Un homme à la mer!

Par Josée Pilotte

L’un des transfuges, Gabriel Latour, a déclaré à La Presse que le geste des cinq conseillers de la ville de Sainte-Adèle n’avait pas pour but d’entraîner la démission de celui qui les avait regroupés pour une équipe: «Nous n’avions jamais pensé à cette éventualité. Notre but était seulement de le secouer un peu. C’est une véritable surprise pour tous.»

Le préfet Charles Garnier quant à lui a été «très surpris» quand le maire lui a annoncé sa démission: «il est énergique et dynamique, un maire entier qui s’impliquait dans tous ses dossiers. Je ne comprends pas sa décision», a-t-il déclaré au quotidien La Presse.

Méchante analyse facile, non? Veulent-ils nous faire brailler? Ils pensaient quoi en désavouant tous ensemble et publiquement leur maire, qui, avouons-le, est plutôt fier (même une lavette finie et sans estime d’elle-même, aurait quitté le navire en courant); avouez donc plutôt messieurs et mesdames les conseillers que vous l’avez simplement passé par-dessus bord comme des mutins qui se retranchent sur le seul dinguie disponible!

Soit vous êtes tous épais, soit tout bêtement vous avez échoué, tous en même temps, votre cours Pop psycho101. En tout cas…

Côté Cardinal c’est guère mieux: «Les conseillers invoquent des raisons que je comprends mal»

De k’sé qui dit le maire là???…

Cou’don’, ça doit être contagieux leur affaire, parce que moi-même je suis sur le point de rien comprendre.

Il est peut-être là le problème: «L’In­com­préhension», celle-ci même qui démontre un manque de communication, un man-que d’écoute… ce mur de Berlin dressé entre les principaux acteurs.

Alors, imaginez un peu: s’ils n’arrivaient pas à se comprendre entre eux comment pouvaient-ils écouter correctement les besoins de leurs citoyens?

Vendredi en 14, j’étais comme chaque année depuis trois ans, en voile, un week-end de 4 jours de liberté au lac Champlain. Cette année, contrairement aux années passées, nous n’étions que quatre: Stef’, Martin alias «the cap’tain», Chéri et moi.
«On va être plus tranquilles comme ça…» Le capitaine tenait cette année que les choses se passent bien, qu’on écoute davantage ses consignes, que l’on soient moins à risquer de défier son autorité. (Ceux qui défient c’est eux, «les mutins», je tiens à le mentionner, moi, j’écoute toujours le cap’tain). Toujours est-il que nous sommes arrivés comme chaque année le jeudi soir, avec tout l’bazar afin de braver les humeurs de dame nature. Ainsi, nous couchons notre première nuit à la marina pour ensuite mettre les voiles aux aurores pour ne revenir que sur la terre ferme le dimanche après-midi.

Dès notre arrivée, en bon cap’tain, Mart, nous fit la lecture météorologique: «Vendredi, 28 degrés, gros vent, frette samedi avec de la pluie et risque de gel dans la nuit de samedi à dimanche…» Bon, faut quand même pas en demander trop, une journée de beau temps sur quatre, c’est déjà pas mal!

Bercer par les vagues nous nous sommes endormis; réveillés par un vent violent, nous nous sommes regardés, «le Chéri» et moi: «Ça pouvait pas juste être de la petite voile tranquille!!!»

Pis c’est ici que le gros fun commence…
Émergent de la cale pour constater que le temps était très très très venteux… j’vous l’ai-tu dit…très?
«On annonce jusqu’à 35 nœuds, moussaillons, aujourd’hui!»

Okay!!! On fait quoi là?

Juste la manœuvre pour sortir de la marina c’était du sport, juste à quelques mètres du bord et déjà j’avais mal au cœur: «Ce que les yeux ne voient pas ne fait pas mal au cœur»… han?! On a un problème là amigo, c’est que moi je vois tout et ce même si mes lunettes ne tiennent pas à mon visage «because le vent».

Mais.

Comme je ne suis pas une lâcheuse, vous comprendrez ici qu’il n’était aucunement question de commencer à me plaindre et d’évoquer mes craintes face à la situation.

Le but était donc de se rendre dans une petite baie éloignée afin d’y trouver refuge pour y passer la nuit, barrer à la belle étoile. Arrivés dans ladite baie, le vent toujours aussi violent éliminait toute chance d’être tranquilles et en sécurité. La décision la plus sage était de retourner immédiatement sur nos pas et de redormir à la marina. Ce que nous n’avons pas fait, préférant d’abord nous tapisser l’estomac.

C’est là que tout s’accélère, l’histoire comme les pulsations cardiaques, alors que nous cherchions où jeter l’ancre, tellement soucieux des éléments extérieurs (bourrasque, vent…), «the cap’tain» en oublie le dessous de l’affaire: (les hauts fonds) Bang! C’est comme rentrer dans un mur. La peur s’est soudainement emparée de moi, cherchant un gilet de sauvetage pendant que le bateau me semblait dangereusement stationné et dangereusement incliné. Une fois dépris, on doit affronter la réalité: des vagues de 7 pieds, si hautes qu’elles viennent se briser sur nos visages.

Puis la route qui n’en finit plus, le moteur qui surchauffe contre la nature devenue ennemie. Pas une seule âme à l’horizon, seulement quatre joyeux naufragés qui veulent juste arriver à bon port. Ce que nous fîmes, au prix d’une manoeuvre d’accostage qui nous fit échouer sur un brise-vague en acier, et perça à jour la coque de notre voilier… troué… loué!

Les pieds à terre, le moral aussi.

Et la morale elle?

Parce qu’il en a une, pensez pas que je vous ai raconté ces deux histoires pour rien, pas folle la fille…

Ha pis non j’la dis pas… je vous laisse la deviner….

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