L’école, qu’ossa donne?

Par Journal Accès

Veuillez prendre note que dans la version imprimée, l’introduction de la chronique de Jean-Claude Tremblay a été accidentellement effacée. Nous nous excusons auprès de l’auteur et de nos lecteurs pour les désagréments occasionnés. La rédaction.

Chronique d’un X

Jean-Claude Tremblay – Aujourd’hui, tout a bien changé. Les métiers traditionnels ne sont plus légion, ils ont fait place à l’internationalisation. Les horaires de travail sont chambardés, et le plein emploi n’est plus qu’une rare denrée. L’entrepreneuriat est dorénavant l’avenue la moins risquée, et la hiérarchie classique est vertement contestée.

Les familles, elles, sont tantôt éclatées, souvent reconstituées, et résolument renouvelées. De la clé dans le cou jusqu’à l’enfant roi, les générations se suivent, mais ne se ressemblent pas.
L’environnement, lui, est publicité. Il est médiatisé. Il est surexcité. Il est performance et anxiété. Il est essoufflé.
Le système d’éducation, lui, est usé. Il est ignoré par des parents désengagés, animé par des éducateurs débordés, modifié par des élites déconnectées, subi par des jeunes humains en quête de nouveauté. Ultimement, il est dépassé par une nouvelle réalité.
Si nous étions en 1968, le grand Deschamps nous ferait sûrement réfléchir en nous demandant : « L’école, qu’ossa donne? ».
Un peu plus de 100 ans avant l’Osstidcho s’amorçait la révolution industrielle, qui allait bouleverser le monde, d’hier à aujourd’hui.
Chemin faisant, il fut une époque où l’objectif en Occident était de fournir en main-d’œuvre l’industrie. Depuis longtemps, le modèle d’éducation est à la remorque de la société, au lieu d’en être le fondement, malgré les doléances des élus, qui argueront le contraire sûrement.
À preuve, le fonctionnement scolaire était calqué sur la réalité d’un travailleur d’usine. Le système remplissait ainsi son mandat de conditionner ses adhérents au régiment du 8 à 5, aux pauses à heures fixes, au son de la cloche à la Pavlov, au modèle d’obéissance maître-élève (patron-employé). Nous formions donc des employés, et non des écoliers. En langage chic d’aujourd’hui, on appellerait ça des vieux paradigmes. Est-ce moi où les choses ne semblent guère avoir changé ?
Bienvenue dans une nouvelle ère, une sans frontières. En ces temps de surperformance, où la collectivité ne sait plus où mettre les pieds, où elle ne sait plus comment danser, ne devrions-nous pas nous questionner? Dupuis frères n’est plus, Eaton non plus, leurs semblables ne tarderont plus. Les modèles économiques traditionnels ont été remplacés, et le système scolaire, lui, peine à évoluer.
Nos jeunes n’apprennent plus de la même façon et, pourtant, nous pressons toujours le même vieux citron.
Aujourd’hui, vous pouvez apprendre l’allemand sur votre téléphone intelligent à Saint-Colomban, étudier à Harvard de votre ordinateur à Saint-Sauveur – toutes les connaissances et le savoir-faire sont accessibles en quelques clics. L’Internet ne coûte pas 17,2 milliards par année, on doit donc se questionner sur la nouvelle manière de soi-disant éduquer. Chose certaine, je crois que le tout devra s’articuler autour du savoir-vivre et du savoir-être, dans notre culture où il fait trop souvent bon paraître. L’école doit devenir une référence comme jamais auparavant, un lieu culte, un lieu de rassemblement. Un endroit amusant, inspirant, et invariablement stimulant.
Approche inspirée de Waldorf, de Pikler-Loczy ou de Montessori ? Finlandais comme environnement ? …Où il fait bon décrocher à moins de 1 %? Au régulier, école spécialisée, en format alternatif ou au privé? Il faut définitivement se le botter : rien ne doit être écarté pour assurer notre pérennité. Il est grand temps de se lancer et de tester, arrêtons de tergiverser. Inspirons-nous des meilleurs, mais utilisons notre créativité de bâtisseurs.
Pendant que nous nous entredéchirons, à coups de table ronde plutôt carrée, le bateau a percuté le glacier et est en train de couler. Nous? Eh bien nous, nous sommes en train de tranquillement le peinturer. Il est grand temps de laisser l’eau coulée, et de quitter avec le bébé.
Nous n’avons pas besoin d’un autre plan quinquennal ni d’une autre réforme qui finit toujours par nous faire mal.
Nous avons besoin d’une toute nouvelle vision, de rien de moins qu’une révolution. Une à hauteur de nos ambitions, à l’image de ce que nous voulons, et surtout, de ce que nous méritons.
Vous souhaitez réagir ? Écrivez au journal à redaction@journalacces.ca
ou à l’auteur:  jctremblayinc@gmail.com

1 commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés