Sortir du placard

Par Josée Pilotte

Après les «probiotiques» de la semaine dernière, je me mets en mode «glucosamine» cette semaine. Bref: «parlons vieux»!

Les retraités sont en demande. Plus que jamais, et particulièrement dans les Laurentides. Dans la dernière livraison d’**Accès**, pas moins de deux textes font allusion à cet état de fait. Le premier, clairement titré: «Intéressé par un retour au travail? Un projet pour les retraités». Le second, sur l’industrie touristique et la création d’une école-entreprise à Saint-Donat, où est rapporté qu’il est «difficile de recruter du personnel à temps plein» et que «le manque de personnel qualifié et le manque d’expérience des candidats sont les principales difficultés» rencontrées par les entreprises d’ici.

Alors, on veut sortir nos retraités de leur retraite? On les réclame sur le marché du travail? N’ont-ils pas déjà donné? Pour moi, que «nos vieux» (ne criez pas: c’est affectueux) agissent à titre de mentors, de coach, à la limite de mécènes, c’est parfait; voilà un espace où leur expérience peut prendre toute sa résonance. Mais que l’on cherche à les placer à l’accueil d’une station touristique, ou bien comme préposé à la location d’équipement d’une station hivernale, ça dépasse l’entendement… Là, on pourrait parler d’employés surqualifiés! J’aime mieux voir nos personnes du bel âge dans des activités qui les mettent en contact avec la nouvelle génération que de se taper du 9 à 5 derrière une caisse enregistreuse! Vous gens de sagesses, qu’en pensez? Peut-être qu’encore une fois je me mêle de ce qui me regarde pas… Mais – quand même! – lorsque je lis que le comptable Pierre Papillon «expliquera brièvement (aux retraités) certains aspects fiscaux d’un (éventuel) retour au travail», je me demande: «Quoi?! Mais que va-t-on bien pouvoir proposer à ces gentilles personnes retraitées? D’investir (encore!) dans des REER afin de ne pas perdre leur droit… aux prestations de retraite?!»

Quel est donc le problème dans les Laurentides? Le sondage commandé par la Chambre de commerce de la Vallée de Saint-Sauveur, dont **Accès** présentait les résultats la semaine il y a deux semaines, dit beaucoup: havre de paix, destination prisée, environnement trippant, plein air accueillant. C’est d’ailleurs en ces termes que je vante ma région aux employés que je cherche à recruter pour mon entreprise, et ça marche! Et, à dire vrai, l’âge moyen de mes collègues, chez **Accès** oscille plus autour de 35 que de 60. Serais-je un vecteur de rajeunissement de la population laurentienne?! Ah oui!, en passant, je salue John, notre dévoué représentant de 72 ans, ainsi que le tout jeune Jean-Paul, 61 ans, que je m’en voudrais de passer sous silence! Quand je vous dis que je suis pleine de contradictions….

Cela dit, plus sérieusement, si l’on attire le touriste de passage, l’on ne parvient pas à séduire le travailleur. Et l’on ne parvient pas non plus à juguler l’exode de notre jeunesse. Le paradoxe entre tourisme et travail est frappant; l’on est loin de la «ville-morte» ou de la «région désertée», bien au contraire: les Laurentides grouillent de monde, d’activités; les Laurentides vivent fort et vivent bien. Alors, pourquoi cette pénurie constante de main d’œuvre?

Le manque d’emplois de qualité disponibles est sans doute une première raison, surtout quand on le met en parallèle avec le coût de la vie (en effet qui, au salaire minimun, peut s’offrir un logement digne de ce nom dans notre (par endroit) luxuriante et luxueuse MRC?) Je sais que certaines municipalités l’ont compris, et commencent à offrir des logements à prix abordable pour leurs «travailleurs» et leurs «jeunes familles». Mais c’est encore loin d’être suffisant.

Le début du début de l’ébauche d’une solution réside dans une réflexion sur les infrastructures offertes aux résidents permanents… Mise en situation: vous voulez (ou avez déjà) des enfants. Jusqu’à 5 ou 6 ans, ça va, l’environnement laurentien est – selon moi – l’idéal pour élever un enfant, et en faire un être équilibré. Mais après, qu’y aura-t-il pour les occuper sportivement et intelligemment? Le vide total? Si l’on ne veut pas passer tout notre temps dans la voiture entre l’aréna de Saint-Jérôme et la piscine de Sainte-Agathe, il faudrait sérieusement songer à se munir d’infrastructures pour attirer les jeunes famille dans notre beau coin de pays.

Parlant piscine, en ce qui me concerne, il n’est pas question qu’on vienne me «repêcher» après 55 ans: je serai alors bien trop occupée à parcourir le monde pour y (re)cueillir des histoires à raconter à mes petits-enfants. C’est que je veux quand même faire honneur à la «grand-mère-nouvelle-version» de ma chronique de la semaine dernière!

L’idée de ramener les retraités sur le marché du travail est peut-être bien la seule solution du moment à la pénurie de main-d’œuvre. Mais il ne faut pas perdre de vue que cela doit rester une solution temporaire, un «patchage».

Au fond, la vraie question c’est: mais où donc sont les jeunes? Partis faire le tour du monde, un sac au dos? Tiens!, ça me donne des idées… Je pars! Là, maintenant, pour un moment. De retour… un jour… En fait dans 10, soyons raisonnable. D’ici là, je me paie un «road trip» amoureux en décapotable sur la côte Ouest!

N’y aurait-il pas une retraitée dynamique, derrière ses lunettes, son bureau et son écran, pour prendre la relève en mon absence?
**La chronique Espace griffé sera sur la route la semaine prochaine.**

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