Chus platte!
Par Josée Pilotte
Remarquez que je pourrais vous entretenir de l’inquiétude, palpable chez nos élus, que suscitent nos dossiers d’actualité depuis un an. Remarquez aussi que je pourrais vous parler du dernier tournoi de golf (le «tournoi des maires»), auquel j’ai participé cette semaine, ce qui de toute façon reviendrait au même.
C’est que, j’en conviens, nous avons bousculé le paysage médiatique laurentien dupuis quelques mois; nous avons bouleversé certaines habitudes confortables qui règnent depuis des lustres en région. Car nous croyons honnêtement que le citoyen a le droit de savoir. Si la place médiatique était surtout occupée jusqu’ici à faire les relations publiques des puissants de notre région, nous, chez Accès, nous lui avons redonné sa véritable vocation: placer le citoyen et ses préoccupations au cœur du média.
Remarquez que je pourrais vous en parler longtemps et «passionnément» parce que c’est une véritable «passion» et que ça fait partie de mes préoccupations quotidiennes.
Mais.
J’ai pas envie de vous parler de tout ça, parce que mon journal le fait très bien chaque semaine… et puis je vous avoue humblement que je suis dans un tout autre élan.
Chus comme devenue folle!
Folle comme l’amie fatigante, vous savez, celle qui vous saoule avec ses histoires… Celle qui vous casse les pieds avec son nouveau chum… Celle qui vous parle sans arrêt de son jules et de ses attributs… celle qui vous tape sur le «gros nerf» avec son trop-plein de bonheur…
«Ah ouain, c’est lui?! De kessé qu’a lui trouve don’ de si beau?!»
Bon, j’disais donc, folle. Je suis devenue complètement folle, folle de liberté, cette liberté que me procure mon nouvel amour: le vélo. Alors oui, chers lecteurs, j’vais faire l’amie fatigante et je vous amène, encore cette semaine, faire un tour de piste.
C’était vendredi dernier, une randonnée amicale avec Michel et Manon (les deux pros) pour accomplir, me dit-on, le demi-tour des Pays-d’en-Haut. Une randonnée banale selon leurs dires, à sillonner les magnifiques paysages laurentiens, ceux de Saint-Hyppolite, Sainte-Adèle, Morin Heights; un plus ou moins 50 kilomètres et, je vous dirais, vu du haut de mon vélo, surtout un 50 kilomètres de côtes.
J’observe donc, j’écoute donc, j’respire donc, mais je suis toujours à bout de souffle et, disons-le, un peu frustrée de voir mes deux confrères gravir, comme si de rien n’était, tout ce qui se présente devant eux.
Est-ce qu’il y quelque chose que j’ignore?… C’est quand même pas le Port de Larrau du Tour de France! Je sais que je ne connais pas tous les rouages du «métier», mais je sais aussi que je ne comprends toujours pas comment mes deux amis grimpent sans effort apparent ces foutues côtes.
Pourtant j’suis d’une discipline de fer. La meilleure preuve? Mary, ma partner, me trouve d’un ennui mortel: «T’es don ben rendue platte!» Au tournoi des maires, au lieu de trinquer à l’alcool comme c’est la coutume, j’enfilais des litres d’eau, de l’eau vitaminée. On peut-tu être plus discipliné que ça?! On peut-tu être plus platte que ça…? J’aime me faire «accroire» qu’il est peut-être là le rouage qui me manque, celui qui permet à Michel et Manon de voler sur deux roues, beaux, au-dessus de l’asphalte.
Ma grande discipline de moine, jusqu’à maintenant, m’amène après 50 km de vélo, seulement deux minutes après m’être assise, à regarder fixement le vide devant moi, à dormir les yeux ouverts, un filet de bave au coin des lèvres. Toute cette belle discipline pour finir complètement finie! Faut-tu être assez folle?
Folle du vélo.
Mais.
Vous aviez le droit de savoir.