Le gazon jusqu’au lac… ou presque!
Naturalisation des berges 101
Avec l’annonce cette semaine d’une augmentation considérable de points d’eau touchés par la cyanobactérie ou l’algue bleue, on ne peut plus faire la sourde oreille: il est grand temps d’agir!
Nous avons parlé la semaine dernière de la situation des murets de pierres ou de béton, maintenant attardons-nous à l’aménagement le plus fréquent sur le bord de nos lacs: le gazon qui se rend jusqu’à l’eau ou presque.
D’abord, il faut savoir que la loi nous oblige maintenant à naturaliser les premiers 5 mètres à partir de l’eau. Ces cinq mètres, on se doit de les calculer à partir de la ligne des hautes eaux, soit à partir du niveau d’eau le plus haut au printemps et ce dans les deux dernières années. Aussi, si votre terrain sur le bord de l’eau est en pente, vous devez alors non pas prendre la mesure en suivant le terrain mais plutôt tirer une ligne imaginaire perpendiculaire à l’eau jusqu’à la hauteur de votre terrain et mesurer à partir de ce point 5 mètres vers votre terrain. L’objectif derrière cette loi est de recréer le filtre végétal que nous avons éliminé en déboisant nos terrains. Un des problèmes de nos lacs est qu’ils reçoivent un trop grand apport en azote et en phosphore. Cela vient de nos fosses sceptiques entre autres et aussi de toutes sortes de produits que nous utilisons dans la vie de tous les jours. Les plantes sont tout à fait capables d’assimiler l’azote et le phosphore; en fait elles en ont besoin. Rappelez-vous les trois principales composantes des engrais: azote, phosphore et potassium. Cependant, quand il y en a trop, elles n’y arrivent pas. En déboisant nos terrains, on a donc éliminé une grande partie du filtre végétal naturel. On parle aujourd’hui des terrains sur le bord des lacs, mais en fait il en est de même sur l’ensemble de nos terrains… pensez au bassin versant! L’objectif est donc clair: on veut recréer le filtre végétal, et c’est aussi valide dans les situations de murets. Évidemment, vous avez toujours le droit à un accès de cinq mètres pour vous rendre au lac, à votre quai par exemple. Cet accès doit être en angle par rapport à l’eau, pour éviter qu’il ne devienne un canal pour l’eau de surface, sans filtration.
Alors, naturalisons! Ce que ça veut dire? Il s’agit simplement de planter dans cette bande de cinq mètres des végétaux qu’on appelle de naturalisation. La particularité de ces végétaux est qu’ils sont complètement adaptés à notre climat. Ils sont pour la plupart indigènes au Québec. Ils sont rustiques, rarement affectés par la maladie et les insectes, et donc ne requièrent peu ou pas de soin. Et ils ne devraient pas. Cette bande de cinq mètres doit redevenir ce qu’elle aurait été ou presque sans l’intervention de l’homme. Je sais qu’une grande préoccupation de beaucoup d’entre vous qui êtes touchés par cette loi, est la peur de perdre votre vue, de la lumière etc. Et la beauté des plantes de naturalisation, est qu’il en existe de toutes les tailles ou presque! Le cèdre par exemple est une plante indiquée. Il est certain que si vous plantez des cèdres sur tout le bord de l’eau, dans quelques années, vous ne verrez plus rien. Alors, une naturalisation ça se planifie, si on le veut. Je vous ai parlé la semaine du myrica gale (myrique baumier); c’est un arbuste qui va atteindre autour de 1,20 m de hauteur, donc plutôt intéressant. La semaine prochaine je vous dresserai un tableau des plantes de naturalisation et de comment les planter. Ce qui est important surtout, c’est de planter la bonne plante au bon endroit. On le sait, sur le bord des lacs comme ailleurs, il y a des terrains au plein soleil et d’autres plus à l’ombre. Il y a des terrains ou des portions de terrains qui restent humides très longtemps et d’autres qui sont plutôt sèches. Alors s’il faut planifier en fonction de sa vue, il faut avant tout planter en fonction des conditions pour s’assurer de la survie de ce qu’on va planter!
Avant de vous quitter…
Pour ceux d’entre vous qui sont résidents de la MRC des Pays d’en Haut, je dois également vous aviser d’une autre directive qui devrait faire son apparition l’année prochaine… La MRC a décidé d’aller un peu plus loin pour protéger ses lacs, et pour cela on ne peut que la féliciter. Concrètement ce que ça veut dire, c’est que dès l’an prochain, il sera interdit de tondre le gazon sur les 5 mètres suivants la bande de naturalisation; ce qui porte la bande protégée à 10 mètres. Il est donc temps d’y penser. Certains propriétaires riverains ont déjà choisi de naturaliser sur une bande de 10 mètres; d’autres laisseront tout simplement la nature reprendre ses droits. Si on a fait de mauvais choix par le passé consciemment ou non, maintenant on se doit de faire le bon choix. La naturalisation des berges, c’est un MUST! Et c’est la loi…
Chantal Rochette _Au Coin du Jardin