Conservation du Patrimoine?

Par marjorie-roy

La «Maison Clouthier» de Saint-Sauveur est rénovée

Bâtie en 1905, la célèbre maison Victorienne, située à l’angle des rues Principale et Fillion, est aujourd’hui sujette à de majeures rénovations. Pour certaines personnes, cette cure de rajeunissement est le signe d’une grande perte patrimoniale incroyable, tandis que pour d’autres, ces travaux sont nécessaires à la conservation de cette bâtisse tant admirée des touristes et des photographes.

Qu’en est-il des véritables raisons de ces rénovations? Pour le meilleur ou pour le pire?

Un retour dans le passé

Construite pour François-Xavier Clouthier, personnalité marquante de l’histoire des Pays-d’en-Haut, cette maison Victorienne était la réplique d’une demeure qui existait déjà à l’époque, en Colombie Anglaise, que M. Clouthier appréciait énormément. Marchand général de ce temps, cet homme d’affaires désirait donner à cette résidence l’apparence d’un château en y construisant une tourelle d’inspiration «Queen Ann» ainsi qu’un pavillon octogonal. Maire de Saint-Sauveur-des-Monts pendant près de 36 ans, François-Xavier Clouthier a laissé en héritage cette magnifique maison à ses deux filles, lors de son décès en 1923. Selon les dires, cette résidence est demeurée entre les mains de la famille Clouthier jusqu’en 1967, pour ensuite être dédiée à la restauration. Au fil des ans, la maison Victorienne est passée de La Maison de l’Entrecôte au Bistro à Raclette, au restaurant Les Près puis au restaurant Le Saint pour aujourd’hui être La Crêperie l’Armorique.

Comme plusieurs anciens bâtiments de l’époque, cette résidence a subi de grandes rénovations entre 1982 et 1983, mais a toutefois gardé la même allure afin d’être un bel exemple de conservation du patrimoine.

Qu’en est-il aujourd’hui?

Pointée du doigt par quelques résidents de la Vallée de Saint-Sauveur, la Maison Victorienne suscite plusieurs questionnements de la part des citoyens concernant son avenir. Selon les dires de Maud Devallez, gérante de la Crêperie l’Armorique, faute de rejoindre les propriétaires en vacances, «la bâtisse devait absolument être rénovée, car le bois se détériorait de plus en plus». Assurant que les rénovations étaient plus que nécessaires, cette dernière certifie toutefois que le revêtement de la maison Victorienne est exécuté selon les normes du comité d’Urbanisme, dans l’optique de garder le cachet original de la bâtisse.

Jean Beaulieu, directeur général de la municipalité de Saint-Sauveur, confirme cette affirmation et ajoute que la ville est très sensible à ce genre de rénovations et qu’en aucun cas elle n’aurait permis des changements modifiant l’allure de cette maison. «Le bois avait vraiment atteint son espérance de vie, donc il était primordial de le changer. Cependant, nous avons exigé que les corniches et les autres détails de cette bâtisse restent les mêmes». Ce dernier rassure la population en soulignant que la demande de travaux a été passée au peigne fin par le conseil exécutif à plusieurs reprises et que les résultats des rénovations seront respectueux de l’original. Fidèle à son apparence d’autrefois, la maison Victorienne est bel et bien une attraction importante pour le Patrimoine de Saint-Sauveur. Encline à un nouveau revêtement extérieur, cette bâtisse appréciée des citoyens retrouvera sous peu une allure fraîche, arborant les mêmes spécificités qu’à son époque, autre que la couleur.

Une citoyenne en colère

Malgré les raisons de ces rénovations importantes, Louise St-Pierre déplore avec ferveur, dans une lettre remise à Accès, le sort de la maison Victorienne. «On lui fait un ¨face lift¨ en remplacent tout son revêtement extérieur. C’est bien là le drame!», déclare-t-elle, en ajoutant que si les propriétaires avaient bel et bien entretenu cette bâtisse convenablement avec les années, de telles réparations ne seraient pas nécessaires. «Ils auraient pu intervenir au cours des dernières années afin de demander réparations. Ils auraient pu interdire le remplacement au complet avec un nouveau matériau et exiger via les règlements municipaux que le revêtement pourri soit remplacé et le tout repeint. Eh non! j’ose à peine me souvenir de la ferme Molson, même scénario.» Alarmée par la situation, cette dame tente à tout prix de sauver ce qui reste du Patrimoine de Saint-Sauveur. Toutefois, tel que Pierre Gravel de la Société d’histoire des Pays-d’en-haut admet: «selon moi, ce n’est qu’un rafraîchissement qu’il offre à cette maison, et à ce moment nous ne pouvons rien faire, car c’est la ville qui gère ce projet». Ne croyant pas que la maison Victorienne souffrira de ces rénovations, cet homme pour qui la sauvegarde du Patrimoine est une priorité conclut que «tant et aussi longtemps que l’apparence de cette bâtisse restera telle quelle, la Société d’Histoires des Pays-d’en-Haut n’y voit pas de mal».

Laissée à l’abandon par manque d’amour selon certains, cette bâtisse continuera malgré tout de faire partie des nombreuses richesses cultures des Pays-d’en-Haut.

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