Sauvons «Nous», pas la Terre !

Par Journal Accès

Vous n’avez AUCUNEMENT le temps de lire ça. Vous êtes occupés. Vous avez une maison et des enfants à entretenir. Un patron à satisfaire, une clientèle à faire sourire, une piste de vélo à serpenter. Vous avez des besoins primaires, comme demeurer en forme par l’exercice ou la méditation, vous avez le goût de rire, de boire et de paraître convenablement.

Vous avez aussi grand besoin de vacances. Même si des fois vous auriez bien envie de dire quelque chose, de vous exprimer librement et publiquement, vous n’êtes pas trop sûr de la validité de vos données, vous n’êtes pas certains de ne pas être un peu fou, un peu Alzheimer, un peu con.

Alors des fois vous allez lire, vous allez vous informer. Mais pas trop souvent et pas trop longtemps parce que vous n’avez pas le temps. Pas le temps pour apprendre une langue étrangère, un instrument de musique, l’histoire du cinéma américain contemporain, ou encore, quelque chose d’utile, comme la lecture rapide, ce qui vous permettrait (paradoxalement) d’apprécier ce texte en diagonale, c’est très efficace de passer par l’hypoténuse.

Vous n’avez pas le temps de lire ça, me semble que c’est clair. Arrêtez-ça ici.

Bon, pour les chômeurs et les retraités qui sont encore ici, voici un petit message divertissant: on entend partout qu’il faut sauver la planète; «Sauvons la terre»; on demande des gestes concrets sinon… sinon quoi? Hein? On voit bien que vous n’avez jamais dialogué avec la Terre, car elle s’en contre-crisse au plus haut point je vous jure, la Terre. Ses glaciers nous fondent dessus, son atmosphère se pollue, son pétrole disparaît, ses animaux, sa faune et son écosystème actuels sont à tout jamais modifiés. Ouais, Big Deal !

Vous n’entendez pas qu’elle s’en moque complètement? Elle a même ce petit sourire en coin, la Terre. Elle pouffe de rire, la Terre. Car la vérité, la vraie vérité vraie, c’est NOUS, les fils angoissés de la Terre, que nous voulons sauver et que nous devons sauver, pas la Terre!

La Terre, ce qu’on y fait, c’est en comparaison, à peine une éraflure sur le genou de votre bambin de 10 ans – il s’en souviendra plus le jour de ses noces. Car la Terre elle a passé par pas mal plus de cataclysmes et de tragédies dévastatrices au fil des ans, que la simple présence gênante de petits hommes parasites venus lui souffler de la boucane dans la face l’espace d’une seconde, que dis-je, d’une fraction de seconde de son existence. La terre a fêté d’ailleurs, il y a à peine 400 000 ans, ses quatre milliards et demi d’années. Bonne fête en retard.

Donc on peut cesser l’hypocrisie, c’est notre peau qu’on veut sauver, rien d’autre.

Et puis cette terre, La Terre, c’est rien de moins qu’une grosse salope qui se crisse pas mal de tout; qui a en réserve, si elle se fâche, de la lave brûlante dans son sac, des plaques tectoniques à vous faire sacrer, des océans beaucoup trop pleins, elle a des trucs dans son chapeau la Terre; «ayé», elle attire inéluctablement d’années en années, les seins de ma blonde vers elle; elle en rit et on en pleure. Elle nous retire le soleil à tous les jours comme lorsqu’on ferme la lumière dans la chambre des enfants en pénitence. Elle nous fait regretter d’être monté à l’étage sans faire attention – bang, elle nous casse le cou. Elle a su mélanger les composantes pour créer la vie, y a-t-il plus sadique que de créer la vie, donc la mort? Laissez-là tranquille la Terre, elle ne vaut même pas la peine qu’on s’en occupe. C’est de nous dont il est question, ses fils adoptifs frustrés. C’est nous qui avons peur. C’est nous qui ne savons pas comment s’y prendre pour avoir le dessus. Sauvez la race humaine. Sauvez les animaux. Soyons égoïstes et romantiques. Même avec la force des dinosaures, rien n’y fait, eux-aussi y sont passés et pourtant, ils avaient mille fois plus de ressources et d’intelligence; eux non plus, n’en sont pas venus à bout. C’est difficile, survivre ici.

Je vous laisse sur une note édifiante, les mots Homme et Humus ont la même racine indo-européenne antique, «Ghom», qui était le principal nom de la Terre, c’est donc dire que l’homme sort de la terre.

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