Laurentides: Ça suffit le sous-financement!
Par Frédérique David
On va se le dire, la région des Laurentides est une région « à part » qui, plus souvent qu’autrement, est victime de son succès. Ses belles montagnes à proximité d’un grand centre urbain attirent un nombre croissant de privilégiés qui viennent s’y ressourcer pendant les vacances et les fins de semaines. Et comme si cela ne suffisait pas à faire grimper le coût de la vie plus rapidement qu’ailleurs, particulièrement la valeur des résidences, la pandémie est venue ajouter un nombre important de personnes en télétravail qui ont accentué la hausse des prix immobiliers. Le problème, c’est que le résident moyen qui cherche à se loger à un prix raisonnable est la première victime de la situation. Entre Saint-Sauveur et Sainte-Agathe, il est difficile de se trouver une 3 1/2 pour moins de 1000$, voire 1500$ par mois! Les logements sont plus abordables dans les environs de Mont-Tremblant, puisque c’est trop loin pour les Montréalais en télétravail! Et je ne parle même pas du manque criant de logements lié au fait que les propriétaires préfèrent louer à court terme à des touristes de passage.
Du jamais vu!
La situation est telle qu’on entend maintenant parler de situations qu’on n’aurait jamais pensé voir, et qu’on aurait préféré ne jamais voir! Les commerçants doivent désormais loger leurs employés s’ils veulent espérer en trouver. Des motels de la région accueillent des familles qui s’entassent dans à quatre ou cinq dans une chambre en attendant de trouver un logement abordable. Pire encore, des couples séparés sont contraints de cohabiter dans la même maison et imposent aux enfants des scènes de discordes (et parfois de violence) qui nuisent à leur bien-être et à leur développement. Parlez-en aux policiers et aux travailleurs sociaux qui ne parviennent plus à répondre aux demandes!
Des services déficients
En 20 ans, la population de la région a augmenté de 40%, ce qui a un impact non seulement sur le marché immobilier, mais aussi sur le réseau de l’éducation, celui de la santé et l’état des routes. Le problème est soulevé depuis plusieurs décennies, mais le financement continue de manquer. On a ajouté des roulottes temporaires dans la cour de certaines écoles parce que les classes débordent et les écoles sont saturées (elles ont même converti les bibliothèques en classes). Dix ans plus tard, les roulottes sont toujours là! L’autoroute 15 nous accueille avec des sillons creusés dans l’asphalte et la 117 avec des nids de poule à profusion. Le 31 mars dernier, à Sainte-Adèle, nous étions trois voitures arrêtées au même endroit en même temps avec des pneus éclatés. Le lendemain, j’en croisais 3 autres au garage! Et il y a pire que des pneus à changer. Les services ne répondent plus aux besoins. Les psychologues et les orthophonistes scolaires se partagent plusieurs écoles et des enfants restent en attente de diagnostic pendant des années. Et on oublie le suivi! Dans le réseau de la santé, le financement ne tient pas compte de la hausse populationnelle des vacances et des fins de semaine. Pourtant, les fractures des skieurs contribuent au débordement des urgences et la dégradation des bâtiments – l’hôpital de Saint-Jérôme est un des tristes exemples! – est importante. Et quand le paiement du loyer empêche une famille de nourrir adéquatement ses enfants, ça a des répercussions sur les organismes d’aide et les besoins psychosociaux, entre autres.
Des demandes récurrentes
Récemment, les préfets des Laurentides ont demandé au gouvernement de corriger le sous-financement qui perdure depuis des années, notamment dans les domaines de la santé, du transport et de la mobilité, du logement abordable et de l’accès à la nature. La population des Laurentides représente 7,5% de la population du Québec. Ça fait beaucoup de monde qui se heurte à des conditions et des services exécrables! Malheureusement, le sous-financement demeure. La Coalition Santé Laurentides s’est dite très déçue du budget 2023-2024 du gouvernement Legault. Combien de temps encore osera-t-on négliger la 4e région en importance au Québec?