Où sont les hommes?
Par Josée Pilotte
Franchement je suis impressionnée par mon rédac’chef: Richard Martineau a utilisé lundi, pour sa chronique du Journal de Montréal, le même titre que lui (qui s’est d’ailleurs retrouvé en page couverture du Journal): «Où sont les femmes?»
Comme j’aimerais bien aussi qu’une édifiante chroniqueuse «nationale» me pique l’un de mes titres de chronique, suivons les traces, «inspirons-nous»…
Donc: Où sont les hommes?
Passons et disons les choses clairement: si je suis bien embêtée par la question homme/femme, comme la majorité d’entre nous (quoique ce genre de préoccupation soit surtout l’apanage des femmes) la question garçon/fille me préoccupe plus encore, et plus sérieusement aussi. Pour plusieurs raisons.
D’abord celles qui ont trait à l’actualité du moment: la proposition qui émane du dernier congrès de l’ADQ voulant que l’on mette un frein à la mixité systématique dans nos école; la conférence La Presse – Radio-Canada sur le thème «Comment ça va les hommes?»; la montée du discours masculiniste, etc.
Mais je suis surtout interpellée au premier plan pour deux raisons: je suis mère de deux garçons, d’abord. Et je suis féministe, ensuite. Quand je vous dis que je suis bien embêtée par la question, c’est que je me la pose en ces termes: le féminisme risque-t-il de tuer mes fils? Vous trouvez que j’y vais «raide»? Suivez-moi, chères lectrices et lecteurs, fidèles thérapeutes…
Mon fils a 13 ans et… il aime l’école!
Mon fils a 13 ans et aime l’école. Il me disait justement cette semaine qu’il appréciait désormais encore plus l’école depuis qu’il joue au hockey en parascolaire au lieu d’y faire un atelier d’anglais… Normal!, je sais.
Mais.
Et pourtant le résultat m’a quand même frappée. Mon fils aime l’école! Je le répète, je sais, voyez combien je suis interloquée! Aujourd’hui nous demandons aux jeunes garçons de bien se tenir et de ne plus bouger; d’être une parfaite jeune fille des années soixante: vierge et sage! («comme une image», disait-on, vous rappelez-vous?) Et surtout: pas trop de caractère. Imaginez qu’à la réunion de parents de lundi, une enseignante m’a confié, l’air innocent: «Votre garçon, Madame, vous savez, c’est un vrai gars…»
J’espère bien! En fait, c’est pas toujours évident dans une classe de 31 élèves qui compte 22 gars… Parce que quand il y en a trop… «Ça bouge…», me dit-elle d’un air presque gêné! Souhaitons à ses 22 élèves mâles de ne pas faire partie des statistiques qui soulignent que plus de 45% des leurs décrochent dans les Laurentides (comparativement à 27% des filles)… Révélateur non?
Ne croyiez-vous pas qu’il est normal comme société de tenir compte de d’autres aspects de la personnalité que l’apprentissage purement académique?
En fait, mon fils est un privilégié. Il fréquente un établissement de 320 étudiants qui harmonise les sports et les études, qui préconise un équilibre; un établissement où les gars ont le droit d’être des gars, des vrais!
Le système scolaire d’aujourd’hui, conçu par des femmes, pour les filles, construit des mâles, au mieux mal dans leur peau et de plus en plus désintéressés; et au pire des féminisés qui, à 25 ans (comme dans le dernier épisode de la série C.A.), consommeront du Viagra pour satisfaire Madame (ou même de plus en plus Monsieur… quoique là, j’en suis certaine, ils en auront moins besoin). Messemble que Pfizer devrait commanditer la
féminisation de nos institutions, comme d’ailleurs les autres revendeux de «pellules-du-bonheur» (du malheur, en fait), comme le Xanax, le Rivotril, le Paxil… Et oui!, étonnant cette énumération, venant d’une fille qui a du mal à avaler une aspirine sans s’inquiéter… mais il faut nommer, car ça m’écoeure tellement, ces risques que l’on court à fabriquer des hommes… euh… incomplets, osons le mot, puisque c’est bien de cela dont il s’agit. Très exactement.
En fait je ne connais aucune femme qui dit aimer ce genre de spécimen, mi-rose mi-bleu, ce genre d’homme plus femme qu’une femme.
Les féministes sont-elles allés trop loin? J’ai bien peur que oui, malheureusement. Mais bon! Souhaitons-nous seulement comme mère et surtout comme femme de savoir donner à nos fils chéris le sens de l’honneur et de la liberté d’être. Souhaitons-leur d’avoir la fierté d’être ce qu’il sont et l’intégrité de le reconnaître. Souhaitons-leur d’être des Hommes!
Car au fond, n’est-ce pas aussi cela, le véritable féminisme: souhaiter pour ses pairs des partenaires de vie à leur hauteur?