(Photo : Courtoisie)
La famille Michaud Labonté au sommet du mont Rinjani en Indonésie.

Voyager avec des enfants pour découvrir le monde différemment

Par Marie-Catherine Goudreau

Il y a une vingtaine d’années, Véronique Labonté et Vincent Michaud sont partis en Thaïlande pour voyager. Ils y ont rencontré une famille qui voyageait avec ses jeunes enfants. « On s’est dit : «Un jour, on va le faire avec nos enfants.» » Des années plus tard, ils ont réalisé ce rêve et reviennent d’un long périple de six mois à travers l’Asie avec leurs deux enfants de 9 et 13 ans.

Lorsque je les joins, ils sont en Malaisie et il ne reste que quelques semaines à leur voyage. Des quatre voyageurs, certains sont tristes de revenir, mais d’autres ont hâte de retrouver le Québec. Ils se sont promenés à travers le Cambodge, le Laos, le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie. Ils sont restés environ un mois par pays, sauf l’Indonésie qu’ils ont visité durant deux mois « parce que c’était magnifique et il y avait beaucoup de choses à voir », explique Vincent.

Bien se préparer

Ce n’est pas la première fois que la famille part en voyage. Elle est notamment allée l’année dernière en Europe en sac-à-dos pendant un mois. Le plus longtemps que Vincent, Véronique et leurs enfants sont partis, c’est durant six semaines en camping dans l’Ouest canadien. Les deux parents soulignent d’ailleurs l’importance de passer du temps isolé en famille, avant de partir aussi longtemps.

La préparation a d’ailleurs duré environ six ans, alors que la famille devait faire ce voyage en 2020. Mais cette préparation se poursuit tout au long du voyage. « La moitié du voyage était préparé à l’avance, mais l’autre on la planifie durant. […] On essaye, comme on a des enfants, de planifier au moins une dizaine de jours à l’avance les endroits où l’on va dormir », explique Vincent. Ainsi, chaque fois qu’ils arrivent dans une ville, ils ont une place où dormir. « Quand tu voyages solo, ça peut se faire de ne pas savoir où dormir, mais en famille, ce n’est pas l’idéal. »

C’est grâce à un congé différé que les deux enseignants ont pu partir pendant aussi longtemps. Il faut trois ans pour le préparer. Selon eux, l’argent ne devrait pas être un frein pour partir. « On a loué notre maison à Sainte-Adèle, et on vit comme au Québec, mais en Asie. On a aussi choisi cette destination puisque le coût de la vie est moindre. »

Dépassement de soi

Déplacements en moto pour visiter des petits villages du Laos, découvrir les temples du Cambodge, bien manger en Malaisie : la famille a pu s’imprégner de chaque culture de pays en pays. Un de leur coup de coeur est leur ascension de trois jours du mont Rinjani, un volcan en Indonésie. Au sommet, l’altitude s’élevait à 3 726 mètres.

« Le niveau de randonnée demandé n’était pas facile, alors c’est un bel accomplissement pour toute la famille », indique Vincent. « Maman m’avait dit que si je faisais bien ça, j’allais avoir des tresses », ajoute Léanne, maintenant les cheveux tressés. Après ce trek, ils ont aussi passé trois jours dans la jungle, également en Indonésie. La famille est habituée aux longues randonnées et au camping, mais pas des aussi grandes. « J’aime faire de la randonnée, donc j’ai vraiment apprécié. Mais c’étaient les randonnées les plus difficiles que j’ai faites ! », dit Laurent.

École à la maison

Laurent et Léanne ont donc fait l’école à la maison – ou en voyage – durant tous ces mois. Cela a été facilité par le fait que leurs parents sont enseignants. Véronique est professeure à l’école secondaire A.N.-Morin et Vincent est, pour sa part, professeur à l’école Polyvalente Saint-Jérôme.

Ils faisaient donc environ deux heures par jour, trois fois par semaine, un parent par enfant. Grâce à la COVID, ils ont pu avoir un accès facile aux documents électroniques pour les matières à l’étude. Ils avaient aussi apporté quelques cahiers d’exercices en papier. Leur matière la plus travaillée en voyage : l’anglais. Selon les parents, cela leur a permis de réaliser l’importance de cette langue lorsqu’on voyage.

Quand on demande aux enfants quelle école ils préfèrent, ils n’hésitent pas : « La vrai école ! » « Ça ne m’a pas vraiment manqué, mais j’ai quand même hâte de retourner à l’école », soutient Léanne. Durant la COVID, ils avaient déjà expérimenté l’école à la maison, ce qui avait été un bon test pour voir si ça fonctionnait. « Il y avait une certaine habitude qui était là avant le voyage. On savait dans quoi on s’embarquait », souligne Vincent.

Voyager avec des enfants

Véronique et Vincent ont aussi beaucoup apprécié le fait de voyager en famille. Le couple explique que, contrairement à ce qu’ils pensaient, voyager avec des enfants amènent une certaine sécurité. « On sentait qu’on avait comme une bulle de protection familiale autour de nous », souligne Véronique.

« Les enfants ne sont pas une barrière au voyage, mais plutôt une ouverture à voyager différemment. »

-Vincent Michaud

Être avec des enfants a même été un facteur facilitant pour les relations avec les gens, ajoute Vincent. « Les jeunes avaient des privilèges. Puis, ça nous a amené à vivre des expériences qu’on n’aurait pas vécu sans les enfants », dit-il. Ils ont rencontré quelques familles, mais les enfants n’ont pas tissé autant de liens avec d’autres que ce que les parents pensaient. « Ils se sont bien amusés entre eux ! », souligne Vincent.

« Au Québec, on a tous nos activités personnelles. La vie roule et ça va vite. Mais de rester dans notre petite bulle familiale pendant six mois, ç’a vraiment fait du bien de passer du temps ensemble. Il y a une belle fusion qui se crée », raconte Véronique. Maintenant que le voyage tire à sa fin, les parents ont surtout hâte de retrouver du temps seuls !

« Ce voyage de six mois m’a juste donné le goût de recommencer ! J’ai hâte de planifier un autre projet, un autre voyage », indique pour sa part Vincent. Vivre un tel voyage avec des enfants, à différentes périodes de leur vie, permet une expérience totalement différente, croit-il. « Des âges différents amènent des nouvelles perspectives de voyage, des questionnements différents, des belles discussions aussi avec les enfants. »

Qu’est-ce qu’ils conseilleraient aux familles qui souhaitent faire la même chose ? « Faites-le ! », répondent sans hésitation Véronique et Vincent. « Je dirais aussi d’expérimenter la vie isolée en famille avant de partir et de se pratiquer avant ! Mais, je dirais surtout que les enfants ne sont pas une barrière au voyage, mais plutôt une ouverture à voyager différemment », indique Guillaume.

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