Un permis de conduire ne vient pas avec une garantie à vie!

Par Journal Accès

Diane Baignée, collaboration spéciale – Quand on pense à la conduite automobile chez les aînés, quelles sont les images qui vous viennent en tête?  Sans trop y réfléchir, on voit quelqu’un pas très haut sur son siège, avancé sur son volant, qui roule lentement et qui ralentit la circulation, non? Est-ce que ces perceptions sont fondées? Pas toujours, mais parfois. Voilà pourquoi…

Un permis de conduire est un privilège et non un droit

La dénonciation d’une personne âgée jugée inapte à la SAAQ dans le but d’un retrait ou de restrictions d’utilisation dudit permis est toujours une intervention délicate. Le professionnel de la santé et même un membre de la famille craindront sérieusement que des accidents surviennent pour agir de la sorte. Pour un conducteur âgé, c’est bouleversant d’être confronté à un tel deuil.

Pourquoi les réflexes sont-ils moins rapides?

Saviez-vous que 59 % des accidents causés par une personne de plus de 65 ans sont dus à une non-perception du risque.
La manière dont on analyse ce qui se passe autour de soi sur la route et la vitesse à laquelle on exécute une manœuvre sont des fonctions principalement mises en cause lors d’accrochages dont les personnes aînées sont responsables. Quoique des études démontrent qu’ils font moins d’accidents, on constate que si les aînés conduisent plus lentement, c’est souvent pour pallier la perte de certaines habiletés. Certaines fonctions cognitives diminuées comme la mémoire et l’attention peuvent être dangereuses au volant.
Les aînés conduisent moins souvent. Donc, moins on pratique une activité régulièrement, moins nos fonctions et sens sont sollicités. En revanche, plus les personnes en âge avancé conduisent et plus le risque d’accident s’accroît.
Avec les années, notre concentration, notre mémoire, nos réflexes diminuent. Saviez-vous qu’une personne de 80 ans a besoin de six fois plus de lumière pour voir avec autant de précision qu’une personne de 20 ans? De plus, le champ visuel devient plus étroit au cours de la vie.

Ce n’est pas l’âge qui est en cause, mais plutôt les problèmes de santé

J’ai côtoyé pendant une dizaine d’années des personnes de 65 ans et plus dont la perte de vision était suffisamment avancée qu’elles devaient faire face contre leur gré à l’abandon de la conduite automobile.  Pour elles, perdre son permis de conduire, c’est l’une des plus importantes pertes à vie.  L’abandon du permis de conduire couplé au deuil de la conduite automobile conduisent à un double deuil.  La possibilité de partir de chez soi pour aller où bon nous semble procure un sentiment d’autonomie, d’indépendance et de liberté.
Ernest âgé de 81 ans avec qui je me suis entretenue, aux prises depuis quelques années avec une maladie neurologique dégénérative, me confiait qu’il n’avait pas encore « digéré » l’annonce faite par son neurologue à savoir qu’on lui retirait son permis de conduire.  « C’est fini, je ne peux plus conduire et je suis pris dans une prison, chez moi maintenant », me dit-il.
De fait, ses déplacements étaient devenus très laborieux et épuisants ainsi que sa coordination difficile. Il était clair que le maintien du permis aurait eu pour conséquence de mettre en danger sa vie et celle des autres sur la route. Du soutien est parfois nécessaire pour traverser cette perte combien difficile à accepter.

Mettre les chances de son côté : adapter sa conduite

Il ne faut pas se décourager. Certains centenaires conduisent encore! Mais avant d’en arriver à se voir enlever son permis, voyons quelques moyens préventifs :
– Éviter de conduire lorsqu’il fait noir, lorsque la chaussée est mouillée, glacée ou enneigée, lors d’intempéries, lorsque vous êtes fatigué, stressé ainsi que lors des heures de pointe
– Favoriser les trajets connus, visualiser l’itinéraire avant de partir ou bien demander à quelqu’un de prendre le volant, si nécessaire
– Utiliser une technologie vocale (GPS ou Google Maps), si connue et appréciée
– Passer un examen de la vue chez un optométriste une fois l’an
– Éviter de conduire si vous avez pris des médicaments ou autres produits qui altèrent vos facultés
La Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) exige aux conducteurs de plus de 80 ans une attestation tous les deux ans. Un examen de conduite peut être demandé par le médecin si ce dernier le juge nécessaire.  La SAAQ pourra évaluer si le permis doit être maintenu, retiré ou si des conditions de restriction doivent être appliquées.
Vous pouvez obtenir des informations pratiques pour conducteurs aînés disponibles sur le site Internet de CAA-Québec. Voici l’hyperlien : conducteurssages.caa.ca
Diane Baignée est travailleuse sociale en pratique privée.
Adressez vos commentaires, questions ou suggestions de sujets à diane.baignee@gmail.com

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