partout au Québec, ce genre d’édifice est rempli à pleine capacité… Et nous, ici, rien? Où vont donc travailler les jeunes «formés informatique» au Cégep de Saint-Jérôme? Hé oui!, demain matin Mourial m’attend…

20 000$ d’intérêts… par mois!

La gestion déficiente du projet jusque là a un coût… euh… sensationnaliste, oui. Selon l’information obtenue par Accès, il a été versé en fonds publics municipaux à la Corporation du Parc d’affaires La Rolland 2 150 000$ depuis le lancement du projet. De plus depuis février 2008 la Corporation ne pouvant plus assumer ses obligations au-près de la Caisse populaire des Pays-d’en-Haut, c’est la Ville de Sainte-Adèle qui assume les intérêts dus par la Corporation auprès de ce créancier : du 1er février au 1er janvier, plus de 90 000$ ont ainsi été versés par la Municipalité, directement à la Cais-­se… faites le calcul : citoyens adélois, en plus des sommes déjà versées par notre Municipalité à cette Corporation, vous assumez 20 000$ d’intérêts mensuellement pour des créances contractées auprès de la Caisse (et qui n’inclut pas le remboursement du capital!) C’est des bidous ça mon chou, pour un lieu au potentiel formidable, mais pourtant aux trois-quart vide.

Ces chiffres que nous révélons aujourd’hui, cet argent venant des fonds publics font frémir; en ce sens, Charles Garnier a raison de vouloir stopper rapidement cette hémorragie… Pourtant avant de faire des condos (ou tout autre chose que voudra bien en faire une compagnie privée) de tout ce domaine qu’est La Rolland, peut-être devrions-nous examiner d’autres avenues pour sauver ce patrimoine à l’immense potentiel et le conserver pour la collectivité… À compter de la mi-août, dans cette chronique, je vous proposerai ni plus ni moins qu’un «plan pour sauver La Rolland»… les idées d’un gérant d’estrade… dont la consultation ne coûtera pas un sou aux contribuables!

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