Pssst…
Par Josée Pilotte
Pssst… Oui, oui, vous… Oui, toi!
Approchez-vous un peu, approche-toi de moi… Allez, ne soyez pas timides… c’est rien de trop dangereux… encore moins de compromettant.
J’ai seulement un secret à vous dire…
Le Secret…
Vous le connaissez?
Je l’ai lu, moi, ce fameux Secret de Rhonda Byrne, le livre dont tout le monde parle en ce moment. Platon, Galilée, Beethoven, Edison, Einstein se sont transmis «avaricieusement» ce mythique «secret» qui maintenant, grâce à Larry King et Oprah Winfrey, est devenu un véritable phénomène social et populaire.
Le livre renferme la «sagesse». En la mettant en pratique, vous vous assurez santé, prospérité, bonheur, succès! La totale pour un total de 25,99$!
Prospérité? Oui, surtout le portefeuille de son auteure.
Car si 20% de la population se partagent 80% de la richesse à votre avis, c’est pourquoi? Facile, hein madame Byrne?… C’est que, voyez-vous chers lecteurs, ce sont eux, les 20% qui connaissent la fameuse «loi de l’attraction»… ce sont eux les p’tits coquins qui, secrètement, nous ont caché sournoisement l’existence de cette vérité transcendante qui perdure depuis des siècles.
Je ne voudrais pas jouer la rabat-joie, la casseuse de party, mais dites-moi franchement: c’est quoi cet engouement, cette passion soudaine pour un livre surfait, qui donne dans la redite plus souvent qu’à son tour? J’ai franchement de la difficulté, moi, à me faire dire: «Découvrez enfin qui vous êtes vraiment»… «Devenez riche en y pensant»… «Guérissez par la pensée»… «Trouvez le bonheur dans votre tête»… Ben oui, pis quoi encore!
Honnêtement, vous n’êtes pas tannés vous autres de vous faire imposer Dieu au service au volant? «Un petit mieux-être avec ça?»… un c’est bien, mais deux c’est tellement mieux! D’ailleurs: avis aux intéressés, y’a une remise à l’achat d’un combo (livre + DVC)…
J’ironise un peu, mais si peu! Comprenons-nous bien: j’ai rien contre le propos, surtout si celui-ci fait le «Bien», ni contre les gens qui le lisent (j’ai moi-même contribuée largement au portefeuille de la madame). J’en ai contre la baguette magique du marketing, l’effet mouton de la chose.
Au fond, n’est-on pas au cœur de la perception, ici? Celle qui fait, en y pensant fort, fort, fort, qu’un beau matin, tu te réveilleras avec le cerveau d’ Einstein, le don de Beethoven, le portefeuille d’Oprah… Ou encore le bon numéro de valise du Banquier!
La belle affaire!
Parlant de perception, je perçois des choses que je m’explique difficilement. Comment se fait-il qu’encore aujourd’hui certains d’entre vous perçoivent le journal Accès comme un journal culturel? Je me pose la question, un sourire aux lèvres, surtout quand je repense au chemin parcouru depuis un an, aux dossiers que nous avons sortis, à la façon dont nous avons changé le paysage de l’information des Laurentides.
J’me dis: cou’don’… ça veut dire quoi «culturel»? Qu’on est un journal indépendant? Qu’on est un journal qui pose les vraies questions? Qu’on est un journal d’opinion?
Qu’on n’a pas le «Q» de Péladeau étampé sur la Une?
Parce que j’vais vous en dire un secret, un vrai.
Nous autres, chez Accès, on veut être reconnus comme le Grand Hebdo de l’information des Laurentides.
Accès: le Grand Hebdo de l’information des Laurentides…
C’est pas juste une question de marketing, c’est d’abord une question de passion, de travail, d’acharnement, de confiance en nos moyens, en notre produit, en nos lecteurs.
Elle a raison, finalement, la madame Rhonda Byrne: il a suffi d’y croire! Vraiment, ça oui!
Mais.
Que de travail, de nuits blanches, d’interminables doutes.
Mais j’y pense: on «tente-tu» nous aussi un coup de marketing?
On «s’amuse-tu» ensemble? J’ai confiance en vous, ce sera grandiose!
Voilà le plan: on le dit pas, mais on l’essaie en secret le Secret… pour vrai là.
Primo: On lance dans l’univers qu’on veut que chaque citoyen Laurentiens lise Accès simplement parce que c’est le meilleur journal des Laurentides.
Secundo: Chacun d’entre vous, chers amis, envoie le courriel suivant à 5 de ses connaissances, avec une copie à direction@acceslaurentides.com: «Hey! Lis donc **Accès** cette semaine: on parle de toi en page 5. (Envoie ce message à 5 de tes contacts – et une copie chez Accès).»
Je suis très sérieuse, je veux vraiment voir si ça marche la théorie de l’attraction!
Mais.
Rassurez-vous, j’ai pas pris de chance, j’ai mis mon chapelet sur la corde à linge!!!
Oui, on peut tromper ces gens!
T’as pas compris toi, Dallard, l’anticonformiste qui croit plus à sa nicotine et à son McDo quotidien qu’à l’amitié…
Tu me dis quoi là, le rédac’? Que tu es pour l’effet de masse que tu es pour la pensée universelle, la pensée magique?
Toi, l’être le plus libre, le plus contradictoire que je connaisse, intellectuellement parlant, tu me fais quoi, là? Du cinéma?
Oui! Éric le marketing gère notre planète, nos petites têtes et ce, aussi intellectuelles soient-elles. Oui, ils nous gave à grand coup de vedettes et de panneaux d’autoroutes, de livres surfaits.
T’as pas lu, toi qui lis tout justement, la Presse, la semaine dernière en page A5, en gros titre: «La pub fait manger les enfants».
Si la pub fait manger nos enfants… imagine-toi donc, Dallard, ce qu’elle peut nous enfoncer dans la gorge.
«Des bouées, des béquilles?» Franche-ment… Pfff, n’importe quoi!