Koriass : Rappeur féministe et engagé

Par Martine Laval

Emmanuel Dubois, alias Koriass, est l’auteur-compositeur-rapeur engagé et ouvertement féministe, premier Homme d’inspiration de la Fondation Y des femmes de Montréal. Il présentera son dernier album Love suprême à la salle A.-N.-Morin de Sainte-Adèle le 26 novembre.

Quel est votre rapport au nom Koriass, Emmanuel Dubois de votre vrai nom?

C’est un surnom que je me suis trouvé à l’adolescence. C’était chose commune de se trouver un sobriquet et je me suis trouvé celui-là par hasard. Il n’a pas de signification profonde, mais finalement, il colle bien à ma personnalité.

Que signifient les nominations et reconnaissances reçues à l’ADISQ cette année? Sont-elles la consécration de votre œuvre et des messages que vous passez?

Oui, il y a quelque chose qui relève de la consécration dans le domaine dans lequel je suis. Le rap au Québec a encore des portes à ouvrir. Il n’est pas encore si connu. Je pense être un des premiers qui réussit à faire un amalgame de musique plus accessible. C’est la première fois qu’il y avait autant de mises en nomination pour un artiste rap à l’ADISQ. C’est une fierté. J’ai toujours voulu ouvrir des portes et innover.

Ça signifie quoi pour vous de vous afficher clairement comme féministe, de donner des conférences sur le sujet et de prendre position en dénonçant la culture du viol?

C’est davantage le citoyen qui agit sur la question que l’artiste. Je profite de ma tribune pour faire quelque chose de constructif, pour lancer des messages et conscientiser les gens. Il y a un côté un peu égoïste là-dedans parce que j’en retire beaucoup de plaisir et je trouve gratifiant de participer à conscientiser et faire changer les choses en matière de consentement et d’agression sexuelle, pour qu’il y en ait moins.

Est-ce parce que vous vous sentez interpellé particulièrement par ces sujets que vous allez à la rencontre des femmes et de vos pairs pour informer et ouvrir les consciences?

Tout ça est venu d’un texte que j’ai écrit sur Urbania dans la foulée des agressions non dénoncées, où je me révélais comme féministe et où je racontais en détail l’agression sexuelle qu’a subie ma conjointe pour donner un exemple clair de ce qu’est le consentement non éclairé. Le texte est devenu viral. J’ai reçu une panoplie de messages écrits par des filles qui avaient vécu des expériences similaires. Je me suis rendu compte que c’était la pointe de l’iceberg. De là est parti mon désir de conscientiser les jeunes sur la culture du viol et l’importance du féminisme. Puis, le Conseil du Statut de la femme m’a approché pour me demander de faire des conférences dans les cégeps sur la culture du viol, le consentement, le sexe égalitaire, le respect des limites de l’autre, ce qui a poussé mon engagement à aller parler aux jeunes directement dans les écoles.

Le prix Homme d’inspiration offert pour la première fois par la Fondation Y des femmes est une belle et sensible reconnaissance!

Très belle reconnaissance! C’est un énorme accomplissement pour moi d’avoir reçu ce prix. Le Y des Femmes est un organisme formidable qui aide les femmes dans le besoin depuis 140 ans. Chaque année, depuis plus de 20 ans, on y remet des prix aux femmes d’inspiration et, cette année, c’était la première fois qu’on remet un prix à un homme, et c’est moi qui l’ai inauguré. Ça donne beaucoup de signification à tout ce que je fais, de motivation pour continuer à ce qu’il y ait plus de gars qui prennent clairement position et action sur le sujet, afin que plus d’hommes reçoivent le prix.

Avez-vous l’impression d’influencer vos pairs et le milieu masculin par rapport aux positions que vous prenez?

Pour moi, conscientiser, c’est réveiller le monde sur certains sujets qu’on ignore. Beaucoup de personnes sont incapables d’établir ce qu’est le consentement sexuel parce que ce n’est pas enseigné dans les maisons et dans les écoles. Donc, parfois, les agressions sexuelles ont lieu sans même savoir que c’en est une. Il y a des gars qui viennent me voir pour me dire que je leur ai ouvert les yeux là-dessus. C’est donc à ça que ça sert. Ouvrir les gars au respect et à l’empathie, parce que la conscientisation passe beaucoup par les gars.

Que dit-on au public pour les inviter au spectacle à Sainte-Adèle?

Je vous invite en grand nombre à venir voir le show qui déplace de l’air. C’est riche en énergie, et il y a une communication avec le public que j’essaie d’inclure dans ce qui se passe sur scène. Je ne crée pas de mur entre nous. On va avoir beaucoup de plaisir. J’ai hâte d’être là! www.koriass.com
Koriass, le samedi 26 novembre à la salle A.-N.-Morin de Sainte-Adèle. www.salleanm.com 450 240-6220, poste 3000.

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