Le bonheur d’être vrai
Par Josée Pilotte
Faque Renée Martel c’est le nouveau buzz? Y paraît que la madame est vraiment hot… J’ai même entendu dire qu’elle est devenue notre nouvelle Céline nationale et que son dernier CD se classe maintenant parmi nos chefs-d’oeuvre québéçois.
Je dois vous dire que je ne l’ai jamais aimée, moi, Renée Martel. Je connais ses chansons comme tout le monde. Mais ça s’arrête là. Au milieu de toute ma bibliothèque musicale, j’ai écouté ce fameux dernier CD, cherchant à comprendre le fameux buzz médiatique qui l’entoure mais, honnêtement, j’en arrive à la même conclusion. Chus pas capable. Je ne peux pas comprendre comment elle a pu passer du bac à 99¢ de Jean Coutu au top 5 de Renaud-Bray à 9,99$. Enfin.
Si on se fie à tout l’engouement qu’elle suscite auprès des «curés du Plateau Montréal», DJ Champion devrait sous peu remixer J’ai un amour qui ne veut pas mourir. J’pense même que si les planètes s’enlignent comme il faut, on dansera cet été dans l’une de ces boîtes branchées de Montréal sur un air envoûtant… «Prends ma main dans ta main / Le chemin de l’amour est sans fin / Prends ma main dans ta main / Suivons-le tous les deux demain / Et si la nuit se meure le matin / avec l’heure qui s’ouvre au soleil…»
Au s’cours, pincez-moi quelqu’un!!!
On a beau vouloir me faire accroire que c’est «in», que c’est bon, me rappeller que Richard Desjardins lui a composé une ou deux tounes, je refuse de me laisser bercer par ce vent artificiel et snob. Et, entre nous, je ne suis pas de celles que l’on traîne partout et j’aime bien les «chemins les moins fréquentés»
Non mais, êtes-vous tous tombés sur la tête ou quoi? Même Renée ne semble pas comprendre ce débordement d’admiration soudain que vous avez pour elle. Hey! Helloooo, wake up and smell de coffee!, on parle de Rénée Martel, merde, pas de Diane Dufresne.
Parfois, vous me découragez.
Au fond non, vous ne me découragez pas si vous aimez vraiment Renée Martel. Good for you. Pourtant je soupçonne que 99% de ses nouveaux fans finis sont ceux-là même qui la trouvaient carrément quétaine dans les années 80; je me trompe?
Tiens, pour aller au fond des choses, pour en finir avec Renée: je sais que l’authenticité est un mot la mode et que tout le monde veut connaître son «moi intérieur», tout le monde veut retourner à l’essentiel, à la terre, aux tomates qui poussent dans le jardin, aux carottes fraîches que l’on arrache. Nous aimons tous nous abreuver d’eau de source en bouteille des îles Fidji, de thé vert. On voyage tous vers des pays plus lointains, plus mystiques. Oui, nous sommes tous au «back to the country» et surtout au «back to Renée Martel». Nous sommes tous à toutte. Mais. Faudrait pas charrier. Vous me ferez pas avaler que Renée Martel c’est bon. Vous me ferez surtout pas avalez que tous, tout à coup vous la trouvez bonne. Fin de la discussion.
La Vallée des avalées
Je suis impressionnée. C’est pourquoi je tiens tant à vous raconter… De qui? De quoi? Le sujet? C’est que j’ai rencontré une femme heureuse. Une femme fière, une femme assumée, respectée. J’ai rencontré une femme la trentaine bien de son temps qui a le courage de ses convictions et la conviction de ses passions. Ses passions: les mots, la lecture, les livres, la posture. L’Éducation. Les enfants oui, surtout les enfants. Elle est peut-être le secret le mieux gardé de l’éducation, la prof de la Société des poètes disparus. Mon petit Lou a été chanceux d’avoir rencontré une prof comme Marie-Josée. Lui, ordinairement timide, était complétement fou d’elle. J’en ai été émue l’autre jour, de le voir accourir dans ses bras. C’est fou les petits miracles que produisent la passion et la force des êtres vrais dans leur vision. Une belle leçon pour ceux – celles – qui se cherchent encore, perdus ou égarés dans la Vallée des réputations.