une certaine idée de l’Humanité

Par Éric-Olivier Dallard

Plus même que la liberté…

Oui, nous sommes la liberté: c’est le titre de l’un des billets de Claude Jasmin publié dans Accès l’an dernier; sans doute celui qui lui a valu le plus d’incompréhension (d’incrédulité?) de la part des lecteurs, qui ont donné, dans un courrier enflammé, de vastes leçons d’une morale de pacotille, comme sait si bien en servir une gauche romantique, spontanée et un tantinet surranée (c’est quand même un comble!, servir une telle soupe à un tel homme, qui a démontré un véritable humanisme qu’il n’a jamais trahi au cours de sa vie publique, un écrivain dont chacune des lignes fait l’apologie de cet humanisme – un véritable humanisme, je le répète, et pas ce truc douceureux et vaguement écoeurant à force, dont nous abreuvent trop souvent les militants de tout acabit… – oui, servir une telle soupe à un homme dont l’humanisme ne s’est jamais démenti… faut du culot, et pas qu’un peu!) Dans Oui, nous sommes la liberté, Monsieur Jasmin écrivait une lettre à l’un de ses neveu parti «maintenir la paix» (on peut tergiverser sur la raison d’être de cette mission, la question n’est pas là) en Afghanistan. Il y disait en substance que, malgré un certain aveuglement ambiant et de bon ton, la cause qu’y défendent les soldats de l’Otan est juste. Deux petites anecdotes, voulez-vous, juste comme ça, en passant.

La première. Peu de temps avant les Fêtes une photo est parue, diffusée par une agence de presse européenne, qui n’a pas fait grand bruit au milieu des centaines qui alimentent quotidiennement les fils de presse: l’on y voit un taliban afghan (40 ans? 50? 60?) nouvellement marié, et sa jeune épouse. De 11 ans.

La seconde. Après une session d’entraînement au tir, les soldats états-uniens finissent en général bon tireur à la cible.

Bien sûr qu’il y a des «tueurs», de ceux pour qui la virilité au combat se résume ainsi:
– Vous savez la première chose que l’on ressent quand on tire sur un civil?
– (…)
– Le recul du fusil… hahaha! (rire gras)

Cela reste tellement rare que l’armée a dû prendre les grands moyens pour… C’est qu’elle a constaté – et chez suffisamment de recrues pour devoir agir – qu’en situation réelle de combat ses soldats étaient incapable de tirer sur une cible humaine, ils «figeaient». De la cible de papier à l’homme de chair, quelque chose se détraquait en eux. Il a fallu modifier les cibles d’entraînement afin de leur donner des contours plus «humains» pour que les choses commencent à «s’améliorer».

Comprenez-vous que nous n’appartenons pas à la même humanité? Que nous défendons une certaine idée de l’Humanité? Comprenez-vous bien laquelle? Et que nous sommes à armes inégales. Bien inégales, puisque les Morales ne sont pas les mêmes.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *