Liberté, égalité… nudité!
Par Josée Pilotte
– Hey, le redac’!, c’est qui la pétasse-de-la-semaine, encore nue!, sur ton fond d’écran d’ordinateur?
– Ben?!?! Carla!
– Euh… Carla Bruni?
– Ben?!?! Oui!
– Genre… tu veux dire la Première dame de France là?
– Ben?!?! Oui… pis c’est quoi ton problème, Jopi?
Le problème Éric-Olivier?!?! Mais c’est que justement tu ne vois aucun problème au fait que la Première dame de France se comporte comme la dernière des putes!
Voyez-vous, j’ai un problème avec ça moi, que la nana du président Sarkozy pose nue (pas tout a fait quand même, la belle Carla a su se garder une p’tite gêne, elle porte tout de même bottes noires et alliance à l’annuaire de la main gauche), en première page d’un magazine espagnol (un magazine masculin, DT, février 2008).
Non mais pensez-y un peu: c’est n’importe quoi, la femme du président de la France à poil… Madonna je ne dis pas, mais la Première dame de France, un pays de plus de 60 millions de personnes, c’est carrément honteux.
Je vous le dis d’emblée, je la trouve très belle la Carla Bruni, et même très talentueuse comme chanteuse, surtout dans son premier CD (Quelqu’un m’a dit) en fait; non, je n’ai rien contre la fille loin de là, mais je trouve qu’en abdiquant devant ces images, nous banalisons grossièrement la démocratie, nous renonçons même à «une forme de respect» envers la fonction la plus importante.
Le «sens» du devoir, il va dans «plusieurs sens» justement. Oui, il y a des actes politiques à accomplir, dans ce «devoir». Mais dans «devoir», résonne aussi ce que la personne que NOUS avons désignée pour présider à nos destinées NOUS doit à nous, citoyens-électeurs.
Les faits divers et la «peopolisation» sont de belles façons de nous endormir: le temps passé à contempler les courbes de Carla, à apprécier les qualités artistiques de la photo, on ne le passe pas à s’interroger sur la politique de son pays. Ni à observer la courbe de popularité de son président, qui descend en flèche.
Alors, excuse-moi de faire vieux jeu mon rédac’, mais j’aime mieux voir un président debout, à la verticale, qu’étendu à l’horizontal auprès d’une starlette en manque de visibilité.
Pis lâche-moi «la ménagère» et «les fourneaux».
Peut-on être en 2008, libres, ouverts d’esprit, sans tomber dans une simplification à outrance?
«De l’audace, bordel!», écris-tu?!?!?! Mais tu en manques cruellement, planqué derrière tes «mots bien choisis, tes concepts qui claquent au vent», comme tu dis.
Peut-on être en 2008, libres, ouverts d’esprit sans glisser sur une pente dangereuse?
Parce qu’on ne doit pas en faire n’importe quoi de cette liberté, pas le droit de bafouer cette liberté pour laquelle des révolutionnaires ont donné leurs vies, cette liberté-là, alors que la majorité des pays de cette planète sont encore sous dictature? Je me pose sérieusement la question, je vous pose sérieusement la question…
Dans ce cas, nos principes les plus élémentaires meurent comme le meilleur de nos idéaux, au nom de la provoc’.
Ou d’une liberté factice, minuscule, qui tuera à la longue la Liberté majuscule.
Pis quoi encore, le rédac’, tu vas me dire quoi encore?….
Bordel qu’y sont fous ces Français!