Couillard réplique à Dumont

Par nathalie-deraspe

Piqué au vif par les propos de Mario Dumont, le ministre de la Santé et des services sociaux, Philippe Couillard, a tenu à défendre sa position lors d’une entrevue téléphonique accordée mardi depuis son bureau à l’Assemblée natio­nale.

La réplique ne se sera pas fait attendre. Moins d’une semaine après la sortie publique du chef de l’opposition officielle devant l’urgence de l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, Philippe Couillard répond à son homologue adéquiste. Celui-ci n’a pas apprécié qu’on l’accuse de négliger la région et de faire du cas par cas. «Je trouve ça ironique de la part de M. Dumont. Il y a quelques mois à peine, il disait qu’il ne fallait pas injecter plus d’argent en santé».

Philippe Couillard insiste pour mentionner que les Laurentides ont connu une hausse de financement de l’ordre de 37 % dans le secteur de la santé depuis 2003, avec des investissements de 515 M $ à 709 M $. Cela aura permis à l’Hôpital régional de Saint-Jérôme d’augmenter ses parts de budget de 55 M $. «Du jamais vu», clame le ministre.

Même s’il est conscient que la région demeure particulièrement vulnérable en matière de santé, Philippe Couillard a tenu à préciser que «deux autres cousines» le sont autant. Question financement, la Montérégie serait encore plus défavorisée que les Laurentides. La Mauricie obtientrait quant à elle la palme en ce qui a trait à la pénurie de médecins.

Cela dit, le ministre reconnaît l’iniquité régionale et admet qu’il faudra encore quelque temps pour qu’on puisse corriger la situation. Aussi a-t-il promis que le plan de financement réservé à cet effet sera reconduit dans les années à venir.

Pénurie de médecins en cause

Une fois de plus, le gouvernement se replie sur le manque de médecins pour expliquer les nombreux débordements dans les hôpitaux de la région. «Ce qu’il (Dumont) recommande aggraverait les problèmes dans les urgences. En permettant la pratique privée et publique, il n’y aurait plus d’incitatifs pour les médecins. Ce serait imprudent d’agir de la sorte.»

Philippe Couillard affirme qu’il faudra patienter jusqu’en 2010 avant de voir apparaître de nouvelles cohortes de spécialistes. «Le Québec est devenue la province où il se forme le plus de médecins», a-t-il précisé. Dès l’an prochain, des infirmières de première ligne devraient faire leur apparition dans le système et soulager un tant soit peu les carences qui affligent la région.

Par ailleurs, le ministre a assuré qu’à l’avenir, le Collège des médecins «s’engage à faire mieux» pour reconnaître les compétences des médecins immigrants. «Ce sont eux qui fournissent les équivalences, de préciser M. Couillard. Le gouvernement n’a au­cun pouvoir en la matière.»

Si le médecin demeure réfractaire à la mixité des pratiques privé-public comme le proposait le rapport Castonguay, celui-ci est prêt à doter les régions d’une plus grande autonomie en matière de santé et d’allouer des budgets aux établissements qui varieront selon leurs secteurs d’activités.

Lutte au cancer

Malgré le tollé suscité l’année dernière lors de l’annonce de la construction d’un centre de radio-oncologie à Laval, Philippe Couillard martèle qu’il aurait été illogique de songer à une autre solution. «C’était une décision rationnelle qui n’avait rien à voir avec la partisanerie, avance le ministre. Saint-Jérôme vient de se doter de deux nouveaux oncologues et la région a prévu 2 M$ pour son plan de lutte au cancer, une somme qui sera probablement accordée. La suite va se faire par étapes. Les prochains déploiements se feront en zones périphériques. En attendant, il y aura des unités satellites.»

Une tuile de taille

Le ministre a beau promettre que tous les projets mis de l’avant en vue d’implanter de nouveaux groupes de médecine familiale (GMF) seront acceptés et saluer les initiatives visant la mise sur pied de coopératives de santé que celui-ci n’est pas au bout de ses peines. Mardi après-midi, c’était au tour de Martin Camirand, d’haranguer le ministre du Travail et responsable de la région, David Whissel au sujet du même dossier. Le député de Prévost a indiqué en Chambre que les pompiers de Saint-Jérôme ont dû transporter une victime d’incendie à l’urgence, faute d’ambulance à leur disposition (voir encadré).
«Quand le ministre responsable des Laurentides va-t-il se lever et demander des comptes à son collègue de la Santé afin de rassurer les citoyens des Laurentides ? », a tonné Martin Camirand. Le porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires municipales dénonce la léthargie dans laquelle est plongé David Whissel. « Le ministre responsable des Laurentides n’a même pas eu le courage de se lever en Chambre pour répondre à mes questions. Le réseau de la santé est en crise dans les Laurentides et le ministre responsable se laisse endormir par un ministre de la Santé qui a abandonné notre région », a conclu M. Camirand.

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