Le père Noël vendu?
Par Josée Pilotte
Étiez-vous parmi les milliers de personnes qui se sont gelé les pieds dans notre chaleureuse. Vallée samedi dernier lors de la parade de Noël de Saint-Sauveur?
Comme moi, avez-vous encore dans la tête, une semaine plus tard, le «jingle»: «La Capitale vendu / La Capitale vendu»…? Cou’donc, y z’ont-tu vendu le père Noël z’aussi?!
Déjà l’an dernier mon petit Lou avait été complètement désarçonné en voyant arriver deux pères Noël, «le vrai» suivant «l’autre», celui dans une Smart aux couleurs promotionnelles du commerçant qui l’avait engagé… J’en avais alors fait une chronique dans laquelle je dénonçais la récupération commerciale, qui doit avoir ses limites surtout quand on s’adresse à l’imaginaire des enfants. Nos enfants, notre avenir.
Comme mère de famille j’avoue avoir été encore embarrassée cette année en regardant la parade, me demandant quel était le message que nous étions en train de transmettre à nos gamins, à grands coups de «La Capitale vendu»… de VTT grondant… d’affiches commerciales… Quel message? Que tout est facilement «marchandisable»? Et même la magie?
«Quel prix pour le père Noël, maman?»
– Pas cher, pas cher…
Je me suis demandé si en tant que commerçante de la Vallée de Saint-Sauveur j’avais quelque chose à voir (ou à faire) dans cette mascarade publicitaire…
Je sais et je comprends très bien tout le travail que l’organisation d’un tel événement implique pour les employés de la Chambre de commerce. Je sais aussi que ce n’est pas agréable d’être obligé de quêter, d’être obligé d’argumenter afin de vendre l’idée aux commerçants. Mais doit-on à tout prix maintenir un événement à saveur festive et familiale, même s’il doit en perdre son identité?
Je sais aussi, pour avoir été de l’équipe qui l’a fièrement initié il y a de ça maintenant 10 ans, combien son financement peut être laborieux. Mais je crois maintenant qu’il faut vraiment se poser la question: Jusqu’où ira t-on dans cette braderie de l’esprit de Noël? Ne devrait-on pas revenir à la base? Car c’est grâce à cette base-là que l’événement a grandi, a rayonné et a attiré chez nous chaque année de plus en plus de gens de l’extérieur, des gens qui tombent en amour avec notre région, et reviennent y magasiner, y manger, y dormir, etc…
N’est pas là le vrai marketing: l’esprit de la parade, plutôt que le camion promotionnel et le «jingle» «La Capitale vendu / La Capitale vendu»?
Vraiment pensez-y: pourquoi les gens se déplacent-ils?
Alors voilà, moi je dis que pour retrouver cet esprit qui nous rend tous un peu gamins, ici au cœur d’un village au décor féérique, si l’on me sollicitait moi, comme citoyen corporatif, afin de participer à un financement commun pour préserver cette magie qui rend mon village si merveilleux aux yeux de tous… alors oui, je donnerais volontiers 50$ pour foutre hors de la parade l’aspect commercial qui pourrit la fête de nos enfants. J’en ferais un devoir social.
Samedi, on aurait dû se geler les pieds pis avoir le cœur joyeux. On a simplement eu froid, le cœur un peu triste.