Quand tu serres la main du diable

Par Éric-Olivier Dallard

C’était sur le plateau de l’émission de télé Droit de parole, animée par Anne-Marie Dussaut; Télé-Québec m’avait demandé de participer à une discussion sur le thème «Les médias sont-ils obsédés par le sexe?» Oui, très exactement ce thème-là. (J’y avais notamment croisé le fer avec Anne-Marie Losique, dont le propos – fort intéressant – voulait que les médias ne soient pas obsédés par le sexe, mais plutôt qu’ils ne soient que le reflet des obsessions de la société à laquelle il s’adressent).

C’était il y a environ cinq ans. Si l’on m’avait convié à débattre, c’est que j’avais écrit, dans l’hebdomadaire Voir, une chronique sur la pornographie dans laquelle je proposais celle-ci comme un «nouveau combat pour les féministes», parlant des dérives (pornographiques) et de leur influence pernicieuse et insidieuse sur les rapports hommes / femmes. C’était donc, disais-je, il y a cinq ans. La semaine dernière le Conseil du statut de la femme a émis un rapport fortement médiatisé, intitulé: «Le sexe dans les médias: obstacle aux rapports égalitaires». Oui, très exactement. À peu de mots près le même débat que celui tenu sur les ondes de Télé-Québec. Je redirais aujourd’hui, sur ce sujet, ce que je déclarais alors à Droit de parole: si les gens veulent des émotions fortes, ils louent un porno ou bien ils vont au cirque; les journalistes ne sont ni des pornographes ni des clowns. Cepen-dant pour ce qui est de la pornographie elle-même, dont parle aussi le rapport du Conseil, le sujet est plus délicat, en ce qu’il fait appel, en fait, à la notion, déplaisante et dérangeante, de «censure». Oui, j’ai l’intime conviction que cette industrie et la diffusion de ses produits contribuent à donner une tangente à l’ensemble des rapports sociaux, et que cette tangente va à l’encontre du principe d’égalité des sexes. Non, je n’ai pas d’étude pour le démontrer, sinon une forte intuition.

Mais alors quoi? L’islam, ses barbus et ses burqas?

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