Montre-moi tes chaussures, je te dirai qui tu es

Par Sandra Mathieu

Ce matin, je me suis enfargée dans mes souliers de course à crampons. C’est là que ça m’a frappée de plein fouet. Je m’éparpille! Et pas seulement dans le sens de répandre des objets çà et là, selon la définition du Larousse. Je parle ici du fait que j’ai beaucoup de mal à concentrer tout mon temps et toute mon énergie à une seule et unique passion. Mon étagère à chaussures en fait foi à elle seule et, en plus, elle fait fi de tous les sports que je pratique pieds nus!
Par contre, je suis fidèle à ma façon. Je nage synchrone depuis 25 ans, mais j’ai rapidement fait une croix sur une carrière sportive exclusive parce que, pour moi, la vie ne peut se résumer à une répétition des mêmes gestes 30 heures par semaine.
Contrairement à plusieurs de mes semblables, ce n’est pas parce que j’ai un nouveau trip que je laisse tomber les autres. Je veux m’adonner à tout ce qui me fait vibrer et bien me débrouiller, sans pour autant rechercher l’exploit à tout prix. Certains perfectionnistes me verront comme une athlète brouillon, les plus sédentaires me qualifieront d’hyperactive finie. Ils n’ont pas tort. Je m’assume. C’est dans la variété, l’équilibre et la liberté que se situe le bonheur pour moi.
Cela dit, je l’avoue, j’ai toujours admiré les olympiens, les coureurs d’ultra-trail ou encore les mordus de grimpe troubadours qui parcourent le monde à la recherche de défis verticaux. Ces accros se donnent corps et âme pour améliorer un temps, peaufiner un mouvement, devenir plus forts, plus rapides, plus endurants, plus agiles, plus parfaits! Et ils réussissent!
Moi, de mon côté, je joins des communautés diverses, je participe à une quantité d’événements de différentes disciplines chaque année, je découvre de nouvelles activités régulièrement et je me sens en vie. Les rares fois que je remporte une médaille, je brille souvent par mon absence lors de la remise… un autre sport m’appelait.
Je multiplie les occasions de bouger, d’explorer mes limites et de relever mes petits défis personnels autant dans mon quotidien que lors de mes voyages. Vous me croiserez donc en posture du guerrier sur ma SUP, dévalant les sentiers du parc régional, accrochée à mon myFloat au milieu du lac Raymond, sur les pistes du mont Saint-Sauveur, sur les traces du légendaire Jackrabbit, dans une crevasse de glacier en Équateur, en kayak de mer sur le Saint-Laurent, varappes aux pieds sur une paroi de Val-David ou de Cuba, sur deux roues avec mon hybride un peu mal en point, en exploration sous-marine à Fidji, en rafting sur l’Amazone… et même parfois sur un terrain de golf! Je vous l’accorde, mon garage est bien rempli et mon walk-in ressemble à un entrepôt de plein air.
Je suis tantôt seule, tantôt accompagnée de mon chum, de ma fille ou d’amis. Au crépuscule de ma trentaine, je n’essaie plus de convaincre qui que ce soit que telle ou telle discipline change la vie en mieux. Je ne partage pas mes performances sur Facebook et je prends rarement des photos. Je profite du moment tout simplement, sans chrono, ni GPS, ni cardiofréquencemètre.
Bonjour, mon nom est Sandra et je suis une sportive caméléon… aux multiples chaussures!

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