Virginie Fortin : Passer par le spatial pour parler du terrestre!
Par Martine Laval
Le premier spectacle solo de l’humoriste, comédienne et animatrice Virginie Fortin résonne de façon élogieuse sur les scènes du Québec.
L’invitation à observer la réalité terrienne d’un peu plus haut que la stratosphère, à travers une nébuleuse de blagues, est selon l’auteure divertissante. La tournée file rondement pour la jeune femme. Vous laisserez-vous surprendre par l’univers comique de Virginie Fortin le 31 mai au théâtre Le Patriote ?
Qu’est-ce qui transparaît dans l’écriture de ce spectacle ?
Avec l’expérience acquise, après avoir débuté en faisant des blagues courtes pour me donner confiance et aller chercher le rire rapidement, je dirais que ce spectacle est plus achevé et plus mature. J’avais envie de présenter un show plus personnel qui, sans parler de moi, est un commentaire social sur le monde dans lequel on vit. Plus existentialiste et plein des questionnements, je parle de pourquoi on existe, c’est quoi l’infini, pourquoi l’espace. Ça demeure un spectacle d’humour, mais j’ai acquis la confiance de parler plutôt que de faire des blagues pour la simple et bonne raison qu’il faut faire rire.
Tu te dis féministe. Quel est le pas à franchir d’après toi parmi toutes ces causes féminines ?
Personnellement, je pense qu’on sent encore trop la différence entre les hommes et les femmes, et que celles-ci ne sont pas encore considérées comme des humains à part entière. Difficile de renverser 2 000 ans de patriarcat! Je crois, par contre, qu’on a nommé le problème : réaliser que la femme est depuis trop longtemps considérée comme le 2e sexe, le sexe faible, et qu’on a « internalisé » ce sexisme ordinaire qu’on véhicule sans même s’en rendre compte.
Quand j’ai commencé en humour, j’étais « drôle pour une fille ». Quand je faisais de l’impro, on me disait : « T’es drôle, t’improvises comme un gars! ». Je ne voyais pas tant l’insulte alors parce qu’on était tellement habitué à voir des hommes dans ce métier-là. Maintenant, on souligne de moins en moins le fait qu’il y a des hommes humoristes ou des femmes humoristes, mais bien qu’il existe des humoristes, tout simplement. Je sens même chez certains collègues masculins qu’ils y pensent maintenant à deux fois avant de faire une blague sexiste. Eux peuvent voir ça comme de la censure, mais moi je pense que c’est un genre d’évolution et je trouve sain de repenser à son matériel et de se poser la question de savoir si on veut vraiment faire cette blague.
Tu dis que tu aimes surprendre, choquer. Quel est ton plus grand plaisir là-dedans ?
Peut-être qu’à mes débuts mon style passait beaucoup par le fait de choquer parce qu’en humour, on recherche la surprise et qu’un des chemins pour y arriver est de choquer.
Avec la maturité et l’expérience, je ne cherche plus nécessairement à produire le même effet. Je ne tiens pas non plus à polir mes propos pour que tout le monde soit d’accord. Je sens le désaccord d’une partie de mon public à propos de certains sujets abordés, mais je ne veux pas taire mes opinions pour autant. En tant qu’humoriste, j’aime surprendre, mais j’aime surtout me présenter là où on m’attend le moins. C’est le défi du métier. J’arrive à me surprendre moi-même d’ailleurs! (rire)
Entre tes talents de chanteuse, comédienne, humoriste et animatrice, lequel t’apporte le plus sur le plan créatif ?
Je pense que ce qui fait le plus appel à ma créativité c’est l’humour, écrire mes textes et les livrer. Ma formation vient de l’improvisation et, mine de rien, on écrit, on joue, on met en scène, on fait tout! Je dirais que c’est l’ultime créativité et il y a tout un défi là-dedans!
À quoi aspires-tu ?
J’aspire à rester dans cette zone où le plateau est bien équilibré entre la tournée de mon spectacle d’humour et jouer dans un projet motivant. Ça semble peu ambitieux, mais mon rêve je le vis en ce moment. Quand j’étais petite, je voulais être comédienne. Le rêve de l’humour est arrivé un peu plus tard. J’aspire à ce que ça continue. Je n’ai pas soif de plus. Je suis comblée.