Tout sauf docile
Par Mimi Legault
La chronique
À mimi
Un jour, la directrice vint me voir dans ma classe pour me dire : « Comme ça, j’ai appris que tu donnais encore des dictées quotidiennes à tes élèves. Il faudrait arrêter ça tout de suite, ce n’est pas indiqué dans le nouveau programme ». J’avais alors répondu poliment, mais sur un ton ferme, que j’étais tout sauf docile. Ses arguments demeurèrent lettre morte. Les preuves parlaient d’elles-mêmes. Ces enfants-là, je les prenais en 2e année et les gardais jusqu’en 5e année. Trois ans de vie ensemble. Mais lorsqu’ils arrivaient au port, ils savaient écrire et ne craignaient pas le syndrome de la page blanche. J’imaginais des phrases drôles en dictées, leur proposais des textes loufoques en écriture. Ils avaient du plaisir à apprendre le français. Tout ça pour vous dire que lorsque la docilité est passée, j’affichais absente. Par définition, on dit d’une personne docile qu’elle est disposée à se faire conduire ou à se faire diriger.
Bien le voilà notre trouble au Québec : nous sommes un peuple soumis depuis trop longtemps.
Nos premiers colons furent, dès leur arrivée, contraints à l’obéissance sous l’emprise de nos curés et de nos dirigeants politiques. On était nés pour un p’tit pain.
Mais en 2017, qu’en est-il? Hélas, j’ai beau me tourner la tête de tous bords, tous côtés, il y a encore, à mon goût, trop de larbins et de paillassons. La docilité révèle parfois un caractère fayot qui décide de se taire plutôt que d’aller au front. Ça peut se refléter dans un couple. Souvent, l’un dirige et l’autre suit et se fait coucouche panier. Pas de violence physique, mais une forme insidieuse de mouler la pensée de l’autre pour lui faire hocher la tête du bon bord des choses en signe d’assentiment.
Conclusion? L’autre ne prend plus sa place, il est toujours sur le territoire de celui qui mène, privé du droit d’être lui-même, de l’autorisation de s’affirmer et de pouvoir dire non. Une sorte de suicide partiel.
Je m’attends à me faire dire que la docilité est plutôt une belle qualité. Peut-être. Mais elle loge dans un si petit contenu qu’elle devient rapidement une sorte d’engourdissement à se laisser diriger et à choisir de fermer sa gueule pour éviter toute confrontation.
Ça ne s’arrête pas là : écoutez les propos de Philippe Couillard. Si vous ne pensez pas comme lui, c’est vous les méchants. Cet homme supporte mal la contradiction. À preuve, la plupart de ses ministres sont devenus des bénis oui oui abonnés à une lâche docilité. Là où le bélier passe, les moutons suivent.
Je ne vous demande pas d’aller manifester ce soir à Québec en sortant vos pancartes ou de foncer dans un missile, mais plein de petites choses pourraient changer en démontrant votre écœurement aux assauts répétés de Couillard contre les Québécois.
Des exemples? Lâchez pour un instant vos écrans, discutez de ce qui se passe présentement dans le monde politique. Délaissez Facebook ou vos téléromans pour un moment et allez lire des chroniques de journalistes qui sont sur le terrain. Faites-vous une opinion et agissez en conséquence.
Le chef libéral se gargarise de mots que la plupart ne comprennent pas. Quelle grossière prétention! Je vais emprunter un franc-parler à la Trump pour le traduire : il vous traite de tête de morue, de patate sèche. Vous ordonne de ne pas aller jouer dans son carré de sable. Il vous fait comprendre en bon père de famille qu’il vous manque du millage dans nos espadrilles, mais qu’il veille au grain, que c’est lui le chef. Oui, chef!
Il faudrait lui faire réaliser par des futurs sondages que le sentiment qu’il a de sa propre supériorité ne vaut que pour lui. Mais tout oiseau aime s’entendre chanter.
Envoyez des lettres ouvertes, parlez à votre député, réagissez! Notre soumission légendaire fait partie de notre ADN.
La bonne nouvelle, c’est que le peuple peut avoir le dernier mot. Rien de plus efficace qu’un Québécois qui décide qu’assez c’est assez. Allez, soyez tout sauf docile!
Des commentaires? Contactez Mimi Legault mimilego@cgocable.ca
1 commentaire
Bien dit… Oui la docilité fait partie de nos gènes.. On nous l’a gentiment incrustée ça faisait partie de notre culture dans une autre vie… A la maison.. on se tenait le grain serré.. et ça faisait se dresser la crête a M. le Curé…