Un été chaud

Par Mimi Legault

Parlons-en de cet été 2018. Au moment où j’écris ma chronique, nous venons tout juste de passer à travers une canicule qui a laissé derrière elle plus de 50 morts au Québec. Et une deuxième s’annonce pour la fin de semaine. Quel été jusqu’à maintenant! Chaud et humide. La saison estivale nous a offert tout un «show chaud».

Justement, il faisait tellement chaud que les gens se déshabillaient du regard, que les fonctionnaires suaient au travail, que mes rêves les plus fous sont tombés à l’eau, que j’ai «fondu» en larmes devant mon score au golf tout en démontrant mon caractère «bouillant».

C’était tellement humide que mon thermomètre a explosé, que mon amour s’est transformé en combustion lente, que j’ai sué mon huile de confirmation, que mon compte en banque est tombé à sec, qu’Éric Lapointe a bu de l’eau et que j’ai écouté des nouvelles fraîches tout l’été.

C’était si suffocant que l’un de mes amis a laissé tomber sa dernière flamme, que j’ai brûlé deux feux rouges, que j’ai évité d’aborder des sujets brûlants d’actualité, qu’après mes longues randonnées à pied, j’avais des ampoules allumées sous les pieds.

C’était si torride que même le chat était trop collant, que j’ai mis de la crème solaire dans la maison, que Saint-Sauveur est devenue pour un court laps de temps «Saint-Chaudveur». Bien plus que ça: si mon village-ville avait gardé son nom d’antan, Saint-Sauveur-des-Monts, il aurait fallu écrire «Saint-Sauveur-Démon» parce que c’était l’enfer!

Ceux et celles qui me connaissent savent que l’été et moi n’avons pas d’atomes crochus. Je m’ennuie des vrais étés où c’était peut-être chaud mais sec. Pas de facteur humidex. Il «m’énarve» celui-là! N’allez surtout pas croire que je demeure dans mon intérieur climatisé pour autant.

Cette année, j’ai fait en sorte de braver dame Nature qui se l’est coulée douce, bien installée dans son hamac. Golf tous les jours ou presque, natation, plage, chalet, ponton, pique-niques, mettez-en. J’ai beau faire mon possible pour me raccommoder avec l’été, il y a quelque chose qui ne passe pas.

Est-ce le bruit de la construction des maisons qui poussent plus vite que du chiendent? Ou celui des tondeuses ou des «zzzz» des p’tites bibittes? Bruits d’été.

Une anecdote. Ma cousine s’est acheté un petit chalet qu’elle a rénové à grands coups de cœur et de marteau. Sauf que devant, il y avait un grand lac. Devinez… Sur l’eau vibraient mille et un petits engins comme des «Sea-Doo» si doux à nos oreilles qui faisaient «vroum vroum» à longueur de journée et de soirée. C’est sûr que cela a causé des vagues! En achetant ce beau coin de pays, cousine s’attendait plutôt à entendre le gazouillis de son ruisseau ou le chant des «tits zoiseaux». Par une belle journée ensoleillée, cousine a capoté. Je le sais, j’y étais. On se criait par la tête pour bien se faire comprendre à cause du bruit des «vroum vroum». Comme ce n’était pas suffisant, le voisin a levé le son abrutissant de sa musique country. Hi ha! Cousine a lancé la palette du BBQ, les boulettes de steak haché ont suivi. Le jour suivant, la pancarte «à vendre» a poussé devant le camp comme une mauvaise herbe. Vendu!

Une deuxième anecdote que je me plais à raconter. Cet été-là, j’avais joué au tennis avec un groupe d’amis fort plaisants. Parmi eux, André, qui appréciait autant ses bons coups que son bronzage. Un bel été quasi sans nuages. Si bien qu’André avait fini par jouer le torse nu durant ses longues vacances.

Quelques mois plus tard, très exactement le 24 décembre, j’entre à la SAQ où une longue file d’acheteurs se déroulait jusqu’aux caisses. Soudain, j’entends mon prénom. Le gars en question, accompagné de son épouse et affublé d’un lourd manteau en chat sauvage (avec le chapeau qui allait avec) me dit devant je ne sais combien de personnes: «C’est moi, André du tennis!»

En toute naïveté, je lui avais répondu: «Ah! c’est toi. Excuse-moi, je ne t’ai pas reconnu tout habillé.» Profitez bien de ce mois d’août, car bientôt nous entendrons le cri des outardes qui partiront vers le sud. Yé!

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