C’est pas comme ça qu’on fait l’amour.

Par Josée Pilotte

J’ai eu un retour de vacances assez merdique. Oui, mer-di-que c’est le mot. Nous avons mis les bikinis dans les valises, les valises dans l’avion. Et 48 heures pour faire Saint-Martin / Burglinton. Nous a-vons été prisonniers de l’aéroport JFK. Vous vous souvenez du film Le Terminal? Un immigré pris dans un no man’s land, sans visa pour entrer au pays, incapable de communiquer dans la langue de Shakespeare. Pris comme un pauvre con dans un foutu aéroport américain (en fait, Spielberg tournait à Mirabel, mais bon…). Vous vous souvenez? Et bien Tom Hanks c’était nous. Les cons.

On se faisait toute une joie de revenir à la maison écouter le début des Olympiques de Pékin, la ville des yeux bridés à la vérité bradée. La fausse chanteuse, la cérémonie d’ouverture truquée, les faux manifestants; nous on s’en fout, nous ce qui nous intéresse vraiment c’est les vrais athlètes avec leurs vrais efforts. Des athlètes plus grands que nature. Ce qui nous intéressent c’est ça. Des cons je vous dis. Des cons toujours pris à JFK , dans le terminal de Jet Blue où l’air se fait rare et l’Américain pur laine encore plus. Moi, qui rêve de l’Inde depuis toujours, j’suis maintenant certaine que Bombay, à côté, c’est de la petite bière… Mélange des accents, mélange des odeurs. Mélange de la Cité de la joie et de Terminal. Mou-vements. Un joyeux foutoir. Pourtant, j’ai toujours aimé ce que dégagent les lieux de départs: les gares, les quais, les gaz station du Maine, les aéroports. Pourtant, celui-ci était plus oppressant. Voyage pour voyage, cloué au sol, forcé à l’immobilisme, tu t’isoles dans ta bulle. Ce n’est pas vraiment un choix. Alors tu choisis l’autre voyage, celui des pages d’un magazine. On en apprend des choses dans les aéroports et dans un magazine américain: les Chinois, ce dragon qui s’éveille, souffre d’un complexe d’infériorité?! («The roots of national inferiority complex»). Étonnant. (À ce sujet, je verrai quelques jours plus tard – enfin chez moi! – les Chinoises du volley-ball ne mesurant rien de moins que… plus de 6 pieds… et cette autre qui ne fait, elle, pas plus de 4’6’’, 66 livres… 16 ans). Étonnant. On est loin des petits Chinois qu’on achetait à l’école… Vous pariez combien que demain c’est eux qui vont s’acheter un ti-Américain?) Pas de vol de retour disponible avant deux jours (tu te dis que c’est carrément impossible!), vingt-cinq personnes en stand-by avant nous, pas d’hôtels «vacancu» (je vous jure) à des kilomètres à la ronde… Nous n’avons finalement rien trouvé de mieux pour agrémenter notre nuit «in the city that never sleeps» en espérant nous trouver un autre vol le lendemain, qu’un chic jamaïcain rasta en caddy jaune qui nous trimbalait de motels minables en motels plus minables encore. C’est long 24 heures… Je dirais des heures interminables qui n’en finissent tout simplement… plus. Vous savez quand l’envie vous prend de revenir à la maison, quand le «home sweet home» vous appelle, quand l’envie de dormir dans votre lit vous hante. Tu te dis fuck ça va faire, fuck les Américains, fuck leurs bons services, fuck fuck Jet Blue. On se loue un char. Prend l’ascenseur, prend le train, change de terminal, échappe le café, engueule les enfants, embrasse quand même Chéri… On arrive enfin au comptoir Avis; j’aurai vu Dieu derrière le comptoir que je n’aurai pas été plus contente. Pis Dieu ça s’adonne que ce jour-là y se curait «la» dent: «Sorry no more car available today» De kessé?! Course folle de nouveau… on teste d’autres églises: Thrifty, Discount, Hertz, Budget… «No more car» On s’est tous regardés, Antoine, Lucas, Chéri et moi. Et. On a rit. Il ne nous restait qu’à aller supplier Dieu de nous sortir de là. Et Dieu ce jour-là ce nommait toujours Avis; alors om implore: «Sorry Sir but we have really mais really to go to Burlington today. We are a small familly bordel, we live in Morin-Heights and we are “stallés” icitte since 24 hours, can you comprendre us please? Sir?» La réponse est venue de derrière. Ze Boss: «No car, DON’T HELP ANYBODY» Portant il en a déniché une petite «économique»… à 260$ US pour 24 heures. Ça nous aurait ben coûté 1000$, rendus là… On s’est-tu faites fourré vous pensez? Ben oui, on a même sourit en disant, emplis d’une reconnaissance non feinte: «Thank you very much, Sir!» Mais. C’est pas comme ça qu’on fait l’amour. Regarde les Chinois.

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