Jorane en apesanteur
Par Sandra Mathieu
Cinq ans après la sortie remarquée et primée de son album « Mélopée », Jorane abolit encore une fois les normes musicales et fait l’offrande de son EP « Hemenetset – pt.01 ».
La vocaliste instinctive et violoncelliste de renommée internationale, Sauveroise d’adoption, présente la première étape d’un projet beaucoup plus grand qu’elle. Cette artiste en création libre nous invite dans son grand voyage qui n’a pas encore de destination finale.
Comment décrirais-tu en quelques mots ce premier extrait ?
Dans ma démarche créative, je n’avais pas l’intention d’enregistrer un album et de me conformer aux codes établis. Avec mes collaborateurs, j’avais plutôt envie d’explorer et de voir où nous mènerait cette quête. Question de laisser une trace et pour que l’on puisse suivre l’évolution du projet, on a finalement enregistré le point de départ du voyage. De mon côté, ça fait longtemps que j’ai quitté mon port pour me plonger dans cet univers et je crois que c’était important de marquer ce départ.
Que signifie le titre du EP ?
« Hemenetset » est une vibration qui a pour moi une sonorité rassembleuse. Elle évoque le mouvement. C’est une invitation dans l’antichambre d’une aventure, dans l’acceptation de la tension entre la patience et l’envie.
Veux-tu nous parler de tes collaborateurs ?
J’ai la chance d’être entouré de 11 musiciens et collaborateurs exceptionnels qui ont embarqué avec moi dans ce laboratoire sans scénario clair, une création non conventionnelle qui s’apparente à ce qui se fait dans l’univers de la danse et de la performance. Le parcours est parsemé d’incertitudes et toute la beauté réside dans les lâcher prises.
Comment ton public accueille-t-il le projet jusqu’à présent ?
La première présentation à la suite de ma résidence à la Place des arts a fait salle comble! Pour moi, la confiance du public est un énorme cadeau puisque les gens ne savaient pas du tout ce qu’on leur réservait.
Que représente pour toi cette participation à Santa Teresa ?
C’est une grande joie de faire partie de ce festival. Après la résidence, c’est la première fois qu’on présente le fruit de notre travail. En plus, on va jouer dans une église avec l’ambiance particulière et la qualité sonore qu’offre un tel lieu.
En tant qu’artiste, comment consommes-tu la musique ?
En faisant du ménage récemment, je suis tombée sur une boîte de vieux CD et j’ai réalisé que ce que j’écoutais il y a quelques années était beaucoup plus varié en termes de styles. Les nouvelles technologies apportent l’accessibilité, mais je me rends compte qu’il faut explorer et ne pas se contenter d’écouter seulement ce que l’application nous suggère. Récemment, j’ai découvert le dernier album de Susheela Raman « Ghost Gamelan » et je m’intéresse aussi à ce que fait Meredith Monk. Cette dernière a une démarche aussi très expérimentale.
Qu’est-ce qui joue sur ton iPod quand tu t’entraînes?
J’adore écouter des conférences TED Talks sur toutes sortes de sujets complètement différents. Ça me nourrit d’entendre des passionnés qui vulgarisent un projet, une idée. C’est tellement inspirant à tous les niveaux. J’en écoute aussi avec mes enfants.
Jorane sera en concert avec ses collaborateurs le samedi 18 mai à 20 h, à l’Église Sainte-Thérèse, dans le cadre du festival Santa Teresa.
Pour info : www.santateresa.ca/ et jorane.com/musique/
Racines adoptives
Lorsqu’elle n’est pas en projet collaboratif à l’international ou en création dans son studio de sa maison dans le bois à Saint-Sauveur qu’elle habite depuis 16 ans avec son complice Éloi Painchaud et leur trois garçons (12 ans et jumeaux de 10 ans), elle affectionne particulièrement ses balades au parc Doncaster à Sainte-Adèle où elle aime se vider la tête et prendre un grand bol d’air pur pour s’inspirer. Il n’est pas rare de la croiser au Café White & compagnie, entre autres pour déguster un espresso décaf et une bouchée sucrée!