Croyez-vous aux miracles?
Par Mimi Legault
Drôle de question, me direz-vous. Un proche de ma famille a été guéri par nul autre que le frère André, celui-là même qui a fondé l’Oratoire Saint-Joseph.
Marie avait un petit bonhomme de trois ans atteint de la poliomyélite. Il marchait difficilement à cause des lourds appareils qu’il devait porter aggravant ainsi son handicap physique. Elle avait entendu parler de ce frère qui faisait des miracles.
Elle a pris les p’tits chars, comme on disait dans le temps pour aller rencontrer l’homme en question. Ça ne dura que quelques minutes; il lui avait dit : couchez-le ce soir comme d’habitude et retirez-lui ses appareils. C’est tout? C’est tout. On aurait pu appeler son bureau Miracle Mart, car tellement de gens s’y rendaient pour obtenir des guérisons. Comme de fait, le lendemain matin, le petit Jean s’était mis à gambader comme un lapin. Suffisait d’y croire.
Entre vous et moi, vous pouvez toujours prier pour qu’un miracle survienne dans votre vie, mais continuez à planter vos choux!
J’ai une amie qui voit des choses que nous, nous ne voyons pas. Pas une voyante, l’expression la choque. Disons une coche au-dessus de nous. Ça fait trois fois qu’elle retrouve notre chat. La première fois, elle a dit, il est là ton minou. Je suis allée à l’endroit qu’elle m’avait indiqué, il y était, le con. Le beau-frère à qui j’avais raconté la chose n’a jamais accordé aucun crédit à cette performance. On s’en foutait. D’abord qu’on l’avait retrouvé! Ne m’écrivez surtout pas pour me demander son nom et ses coordonnées. Je la laisse tranquille en temps de pandémie; trop de brume, d’anxiété et de désarroi humain présentement. Elle est en pause pour un bon bout de temps. C’était juste pour vous dire qu’il suffit d’y croire.
C’est délicat un miracle. On peut l’appeler par son p’tit nom. Des fois, ce sont juste des apparences. Tenez, un exemple. Pour un cours de catéchisme, un frère (encore…) avait besoin de matériel rangé dans un placard fermé avec un cadenas. Il n’en connaissait pas la combinaison, mais le père Jacques qui passait par là, lui proposa son aide. Il se mit à manipuler ledit cadenas en jouant avec les chiffres; petit problème de mémoire. Alors il leva les yeux vers le ciel pendant un instant. Il le manoeuvra et ensuite, sans aucune hésitation, le cadenas s’ouvrit. Le frère cria au miracle, mais le père Jacques lui avoua en souriant que la combinaison était écrite au plafond!
Je sais, je viens de péter votre jaune d’œuf.
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Au fond, un miracle ne fait pas de bruit. Les vrais j’entends. Et les vrais m’apparaissent petits. Comme ceux qui passent inaperçus. Si vous n’avez pas encore attrapé la COVID-19, c’est un miracle! Si Justin Trudeau décidait de fermer le transport aérien, ce serait un miracle. S’il n’y avait plus de complotistes et d’anti-masques, cela tiendrait du miracle. Au fond, on ne meurt pas, on devient aveugle à ce qui se passe autour de soi et sourd aux propos qui ne font pas notre affaire. Parcourir des milliers de kilomètres pour aller chercher l’été, c’est développer un gros JE mal foutu.
Il était une fois un saint très contrarié, car personne ne le priait. Il alla voir Dieu qui lui recommanda de se faire faire des cartes de visite et de les répandre à travers le monde entier en affirmant qu’il accomplissait des miracles sur demande. Par contre, lui dit-il, ne la remets pas à ceux qui désobéissent à la santé publique concernant la COVID-19. Succès instantané! Désormais, il est le saint le plus connu. On sait désormais son nom. M’mande pardon? Vous l’ignorez? Ah bon, c’est peut-être parce que vous n’avez pas encore reçu la p’tite carte de visite…